• Il faut euthanasier les rentiers, Par Coma81 - Décembre 2010

    En 2010, confrontés à la crise de la dette publique, les gouvernements des Etats membres de l'Union Européenne se sont entendus pour mener un plan coordonné d'austérité. En France, la commission Atali prévoit de baisser les dépenses publiques de 50 milliards d'euros. En Angleterre, en Espagne, en Grèce, en Irlande, au Portugal, les plans de rigueur fragilisent l'Etat providence et font monter le chômage de manière alarmante. Comme l'averti le prix nobel d'économie Josepfh Stiglitz, "si l'Europe continue dans cette voie-là, elle court au désastre. Nous savons, depuis la Grande depression des années 1930, que ce n'est pas ce qu'il faut faire".

      

    Comment en sommes-nous arrivés à de telles extrémités ?

    Pour comprendre l'origine de la crise, il faut remonter 30 ans en arrière. Les politiques néo-libérales mises en place à l'époque, dans le contexte de la mondialisation naissante, ont eu pour effets de creuser les inégalités, à travers la baisse des salaires de la classe moyenne et la réduction des impôts pour les plus riches.

    Pour maintenir leur niveau de vie, les ménages américains, en particulier les plus pauvres, ont eu recours à l'endettentement. C'est là qu'interviennent les prêts dits "subprimes", rendus célèbres par la crise du même nom. Les banques américaines prêtent de l’argent à des taux d’intérêts élevés, en se basant sur une surestimation des biens immobiliers.

    La magie financière ne dure qu'un temps. En 2007, la bulle immobilière éclate : tout le monde réalise que les ménages américains n’auront jamais les moyens de rembourser leurs emprunts. Du même coup, les rentiers qui possèdent ces créances –aux États-Unis et dans le reste du monde - accusent des pertes sévères ! Problème, les banques sont en faillite et menacent d'entrainer dans leur chute le reste de l'économie.

     

    La sécurité sociale pour les rentiers !

    Pris en otage, les Etats sont alors contraints d'intervenir. Et là stuppeur. En décidant de garantir les dettes privées douteuses, les Etats socialisent les pertes des banques,  ce qui revient à les exonérer de leurs responsabilités. A propos de ces plans de sauvetage, Joseph Stiglitz parlera de "renflouement le plus généreux de l'histoire de l'humanité".

    Pendant deux ans, les Etats vont s'activer pour enrayer la crise financière puis économique : aides directes aux banques, injection de liquidité par les banques centrales, plans de relance . Le résultat est le transfert massif de la dette privée vers la dette publique. Depuis le début de la crise, la dette publique est passée dans la zone euro de 66% à 84% du PIB. Elle atteint 92% du PIB aux Etats-Unis.

    Au final, les rentiers ont été sauvés en refourgant leur dettes pourries (qui ont été mal utilisées, n'ont aucune contrepartie productive, et ne seront jamais honorées) aux Etats, qui, à leur tour, menacent de faire défaut...à moins que la population ne soit mise à contribution ! C'est l'objectif des plans d'austérité, décidés en Europe, de faire payer la dette essentiellement par des coupes dans les dépenses publiques.

     

    Le conflit social mis à nu

    La crise est le moment de vérité, qui solde le compte des 30 dernières années. Pendant cette période, les inégalités ont explosé, mais ont été rendues indolores par l'endettement privé et public. Aujourd'hui, nous avons le choix entre payer la dette, ce qui revient à faire la fortune des rentiers au prix d'une régression sociale inouïe, ou bien répudier la dette purement et simplement. Se libérer de ce fardeau permettrait de redistribuer les richesses et de renouer avec la croissance et le plein emploi.

    Au sortir de la seconde guerre mondiale, les Etats, ruinés par les destructions, endettés entre 150 et 300% du PIB, ont opté pour la deuxième solution. L' "euthanasie des rentiers" (selon les termes de John Mayard Keynes) et l'invention de l'Etat social - que personne, au moment où pourtant il fallait reconstruire le pays, ne considérait comme un "coût" pour l'économie - ont ouvert la voie à la rennaissance du "vieux monde".

    Sous la pression du mécontentement populaire, il commence à y avoir des responsables politiques de tous bords, des économistes de toutes obédiences, qui imaginent des solutions "non conventionnelles" : nationalisation des banques, répudiation de la dette, harmonisation fiscale et sociale, protectionnisme, monétisation de la dette publique... Les tabous tombent les uns après les autres. Ce n'est qu'un début. La colère des peuples est une incitation puissante au changement.

     


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