• Partie 1 : Les étapes de la conversion libérale du Parti Socialiste

    Partie 2 : L'introuvable social-démocratie

    Partie 3 : Les origines marxistes du socialisme : Que faire de la démocratie libérale ?

     

    Peut-être que Marx n'en a pas eu conscience, mais plusieurs générations de fidèles ont trouvé, dans le Manifeste Communiste, un nouvel évangile, et même pour certains, une église avec le Parti Communiste et un Pape en la personne de Lénine puis de ses successeurs à la tête de l'Union Soviétique. En effet, c'est l'incroyable force du marxisme que d'avoir sû transformer l'espérance des lendemains qui chantent, en certitude scientifique. Rien de plus puissant qu'une religion qui s'ignore comme telle, et qui s'imagine fondée en rationalité. Trois idées, sous couvert de matérialisme historique, définissent la nouvelle eschatologie marxiste :

    • L'apocalypse : à mesure que se développe le capitalisme, le paupérisme s'accroit et le conflit de classe s'exacerbe, jusqu'à la chute finale.

    • La prophétie : Sous l'action de la lutte des classes, le socialisme va succéder au capitalisme.

    • Le miracle : le socialisme - défini par la socialisation des moyens de production - est une société sans classe. C'est le mot de la fin de l'histoire, pour l'humanité enfin réconciliée avec elle-même.

    Malgré tout, avec l'affaiblissement de la foi, fragilisée notamment par la persistance du fait libéral (la démocratie libérale et le marché), les problèmes inhérents à la doctrine sont apparus clairement, comme en témoignent deux moments d'interrogations ouvertes du marxisme sur lui-même : la crise révisionniste de la fin du 19ème siècle, puis la critique néo-marxiste dans le sillage de la crise générale du socialisme au cours des années 1970. Face à ces difficultés, l'attitude de replis dogmatique n'a pas porté ses fruits. Si beaucoup encore se réclame du marxisme – à commencer par le leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon -, force est de constater qu'il a bel et bien disparu en tant que religion séculière ayant mobilisée les masses. Plus d'un siècle après les derniers écrits de Karl Marx, tâchons de faire la part de ce qui subsiste aujourd'hui, de ce qui s'est éteint dans la doctrine. Une fois la religiosité dissipée, que nous reste-t-il à recueillir en héritage ?

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    Partie 1 : Les étapes de la conversion libérale du Parti Socialiste

    Partie 2 : L'introuvable social-démocratie

    Partie 3 : Les origines marxistes du socialisme : Que faire de la démocratie libérale ?

     

    L'expression de Frédéric Lordon : «Parti Socialiste, socialisme parti » résume bien l'évolution constatée à la lecture des cinq déclarations de principes, de la première en 1905 à la dernière en date en 2008. Le reflux du socialisme en tant qu'idéologie est général. Moralement disqualifié pour sa compromisson avec le régime soviétique, le Parti Communiste a électoralement disparu, tandis que l'esprit libertaire de mai 68 a vidé de sa substance la doctrine marxiste- léniniste de l'ancienne extrème gauche trotskiste. Ce n'est qu'à la faveur de la crise récente du capitalisme que le front de gauche, se réclamant de la tradition authentiquement socialiste, a pu engranger des scores significatifs. Au delà du phénomène électoral, il faudait s'interroger sur le contenu doctrinal d'un mouvement pour l'instant davantage dédié à la défense du « modèle social », que capable de tracer des perspectives pour l'avenir.

    Au regard de ces échecs, la question se pose : « peut-on encore se réclamer du socialisme ? ». La réponse est évidente. L'éclipse du Socialisme en tant qu'idéologie dominante, au profit du libéralisme, ne doit pas faire oublier l'influence déterminante qu'il a exercé au moment de la refondation de nos démocraties dans l'immédiat après guerre. Rien n'empêche – rien n'oblige non plus - le socialisme de revenir au premier plan.

    Parmi les raisons du déclin, l'une tient au hiatus entre la doctrine officielle et sa réalisation concrète, « l'Etat social », enfant illégitime du marxisme que celui-ci est réticent à reconnaître. C'est que l'avènement des démocraties sociales en Europe de l'ouest, en même temps que la dérive totalitaire du communisme réel, met en lumière les apories de l'orthodoxie marxiste et force à sa révision.

    Mais, tandis que les uns se sont raidis dans l'orthodoxie, force est de constater que ceux qui se sont engagés sur la voie de la révision doctrinale se sont convertis progressivement, volontairement ou non, au libéralisme. Si, à notre époque, la gauche libérale revendique bel et bien les réalisations passées de l'Etat social, en revanche, elle tend à méconnaitre les principes socialisants qui l'ont inspiré. De fait, la conversion à « l'économie sociale de marché » (Jospin 2002, PS 2008) augure mal de l'avenir. Déjà la gauche gouvernementale reprend à son compte la terminologie en vigueur en Europe. Dans la vision libérale, les « réformes de structure » visent à lutter contre les « rigidités » et les « rentes de situation » en particulier sur le marché du travail. Dis autrement les réformes n'ont d'autres but que de liquider l'héritage des modèles sociaux européens, profitant de « la fenêtre d'opportunité » qu'offre la crise économique.

    Ainsi, l'expérience de la démocratie sociale souffre d'un double déni d'existence : de la part des marxistes qui rejettent en toutes circonstances « l'Etat de Droit bourgeois » et de la part des libéraux, qui, au prix d'une incroyable falsification historique, ne veulent voir dans la réussite économiques des pays européens, que la marque du l'essor du marché et de la mondialisation. L'ironie est que deux doctrines que tout oppose, se retrouvent dans leur tentative de réduire les démocraties sociales à une forme de capitalisme: «capitalisme  monopoliste d'Etat » pour les premiers, «capitalisme régulé » pour les seconds. Avec pour conséquence d'occulter la subversion réelle qu'introduit l'Etat social au sein même du capitalisme.

    Il faut au contraire cultiver la mémoire de ce moment historique fondateur de l'après guerre – véritable miracle démocratique - lorsque les mobilisations populaires massives, relayées par des élites renouvelées par la force des choses, et à l'écoute des revendications sociales, ont rendu possible l'invention de la démocratie sociale. Il est temps de s'inspirer de cette expérience pour régénérer le socialisme et en faire une alternative fondée au libéralisme ambiant. Dans cette perspective, on appellera « social-démocratie », la doctrine qui rend intelligible l'expérience passée (et malgré tout encore présente) de la démocratie sociale, et surtout qui perrmet de dévoiler les voies imaginables de l'émancipation.

    A nos yeux, depuis la conversion du Parti Socialiste au libéralisme, la seule organisation politique qui s'inscrit dans la tradition social-démocrate, que cela soit assumé ou non, est le Front de Gauche. De la tradition au projet, il reste un pas à franchir.

     

     


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  • Partie 2 : L'introuvable social-démocratie

    Partie 3 : Les origines marxistes du socialisme : Que faire de la démocratie libérale ?

     

    Les 5 déclarations de principes du mouvement socialiste

     

    Si l'histoire du socialisme, en tant qu'idéologie, débute quelque part au milieu du 19ème siècle, les socialistes français voient dans la création, en 1905, de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), l'acte fondateur de leur mouvement politique. Auparavant divisé en de nombreux courants, le mouvement ouvrier se dote d'une organisation unique dont l'orientation doctrinale et les règles institutionnelles sont fixées dans une déclaration de principes

    Pendant plus d'un siècle d'existence, la vieille maison a connu bien des péripéties : des défections et des ralliements, l'exercice du pouvoir et des périodes de disgrâce, des crises et des mutations. Cette histoire agitée n'a pas été sans repositionnements idéologiques, reflêts de l'évolution de la société et de choix politiques stratégiques. A quatre reprises, les militants du parti ont cru nécessaire une réécriture du texte fondamental. Nous nous sommes penchés sur ces cinq déclarations de principes du Parti Socialiste. Pour voir.

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