• Beau comme un camion... à la casse !, par François Leclerc - Mars 2012. Extrait.

     

    "Ils sont provisoirement sauvés ! Les dirigeants politiques européens ont trouvé un nouveau thème pour leurs prochains discours : « la crise n’est pas terminée, mais une page est tournée ! ». Confirmé dans ses fonctions de président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy a donné le « la » en déclarant au lendemain du sommet européen : « Je ne dis pas qu’on est sorti de l’ornière, mais il y a un tournant dans la crise ». (...)

    Curieusement, pas un mot n’a été prononcé à propos de l’Espagne, à l’exception des dures paroles destinées à Mariano Rajoy, comme si l’on tentait de faire de sa quasi-rébellion un non-événement. Pourtant, à peine l’adoption des nouvelles règles budgétaires communes avait-elle été engagée qu’un pays y circonvenait, qui plus est dirigé par la droite libérale ! (...)

    Que faut-il en penser ? Après avoir traversé une crise aiguë à répétition, l’Europe va dans le meilleur des cas s’installer très inconfortablement dans une situation similaire à celle que les Etats-Unis connaissent aujourd’hui, la récession en plus. (...)

    La question qui se pose, alors et dès à présent, est toute simple : sommes-nous oui ou non entrés dans une nouvelle période du capitalisme financier, caractérisée par une très faible croissance, ou même une récession de longue durée, un accroissement des inégalités sociales et de la tiers-mondisation des sociétés occidentales ? Seule, pourrait-il sembler, la dynamique même de la crise financière et de ses rebonds imprévus serait susceptible de précipiter les évènements, si la révolte sociale ne trouvait pas de débouché politique permettant de sortir du cadre. Or cette dynamique s’est révélée très puissante.

    Il est donc prématuré de se précipiter pour conclure. Non seulement parce que Mario Draghi et Angela Merkel ont eux-mêmes tempéré l’optimisme de certaines déclarations de fin du dernier sommet – certes afin de mieux réaffirmer la nécessité de réaliser des réformes libérales et de poursuivre le désendettement public – mais parce qu’il ne faut pas garder les yeux rivés sur l’Europe. Les États-Unis vont prendre le relais à propos du désendettement public, et la Chine est en passe de revoir ses prévisions de croissance, dont il était tant attendu pour tirer celle de l’Occident. On retrouve à l’échelle planétaire l’effet de ciseaux rencontré en Europe entre les impératifs contradictoires du désendettement et du retour à la croissance qui seule le permettra. La crise va redevenir ce qu’elle était, mondiale, et tous ses imprévus se combiner.

    Enfin, ses leçons n’ont pas été tirées et l’on s’en préoccupe peu, les bonnes intentions réformatrices du début sont oubliées sous la pression de l’industrie financière et de ses relais. On attend toujours de celle-là même qui a été à l’origine de la catastrophe de la dépasser : quelle créativité ! quelle audace !"

    Sur le blog de Paul Jorion


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  • Deux articles édifiants, mettant en doute la probité de la BCE et de ses dirigeants dans les négociations portant sur la restructuration de la dette grecque, viennent de paraître ces jours-ci.

    Joseph Stiglitz, tout d'abord, s'est demandé pour quelle raison étrange la BCE apportait son appui à une restructuration "volontaire" de la dette grecque, comme si elle cherchait à éviter à tout prix l'officialisation du défaut partiel, lequel aurait pour effet de déclencher l'activation des CDS (assurances sur crédit). Les banques qui avaient eu la prudence de s'assurer contre risque de défaut se trouvent lésées et sont d'autant plus réticentes à céder sur les négociations avec l'Etat grec. Ecartant l'argument selon lequel le risque systémique serait plus important en cas de défaut officiel, Joseph Stiglitz tire la conclusion suivante : "En réalité la BCE fait probablement passer l'intérêt des quelques banques qui ont émis des CDS (assurance contre le risque de défaillance d'un crédit) avant celui de la Grèce, des contribuables européens et des prêteurs qui ont agi prudemment en s'assurant (...) Ainsi qu'on le voit ailleurs, les institutions qui n'ont pas à rendre des comptes de manière démocratique peuvent être la proie d'intérêts particuliers."

    Le lecteur, qui vient d'apprendre que la BCE ne protégeait ni l'intérêt des Européens, ni même celui des banques en général, n'en saura pas plus quant aux "intérêts particuliers en question". Mais quelles sont donc ces mystérieuses banques, émettrices d'assurances sur défaut, qui semblent être l'objet de toutes les attentions ? "Goldman–Sachs ou Merril–Lynch" répond Arnaud Parienty, professeur d'économie. Cela lui fait se demander sans détour, sur le site d'Alternatives Economiques : "Doit-on lier son insistance étonnante à ce que la restructuration de la dette grecque soit volontaire à la carrière au sein de Goldman Sachs de Mario Draghi ( le président de la BCE) ? ".

    Ce qui est troublant dans cette histoire, c'est que les accusations extrêment graves portées par ces deux auteurs, en particulier par le prix Nobel d'économie, dont l'audience est mondiale, n'aient été relayées par aucun média (à ma connaissance) ni suscité de réactions chez leurs collègues ou dans le monde politique.

    Voir les 2 articles ci dessous.

     

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  • Dans une tribune efficace publiée dans Le Monde-Economie, l'économiste Paul Jorion expose une fois de plus cette réalité qui commence à se faire jour dans la presse depuis la crise : l'incroyable explosion des inégalités de revenus et de patrimoines depuis 30 ans à l'échelle mondiale et aux Etats-unis tout particulièrement. Le capitalisme est une "machine à concentrer la richesse" qui fatalement mène à une crise globale dont on ne peut espérer sortir qu'en répartissant mieux la richesse produite.

    Mais depuis la contre-révolution néolibérale des années 80, il s'exerce un système de contraintes idéologiques et intitutionnelles dont il faut pouvoir au préalable se libérer. Le dogme du marché autorégulé rend le monde aveugle et impuissant face à la crise, à l'image des responsables de la banque centrale américaine, qui, comme le rapporte un journaliste du Monde, en 2006, juste avant le déclenchement de la crise la plus grave depuis les années 30, prédisaient une croissance robuste pour les prochaines années.

    Les politiques économiques, centrées sur la lutte contre l'inflation et la libéralisation du marchés du travail, non seulement sont impuissantes à résoudre la crise, mais en plus menacent de précipiter les économies dans la dépression. L'Europe est, depuis Maastricht, un terrain de jeu privilégié pour les fous du marché. Ce n'est pas un hasard si elle est devenue, comme on le voit actuellement, le foyer principal de la crise. L'OFCE (Office Français des Conjonctures Economiques) regrette qu'au lieu d'être la protection qu'elles ont prétendu être, les institutions européennes renforcent les politiques non coopératives au sein de la zone euro.

    Encore faut-il bien comprendre la nature du néolibéralisme, qui doit autant à l'orthodoxie libérale qu'au socialisme dirigiste. Selon Sandra Bockman, le débat ne porte pas tant sur la place respective de l'Etat et du marché, que sur le degré de liberté démocratique qu'il faudrait revendiquer contre l'autoritarisme néolibéral.


    Voir les 4 articles :

    - La machine à concentrer la richesse, Paul Jorion

    - En 2006, pour la Fed, rien à signaler, Le Monde

     - La crise économique est une crise de la politique économique, Jean-Luc Gaffard

    - Les origines socialistes du néolibéralime, Sarah Kolopp

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  • Pour ceux de ma génération qui, comme moi, ont été élevés dans les principes de l'othodoxie monétaire, la planche à billet, ça donne de l'inflation - et l'inflation c'est le diable. En tout cas c'est le message de ce petit dessin animé confectionné par la BCE sur son site

     

     

    Mais bon, comme maintenant, il parait que c'est la planche à billet qui va nous sauver, il faut se remettre à niveau sur la question. Cours de rattrapage :

    Monétiser (monétisation), Pascal Ordonneau, banquier - Septembre 2011

    Sortir du carcan des dettes publiques, Michael Chetrit - Juillet 2011

    L’inflation, un moindre mal pour résoudre la crise, par Kenneth Rogoff Professeur d'économie et de politique publique à l'Université d'Harvard. Il a été économiste en chef du Fonds Monétaire International - Septembre 2008

     

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  •  " Les impôts de millions d'européens servent à indemniser des gens qui gagnent beaucoup plus d'argent qu'eux ; vous avez un problème de justice sociale majeur. C'est aux épargnants de payer, ce n'est pas aux contribuables. Evidemment c'est très compliqué car les épargnants, ça passe par les banques, et que donc on a un système bancaire qui risque d'exploser... Quand le gens s'en rendront compte, ce sera la montée des populismes."

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  • Faut-il nationaliser les banques ?

    La question a été posée lors de l'univerité du Medef 

     

     

    Voir les articles :

    Les marchés votent la nationalisation des banques, La Tribune de Septembre 2011

    Nationalisons d'urgence les banques françaises !, Philippe Brossard

     Marc Fiorentino à C dans l'air

    Nationaliser les banques, Par Michel Husson 

    "Il faudrait nationaliser les banques pendant 3 ou 4 ans", par Marc Fiorentino

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