• Sur le site : www.revue-ballast.fr, interview de Zoe Konstantopoulou, ex présidente du parlement grec

     

    Extrait :

    "Le but déclaré du gouvernement, c'était de gagner le référendum. Mais durant la semaine de campagne, il y a eu des interventions de la part de membres du gouvernement qui étaient tout à fait contraires à ce but et qui n'allaient pas dans le sens de protéger la procédure. Par exemple, des déclarations de M. Dragasákis, le mardi 30 juin, disant que le référendum serait annulé. En tant que présidente du Parlement, j'ai clarifié publiquement qu'il n'y avait aucune manière de retirer un référendum décidé par le Parlement. Tsípras a aussi fait des interventions qui allaient dans le sens de gagner. Ma conclusion est que Tsípras ne pensait pas qu'il allait gagner. Je pense qu'il avait perdu le sens de la société, et c'est pourquoi il avait l'air aussi surpris par l'ampleur de la manifestation pour le « non », le 3 juillet — la plus grande organisée à Athènes depuis quarante ans. (...)

    "Pendant cinq années, les créditeurs ont fait la guerre à toute procédure démocratique. Ils n'étaient jamais contents quand il y avait des élections en Grèce, qu'à chaque fois ils présentaient comme un danger contre l'économie. Ils étaient très mécontents avec le référendum. La première fois qu'ils étaient contents d'un processus électoral, c'est quand Tsípras a décidé de dissoudre ce Parlement qui comptait une bonne partie de députés refusant la capitulation. Pour moi, ces élections étaient conclues avec les créditeurs pour se débarrasser de ceux qui résistaient. Elles étaient faites pour qu'il soit impossible, ou presque impossible d'avoir une représentation politique de la gauche anti-mémoranda et anti-austérité"

     

     

     

     


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  • Philippe Legrain est ancien conseiller économique de José Manuel Barroso et chercheur associé à la London School of Economics :

    "De façon générale, je suis frappé de constater que les dirigeants européens sont davantage obsédés par le sauvetage de l'euro que par le bien-être des européens. J'ai pu en faire l'expérience lorsque je travaillais à la Commission européenne. Mais si le chômage reste élevé, les salaires bas et la croissance faible, ce n'est pas une réussite. Si une génération perdue de jeunes ne peut pas trouver d'emploi, ce n'est pas une réussite. Si l'Europe est de plus en plus impopulaire et Marine Le Pen de plus en plus populaire, ce n'est pas une réussite. Certes, je souhaite que l'euro survive, mais le plus important, c'est le bien-être des européens. Il faut donc changer de politique d'urgence."

    Le 08 octobre 2014 /  source : La Tribune

     

     

     

    Le 12 décembre, Christopher Pissarides, prix Nobel d’économie 2010 prononce un discours à la London School of Economics :

    « Les politiques poursuivies aujourd’hui pour sauver l’euro sont en train de coûter des emplois à l’Europe, elles créent une génération perdue. Ce n’est pas ce qu’avaient promis les pères fondateurs. » (...)

    « Le marché commun européen est l’exemple d’une situation non favorable à une union monétaire. Elle est composée de nations séparées, dont les résidents parlent différentes langues, ont différentes coutumes, et ont une bien plus grande loyauté et un plus grand attachement à leur propre pays qu’à un marché commun ou à l’idée d’ «Europe ». (...)

    « La volonté de créer l’euro a été motivée par la politique, non par l’économie. Elle a été inspirée par le besoin de lier la France et L’Allemagne, de façon si resserrée qu’une guerre future deviendrait impossible, et de mettre en place les bases des États Unis d’Europe. Je crois que l’adoption de l’euro va avoir les effets inverses. Il va exacerber les tensions politiques en convertissant des chocs divergents qui auraient pu être corrigés par les taux de change, en des problèmes politiques qui vont diviser ces nations. Une union monétaire réalisée dans des conditions défavorables va se révéler être une barrière à la réalisation de l’unité politique. »

    Source : Atlantico / Décembre 2013

     


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  • Daniel Cohen est président de la fondation Jean-Jaurès, proche du PS. Il est surtout considéré par ses pairs comme "un des meilleurs économistes de france" et montre à chacune de ses interventions qu'il est un formidable pédagogue. De tradition keynésienne, il se lamente sur l'irrationalité de la gouvernance européenne qui semble incapable d'empêcher la répétition à l'identique du scenario mortifère de la crise de 1929, lorsque les pays s'étaient lancés dans une surenchère austéritaire, provoquant la dépression mondiale.

    Le professeur Cohen semble toutefois incapable de tirer les leçons politiques de l'échec - qu'il reconnait - de la construction européenne. Il est condamné à voir se dérouler sous ses yeux cette crise "irrationnelle", fruit des incohérences institutionnelles de la zone euro, de la stratégie impériale de l'Allemagne et des tensions sociales qui remontent à la surface à la faveur de la crise.

    Mon diagnostic pour cet homme est donc que rien ne pourra le tirer de sa dépression longue durée dans laquelle il est enfermé depuis que le bel édifice de l'euro, qu'il a tant adoré, s'est révélé en réalité si fragile.

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  • "(...) Si d’aventure le taux de chômage est jugé trop élevé, ces mêmes pouvoirs publics ne doivent s’en prendre qu’aux dysfonctionnements des marchés de biens et du travail et décider d’introduire des réformes structurelles parfaitement répertoriées puisqu’elles consistent à libéraliser ces marchés. (...) L’Europe a constitué un champ d’expérimentation privilégié de cette théorie (...)

    Quand des réformes structurelles tendant à introduire plus de flexibilité affaiblissent la demande interne, le relai de celle-ci pourra être pris par une demande externe stimulée par les baisses de prix. Le taux de chômage peut alors baisser. Mais il est, de fait, exporté vers des pays qui, éventuellement, n’ont pas procédé aux mêmes réformes et dont le chômage ne peut qu’excéder le niveau réputé naturel. Le chacun pour soi commence à l’emporter sur la solidarité. L’Europe est en train de vivre ce scénario."


    "[A propos de l'acte Unique de 1986] Une guerre économique était, en quelque sorte, organisée alors que les fondateurs comme ceux qui leur sont  venus ensuite voulaient mettre un terme définitif aux conflits armés. (...)

    N'est-il pas remarquable de constater que les conditions imposées aux Etats qui demanderont l'intervention du Fonds de Stabilisation et de la BCE sont, à s'y méprendre, assimilables aux programmes d'ajustement imposés par le FMI aux pays en développement jusqu'au début des années 2000, et aujourd'hui justement décrédibilisés ?"



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  • "Jusqu'ici, je n'avais jamais totalement compris comment 1930 pouvait se produire. Maintenant, si. (...) On doit aujourd'hui craindre qu'une vague de défauts bancaires et souverains ne causent un effondrement similaire dans la zone euro, qui est aujourd'hui ce qui existe de plus proche de l'ancien étalon or" (Juin 2012)

    "La récompense de la douleur actuelle, ce sera la douleur future. (...) La clé en Europe aujourd'hui, c'est la façon dont l'Allemagne perçoit son intérêt national. Lorsqu'il sera devenu évident que leurs conditions pour sortir de la crise ne fonctionneront pas, les dirigeants allemands devront choisir entre le naufrage et le changement de cap" (Mai 2012)

    "Si les pays doivent subir de longues années de dépression et de déflation par la dette, l'euro risque de se transformer en symbole honni de l'appauvrissement. En tant que robuste union fédérale, les Etats-Unis pourraient résister sans dommage à une telle déception. Mais la zone euro, bien plus fragile, n'y survivrait pas" (Mai 2012)


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  • Interrogé sur la croissance, François Hollande décline trois axes de politique économique : 

    - La remise en ordre des finances

    - Le redressement productif du pays par une politique de stimulation de l'offre

    - La renégociation du traité budgétaire européen

     

    "Je suis favorable à ce que la BCE baisse les taux d'intérêt. Il faut aussi prêter directement aux Etats plutôt que de passer par le truchement d'un soutient aux banques. C'est un paradoxe invraissemblable que la BCE innonde le marché de liquidité aux banques qui empruntent à 1% pour reprêter aux Etats à 6 %. On ne pas accepter des phénomènes de rente à ce point (...) Il serait plus judicieux, plus efficace, plus rapide que la BCE prête  en premier et dernier ressort. (...) Je sais que les allemands y sont tout à fait hostiles; cela fera partie de la négociation. (...) Si on pense que cela n'est pas utile de voter, de renégocier, alors restons chez soi."

     

     * * *

     

     

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  • Jean Pisani-Ferry est économiste de centre gauche, ancien conseiller de DSK lorsque celui-ci était ministre du gouvernement Jospin. Il est actuellement directeur du cercle de réflexion Bruegel depuis janvier 2005, et membre du Cercle des économistes. Le parcours parfait de l'européiste socialiste français. Pourtant il est un des rares économistes français à alerter sur l'impasse à laquelle conduit une union de transfert et défend, la conception "à l'allemande" d'un fédéralisme assurantiel.

    Comme beaucoup de néo-keynésiens, il est très critique en ce qui concerne les plans de rigueurs, mais dès 2010, il est l'un des seuls à avoir appelé à la renégociation des dettes souveraines, brisant un tabou français.

    L'annonce du référendum grec est selon lui, la réponse logique du politique à une gestion crise qui a échoué.

     

    Articles :

    - Interview dans Le Monde - Novembre 2011

    - Crise de l’euro: sortir du déni - Décembre 2011

    - La sortie de l'euro est une impasse - Septembre 2011

    - Faut-il payer ses dettes ? - Juin 2011

     

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