• Depuis le lancement de Et Pendant ce temps là, en mars 2011, la crise a brusquement gagné en intensité. A l'époque, nous avions tenté d'anticiper les évènements à venir dans cet article qui tient lieu de présentation du site.

    Un petit bilan s'impose pour faire des derniers mois écoulés et tracer des perspectives pour l'année 2012. A vrai dire, 2011 a été marquée principalement par la crise des dettes souveraines en Europe, qui devrait rebondir de plus belle cette année.

    Replongeons nous tout d'abord dans l'ambiance optimiste du premier semestre de l'année dernière. Les prévisionnistes et commentateurs officiels croyaient déceler les signes d'une reprise de la croissance, après le creux de l'année 2009 et les premiers plans de sauvetages européens en faveur de la Grèce puis de l'Irlande et enfin du Portugal en 2010.

    Mais comme l'avaient annoncé quelques économistes clairvoyants, les plans de rigueurs imposés par les responsables européens aux pays en difficulté n'ont pas tardé à faire sentir leurs effets récessifs de sorte que nous voilà à nouveau plongé dans la récession, alors même que le chômage a déjà atteint des niveaux préoccupants.

    Mais surtout, les plans de rigueurs n'ont en rien endigué la dette publique, qui n'a cessée de croître tandis que les taux d'intérets pour les Etats surendettés du sud atteignent des niveaux insupportables, signe que les investisseurs prennent peur. L'axe Paris-Berlin, rebaptisé "Merkosy" se réfugie dans le déni : ni renflouement suffisant (le  FESF n'est pas à la hauteur en terme financier) ni défauts conséquents.

    La gouvernance européenne a sacrifié déjà deux dirigeants considérés comme trop peu coopératifs, Papaendréou et Berlusconi pour les remplacer par des gouvernements techniques chargés d'accélérer la mise en oeuvre des réformes néolibérales : austérité / libéralisation. Ironie du sort, avec la nomination de Mario Draghi à la tête de la BCE en remplacement de Jean Claude Trichet, ces nouveaux sauveurs de l'europe sont tous des anciens de Golman Sachs, la banque symbole de la finance dérégulée qui a mené le monde au bord du gouffre.

    Mais la situation de la dette atteint un  stade critique au point que quelques mois seulement après leur nomination, ces hommes du système se rebellent. Lucas Papademo, nouveau premier ministre grec, menace de quitter la zone euro tandis que Mario Monti supplie les Allemands de venir en aide à l'Italie, en même temps qu'il les accuse d'être à l'origine des déséquilibres de la zone euro.

    Qu'un responsable politique s'en prenne de cette façon au gouvernement Merkel est dans l'air du temps.  Dans les milieux universitaires et dans le monde économique, la gouvernance européenne est maintenant violemment critiquée tandis qu'un consensus émerge en ce qui concerne le diagnostic de la crise de l'euro. L'agence de notation Standarts and Poors,a dégradé de nombreux pays européens en expliquant très clairement  - reprennant un argumentaire largement partagé - que l'origine des difficultés de la zone euro tenait dans la divergence de compétitivité entre les pays du nord et les pays du sud. Elle va jusqu'à pointer la responsabilité des plans rigueurs engagés par les responsables européens, dans la dégradation de la situation et qui risquent de précipiter l'europe dans une crise d'une gravité semblable à celle des années 30.Voilà pour les perspectives.

    A court terme, le répit est venu de la BCE qui a sauvé les meubles une première fois en décembre en accordant des prêts à 3 ans aux banques pour un montant de près de 500 millard d'euro, avant de renouveler l'opération en février. L'espoir est que les banques européennes, qui bénéficient de la part de la BCE d'un taux de 1%, profitent de ces liquidités considérables pour prêter aux Etats en difficulté à des taux "raisonnables". Bien entendu il serait préférable que la banque centrale rachète directement les dettes publiques à des taux planchers (au lieu des 6% italiens, 7%espagnol, 15%portugais et irlandais actuels), maix cela est rigoureusement interdit par Maastricht.

    Résultat la fuite en avant continue selon le cercle vicieux suivant : dettes (privées et publiques) s'accumulant mais insolvables - banques de fait en faillite - sauvetage des banques par la BCE ou les Etats - dettes publiques ...

    Un nouvel épisode va s'ouvrir, de nature politique, résultant de la conjonction de deux choses :

    - La restructuration de la dette publique grecque pour laquelle il est question d'inclure dans les négociations les 110 milliards prêté par les européens lors du premier plan de sauvetage et les 40 milliards avancés par la BCE,

    - La nécessité d'une nouveau plan de sauvetage sur le dos à nouveau des contribuables européens

    La vérité va donc se faire jour : les prêts européens à la Grèce ne sont pas remboursés et sont en réalité des dons qui auront permis en définitive de sauver les banques qui s'étaient inprudemment exposées aux titres grecs.

    Des deux côtés, des contribuables européens refusant d'être les vaches à lait du système, et le peuple grec brisé par les mesures d'austérité, l'exaspération monte et pourrait se résoudre peut-être plus rapidement que l'on ne le croit par une sortie de la Grèce de la zone euro. Espérons que le divorce se fasse l'amiable, et non dans la rancoeur et la rage. Au fond se qui devrait décider de l'issue, c'est la volonté ou non des Allemands de payer le prix de la stabilité de la zone euro. Déjà des personnalité de haut rang s'exprime en Allemagne pour pousser la grèce dehors.

    Réponse le 20 mars, date à laquelle la Grèce pourrait se retrouver en défaut de paiement faute d'argent frais.

     

     


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