• La gauche à la lumière du Sarkozysme (Partie 1), par Coma81

    Les temps sont durs pour Nicolas Sarkozy, et il est devenu difficile d'imaginer un instant la réélection du président-candidat. Le contraste est saisissant avec l'euphorie qui s'était emparé de la France cinq ans auparavant, se soldant par la victoire du candidat de "la rupture". Tant l'exercice du pouvoir que l'impuissance face à la crise ont disqualifié le président pour qui "rien ne [devait] être impossible".  C'est plié, la droite a d'ores et déjà perdu 2012.

    Logiquement, la défaite du candidat de droite implique la victoire du candidat de gauche. Or, formulé de cette manière, le scenario tracé à l'avance devient bien moins évident. Tout le monde garde en mémoire le souvenir de 2002, quand Jacques Chirac, largement impopulaire, avait, conformément aux prédictions, réalisé le plus mauvais score, pour un président sortant, de l'histoire de la 5ème République... avant de l'emporter au second tour par un score soviétique face à l'extrême droite. La gauche, menée à l'époque par le socialiste Lionel Jospin, n'avait pas su emporter une victoire qui lui semblait promise. A ce couac mémorable, il faut ajouter la sévère déculotté de Ségolène Royal, au second tour de l'élection présidentielle de 2007, laquelle n'avait jamais semblé pouvoir l'emporter face à une droite qui aurait dû, en toute logique, paraître usée par 5 années passées au pouvoir.

    Il faut bien avouer qu'Hollande nous fait penser à Jospin. En pire. Dernier exemple en date, alors que l'un déclarait à la France, dubitative, que son projet n'était "pas socialiste" (mais alors c'est quoi le programme ?) l'autre, après un discours de campagne au Bourget un peu musclé, se presse à Londres pour s'excuser auprès de la finance anglosaxonne et la rassurer sur ses véritables intentions. Depuis 10 ans, une gauche pourtant rompue à l'exercice du pouvoir au niveau des collectivités territoriales n'arrive plus à décrocher un mandat national. A chaque élection imperdable, une défaite cuisante. Au fond, quel est le problème de la gauche avec la France ?

    La réponse se trouve en creux dans le sarkozysme. Notre thèse est que la droite a su, au contraire de la gauche, tirer parti de la nouvelle donne politique issue de deux évènements  politiques marquants de ces dix dernières années : l'accession du front national au second tour de l'élection présidentielle de 2002, et le non au référendum sur le Traité contitutionnel en 2005, qui sont deux moments de rébellion électorale du peuple français, profitant du moindre espace pour s'extraire de la fausse alternative entre une gauche et une droite partageant, au fond, un cadre de pensée commun. C'est avec ce cadre que le Sarkozysme a annoncé vouloir rompre.

    Qu'est ce que le Sarkozysme ? Beaucoup de choses ont déjà été dites sur une certaine fascination que suscite le personnage de Sarkozy, la "modernité" de sa pratique politique (en particulier dans la capacité d'embrigadement des médias), l'apparition en France d'une droite libérale "à l'américaine", le retour du thème national et du volontarisme politique - en même temps qu'une tendance inquiétante à l'extrêmisation d'une droite "enfin décompléxée". Tout cela est juste. Pourtant, il est curieux de constater que selon l'angle adopté, cette nouvelle droite est taxée tantôt de "libérale", tantôt "d'anti-libérale". Ce qui interroge le plus est la manière dont ces deux thématiques contradictoires co-existent dans le sarkozysme.

    Sur le plan de la politique économique, l'orientation est franchement libérale. Denis Kessler, l'intellectuel officiel du patronat, livre le fil directeur de "ce programme ambitieux" : "il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance." En ligne de mire, le modèle social français échaffaudé dans l'après-guerre. La fonction publique, jugée pléthorique et inefficace, est désignée comme l'un des problèmes de la France. Les réformes consisteront à diminuer le nombre de fonctionnaires, et à soumettre ceux qui restent à un management "moderne". Le candidat Sarkozy affiche crânement des objectifs (irréalistes) de réduction de la dépense publique de 5 points de PIB.

    Dans la même veine, il surfe sur la vague anti-fiscale, présentant un image déformée de la réalité, laissant croire que les plus riches seraient pénalisées par la fiscalité française. Dans un pays réputé pour l'injustice de ses prélèvements obligatoires, certes élevés, mais qui pèsent d'abord sur les 95% des ménages les moins aisés, on est en pleine opération de mystification. A une période où les plus hauts revenus sont en plein boum et les patrimoines n'ont jamais été aussi bien portants, cette nouvelle droite mène une offensive idéologique visant à imposer, en France, une vision inégalitaire de la société et à légitimer les écarts de richesse grandissant sous l'effet de la mondialisation. Une OPA est lancée sur la valeur travail ; les revenus, quel que soit leur niveau, seraient la récompense de l'effort et du talent, tandis qu'est passé sous silence le poids, toujours plus important, de l'héritage. Le mot d'ordre est de libérer l'économie des contraintes réglementaires, fiscales, sociales, accusées de décourager le travail et de développer l'assistanat.

    Sarkozy incarne le renouveau de la droite française, en rupture avec le gaullisme traditionnel, trop attaché à son goût au modèle social français. La "France d'après" sera moins autocentrée, plus conforme au capitalisme mondialisé, moins française en quelque sorte. Et de fait, l'Amérique de Bush exerce une véritable fascination sur Sarkozy, à l'image d'une grande partie des élites françaises pour lequelles l'opposition française à la guerre en Irak restait un mauvais souvenir, regrettant de ne pas compter parmi les alliés de l'impérialisme américain en pleine affirmation de sa puissance. Le président Chirac, plus encore son ministre des Affaires étrangères, à qui le pays doit d'avoir été préservé d'une participation à l'aventure irakienne, font figures de dinosaures gaullistes, à l'aune desquels on mesure la conversion de l'élite - économique en particulier - au capitalisme néolibéral anglosaxon.

    C'est de cette manière que certains intellectuels français interprètent le Sarkozysme. "C’est, sous le titre de la «réforme», l’idée que le moment est venu de banaliser la France (...) C’est un programme de pasteurisation européo-libérale du pays" analyse le philosophe Marcel Gauchet. Pour Emmanuel Todd, Sarkozy veut introduire au pays de l'égalité l'acceptation des inégalités, comme étant le reflet du mérite individuel et d'un ordre juste. Il était prévisible que, faute d'avoir su renouveler son propre modèle, fatiguée par des années d'immobilisme chiraquien, la France cède à son tour, même avec du retard, à l'idéologie dominante qui accompagne la mondialisation. Certes, l'offensive libérale a su trouver son public - pour faire court, les riches et ceux qui veulent le devenir - mais cela est loin de faire une majorité électorale. Aussi, l'explication ne suffit pas et le mystère reste entier : comment se fait-il que les Français aient pu être séduits par celui que l'écrivain Marc Edouard Nabe compare à "un agent de la circulation américain" ?

    ... A suivre


    Citation d'un article de Denis Kessler dans la revue Challenges - 4 octobre 2007. 

    Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s'y emploie.

    Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme...

    A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !

    A l'époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d'obtenir des avancées - toujours qualifiées d’«historiques» - et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises.

    Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.

    Cette «architecture» singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d'un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires.

    Le problème de notre pays est qu'il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les «tabouise» en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après guerre apparaissent sacrilèges.

    Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse.





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  • Commentaires

    1
    DAELIII
    Vendredi 9 Mars 2012 à 18:59

    Réponse ultra simple : j'ai voté contre Jospin dont je savais d'entrée qu'il se précipiterait vers une déconstruction (Airbus abandonné, nucléaire cédé à l'Allemagne, acceptation de tous les dictats du Machin eurocrate, etc .....) accélérée de la France au nom de l'internationalisme, cet internationalisme qui pourrit la gauche depuis sa spéciation au tournant 19 - 20 me siècle, et qui l'a amenée à une collaboration de masse de ses dirigeant (voir Epstain) avec l'Allemagne nazie. Sarkozy est à l'opposé absolu de mes orientation politique et sociale, mais il avait prouvé qu'il pouvait être ,marginalement certes, moins nocif qu'un PS de ce point de vue. Au second tour on élimine. Aujourd'hui encore entre Hollande et Sarkozy je crois que j'éliminerais (bien un "s" !) le premier, malgré le risque croissant, et terrifiant, d'une guerre israélo-américaine contre l'Iran, parce que je crois que le premier n'aura jamais la stature de résister à ce que, certes, le second acceptera sans doute d'emblée. Match nul sur la capacité au délire, hélas.

    2
    DAELIII
    Vendredi 9 Mars 2012 à 19:00

    toutes mes excuses "de ses dirigeants" et "Epstein"

    3
    Coma81 Profil de Coma81
    Samedi 10 Mars 2012 à 08:33

    Je tenterai de répondre à vos observations dans la seconde partie de l'article. Cependant, comprenez qu'il n'est pas évident a priori, que Sarkozy protège plus le modèle français que la gauche, au contraire à mon avis.

    L'internationlisme peut être une bonne chose s'il s'accompagne d'une confiance (certes non pas aveugle) envers notre propre modèle. Or l'internationalisme des élites sarkozystes est l'impérialisme financier américain. Elles haissent au plus haut point, comme l'a rappelé denis kessler, l'identité nationale française, et se rabatte pour appâter le chalant, sur une définition éthnique de l'identité, en contradiction avec tout ce que représente l'esprit républicain.

    La vraie question, que je n'arrive pas à trancher, est l'attitude de la droite et de la gauche vis à vis de l'europe. Laquelle des deux serait capable de  s'opposer au "monstre en gestation", à l'europe allemande ? A cet égard, le bilan du sarkozysme est catastrophique. Jamais la france n'avait été aussi peu influente sur le plan européen. Orphelin du modèle américain, en ruine, la droite française est en train de se germaniser à vitesse grand V.

    Aussi, voyez pourquoi, il n'y a pas les arguments dans votre commentaire pour me convaincre de la cohérence de votre point de vue.

    Mais peut-être n'avez vous pas tout dit. Y aurait-il quelque chose à voir avec "la menace islamique" ? Peut-être que la soumission

    à d'autres impérialismes occidentaux, est préférable, dans votre esprit, à "l'invasion" venue des pays méditérranéens ?

    Je ne fais que supposer. En tout cas, si j'ai touché juste, sachez que nous n'avons pas la même vision de la France, qui pour moi est un pays d'abord latin, méditérranéen, et qui a vocation à se tourner vers le Sud plutôt que de s'enfermer dans ce tête à tête mortifère avec l'Allemagne.

     

     

    4
    Qui-Dame
    Dimanche 11 Mars 2012 à 13:00

      à   Coma81


    Sur ce dernier point, vous seriez donc d'accord avec Mélenchon qui n'a pas hésité à déclarer qu'il se sentait infiniment plus d'affinités avec les Maghrébins aux Lituaniens.  Quant à moi, natif d'Alsace, mon tropisme est,  bien sûr,  l'inverse des vôtres, à Mélenchon et à vous-même. La France est  à ranger, selon moi, plutôt du côté des pays nordiques, même si je reconnais en elle la part latine (plus que vraiment méditerranéenne). Bref,  je me sens plus chez moi à, Amsterdam qu'à Marseille et les Lieder de Schubert,  en particulier tout le cycle  du "Le voyage d'hiver" me vont plus directement au coeur  que ne saurait le faire une mélopée corse ou une chanson napolitaine,  lesquelles peuvent certes me séduire et même m'émouvoir,  mais qui ne  me touchent pas jusqu'à ce  ce point d'intimité.

    5
    Qui-Dame
    Dimanche 11 Mars 2012 à 14:21

    Errata : lire "...qu'avec les Lituaniens..". Plus loin, lire : "...mais qui ne me touchent pas jusqu'à ce point.." 

    6
    DAELIII
    Dimanche 11 Mars 2012 à 18:59

    aucun sous entendu dans mes simples remarques, et pour répondre aux deux retours, je me sens français c'est à dire, entre autres, sous ces rapports, à mi chemin des deux : et du sud et du nord. La France est une marge entre ces deux mondes, entre d'autres encore, mais ici ce sont ces deux-ci qui sont sur le tapis. C'est ce caractère de marge qui explique à mons avis sa prodigieuse créativité historique, qu'il est de bon ton aujourd'hui de méconnaître absolument.

    La France est à la veille de disparaître. Il s'agit donc de savoir qui pourrait faire gagner des secondes sur le cercueil, pas de rêver à d'autres dirigeants, d'autres programmes, d'autres temps, d'autres moeurs. M. Coma81 vous semblez penser que l'internationalisme de M. Sarkozi est plus néfaste que celui de M. Hollande. Il me semble que vous avez tort. Trois raisons : i) Si M. Jospin était passé nous n'aurions plus de nucléaire aujourd'hui; donc l'un des très rares atouts industriels qui nous reste aurait disparu, M. Hollande est prêt à le lâcher. ii) M. Sarkozi a repousé les pressions de l'Allemagne sur ce point et nous avons même récupéré un Areva autonome, alors que Jospin avait bradé nos compétences, uniques au monde en ce domaine, à Siémens. De fait il est clair que les énarques littéraires du PS, tous issus de la bourgeoisie française crassement anti-industrielle, se contrefoutent de l'industrie, pas M. Sarkozi. iii) L'internationalisme de la gauche traditionnelle, dont le PS est un avatar encore droitisé par le passage de Miterrand, l'a amené jusqu'au soutient du nazisme (lisez donc "Un Paradoxe Français" de M. Epstein), alors que le tropisme anglo-saxon de toute une partie de la droite française des années 20 - 30 lui a tout de même permis de venir seconder De Gaulle assez vite. Je ne crédite point M. Sarkozi de cette lucidité, je me contente de constater que la gauche française a été plus mortifère que la droite lors de cet épisode historique majeur, et que tout laisse à supposer qu'elle n'a pas changé sous ce rapport. Pour vous en convaincre, allez donc chercher dans  le livre cité ci-dessus la raison pour laquelle M. Jospin a, toutes affaires cessantes et aussitôt nommé, réhabilité les mutins de 17. Alors créditer le PS d'une quelconque capacité à 'faire échapper "au tête à tête mortifère" avec l'Allemagne tient du rêve éveillé. Quand à me supposer quelque fantasmes islamophobes, cela relève du procès d'intention.

    S'il était permis de rêver à d'autres hommes et d'autres programmes, alors il est clair que L'UPR de M. ASSELINEAU apporterait sans doute des réponses à laa hauteur. Mais justement pour cette raison le black-out le plus absolu est appliqué sur ce parti et ses propositions, l'omerta journalistique est sans faille. L'avez-vous vous même jamais mentionné ?

    7
    DAELIII
    Dimanche 11 Mars 2012 à 19:04

    Quand à l'europe allemande, nous y sommes, en plein et c'est le résultat des efforts réïtérés du PS !! Il n'y a pas un mot chez eux pour en conjurer EFFICACEMENT les risques. Encore une fois qui faut-il éliminer pour tenter de gagner quelques instants sur la disparition dans l'espoir qu'un sursaut, tel que celui tenté par l'UPR, pourra survenir a temps ?

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    8
    Coma81 Profil de Coma81
    Dimanche 11 Mars 2012 à 20:37

    A Qui-Dame et à DEALIII

    Vos deux commentaires m'obligent à préciser mon propos. Je ne voudrais pas faire penser que la France, parce qu'elle aurait des affinités culturelles plus grandes avec le sud latin et méditérranéen (je serais bien en peine de soutenir une argumentation à caractère général sur ce point), devrait par conséquent privilégier a priori une coopération plus étroite qu'avec nos voisins allemands.

    Seulement, contrairement aux fantasmes islamophobes, la menace que fait peser l'impérialisme allemand (qui n'est pas je crois l'aboutissement d'une stratégie consciente de leur part, mais un effet involontaire de l'euro) sur la souveraineté de la France - terme plus approprié que celui d'identité - est bien réelle.

    Autre point, je redoute une construction européenne "forteresse" qui ferait de la France une province isolée dans un empire plus vaste, et qui nous isolerait du monde méditerranéen.

    Enfin, sur le plan des institutions et des économies, le monde latin est un ensemble relativement cohérent et plus propice, par exemple, à la mise en partage, de la souveraineté monétaire (bien qu'en l'état, les conditions ne soient pas réunies à mon avis).

     

    A DEALIII. Si je vous ai fait un faux proçès, c'est que votre raisonnement me plonge dans un océan de perplexité. J'y réfléchirai. (Accessoirement, quitte à parler une langue étrangère, autant apprendre l'allemand; mais vous allez dire que je suis de gauche, ce qui est vrai. M'enfin, de là à conclure que, à une autre époque, j'eu pu être collabo...)

    9
    coco87
    Lundi 12 Mars 2012 à 13:03
    Le hasard veut qu'un autre blog publie un article exposant clairement les incohérences économiques et culturelles de la gauche lié à leur idéologie internationaliste et universaliste. http://lebondosage.over-blog.fr/article-the-french-disease-101327892.html On y voit en lumière ce qu'exprime DAELIII.
    10
    Coma81 Profil de Coma81
    Lundi 12 Mars 2012 à 14:40

    merci pour l'info.

    11
    Qui-Dame
    Lundi 12 Mars 2012 à 17:55

    Puisque  le blogue de Jean Quatremer semble s'attarder un peu longuement sur un sujet tout à fait nombrilique, je préfère vous donner  la primeur de mon info à moi: ce matin, dans le Handelsblatt, un article signé  de  Hans-Olaf Henkel,  autrement dit de l'ex-président du "MEDEF" allemand, et intitulé :"Hollande ebnet "Nord-euro" den weg"= (=Hollande ouvre toute grande la voie à l'euro du nord).  Dans cet article, l'ancien dirigeant d'IBM Allemagne et ex-patron des patrons allemands exhorte ses compatriotes à saisir par les cheveux une chance unique, selon lui. Que ce soit Hollande ou Sarkozy, soutient-il en substance, qui gagne l' élection présidentielle, une chose est sûre: la France refusera d'appliquer le paquet fiscal, tel qu'il a été  entériné  récemment. Ce sera alors l'occasion unique pour l'Allemagne, suivie de la Hollande, de l'Autriche et de la Finlande, de constater la violation des accords signés en bonne et due forme et, partant, de se retirer sur l'Aventin d'un euro du nord, laissant les nations latines et méditerranéennes se débrouiller toutes seules.


    S'agit-il d'une sorte de manoeuvre pré-emptive pour décourager  toute vélléité de renégociation de la part des Français? une façon de leur dire : "chiche!"?  En tout cas, voilà une perspective qui ne devrait pas déplaire aux Français tournés vers la latinité que vous entendez être. Pour moi au contraire,  la perspective de voir mon pays en tête-à-tête avec des pays quasi en faillite et sans perspectives économiques et culturelles très convaincantes  me pousserait plutôt à militer pour le rattachement de l'Alsace à l'Allemagne ;-)    

    12
    Coma81 Profil de Coma81
    Lundi 12 Mars 2012 à 19:43

    Qui-Dame, c'est vous qui depuis le début de la discussion donnez trop d'importance aux affinités culturelles, que je me suis pourtant efforcé de relativiser.

    Ce qui m'importe, en tant que jeune salarié - puis chômeur - puis salarié - puis chômeur - salarié..., c'est le niveau de chômage qui attend les français selon les choix de politiques économiques qui seront fait à l'avenir.

    Une zone euro-nord serait une bénédiction pour la jeunesse de France, et je vous garantis que cela ne vous empêchera en rien d'écouter à loisir vos lieder de Schubert, (qui m'émeuvent autant que vous et je crois que cela n'a rien à voir avec une quelconque proximité culturelle).

    Chers aïeux, ne vous trompez pas de débat. Merci pour nous.

    13
    Qui-Dame
    Mardi 13 Mars 2012 à 14:50

    Bon d'accord, si vous voulez.  Excusez ce laconisme, mais la réponse plus argumentée que j'avais pris le peine de rédiger et d'envoyer s'est, semble-t-il, volatilisée dans l'air. Pas envie de m'y coller à nouveau. A propos de carrière professionnelle, pas besoin d'être grand clerc pour deviner   que vous en pincez beaucoup pour le journalisme. Vous y êtes-vous essayé?

    14
    myla2
    Samedi 17 Mars 2012 à 19:14

    Je m'inquiète des retombées sociales des politiques économiques, en particulier sur le chômage des jeunes, et plus généralement sur les possibilités d'emplois de qualité. Mais, la lecture de livres, articles, blogs... ne me permet pas de trancher entre les propositions  alternatives défendues par les uns ou les autres.

    Faut-il quitter l'euro? Dans ce cas, combien de temps cela prendra-t-il? Le temps que la nouvelle monnaie se mette en place, que se passera-t-il? Quelle confiance les "marchés "feront ils à cette monnaie? Ne risque-t-on pas de casser complètement notre (nos) pays?

    Faut-il un "Neuro" et un "Sudo"? mais dans ce cas quel sera le choix de la  France?  Le sud semble plus à sa portée, car elle souffre, comme les autres pays de l'Euro fort....,  mais les économies faibles de toute la zone sud de l'Europe, toutes désindustrialisées, réussiront-t-elle là encore à convaincre les marchés de leurs  capacités à rebondir? Pourront-elles rebondir d'ailleurs? Quelle solidarité pourra-t-il y avoir entre des pays tous en difficultés? Peut-on penser que ce qui n'a pas été possible avec l'euro le soit avec une monnaie différente? Ne se trouvera-t-on pas dans la même situation, avec simplement une position de la France plus avantageuse sur le plan industriel, mais responsable à elle seule de la solidarité de transfert de richesses? De quelle nature devrait-être  la nouvelle organisation monétaire pour que ça marche? Les pays échaudés avec l'euro accepteront ils une autre union monétaire? Seront-ils tous d'accord sur les origines de la crise de leurs pays et les conditions pour y remédier?

    Est-il plus difficile d' envisager  une réforme du fonctionnement de la zone euro actuelle  (rôle de la BCE, politique de l'euro fort,trop grande disparité entre les économies des différents partenaires engagés dans la monnaie unique...) plutôt que de contruire une autre union monétaire? L'Allemagne n'a t-elle pas intérêt à ce que ses partenaires soient en mesure de lui acheter ses produits, et donc développés économiquement?... Ne finira-t-elle pas par accepter la dévaluation de l'euro par exemple et d'autres évolutions permettant une réduction des disparités entre pays?

    Le protectionnisme, aux portes de l'europe, ne serait -il pas LA solution pour retrouver de la compétitivité? et donc à lui seul peut-être,  résoudre bien des problèmes sociaux, en attendant de renégocier les traités européens basés sur le libre échange, et qui sont une vraie plaie de cette Europe ?

    Sur le plan politique, il me semble que la France n'est ni du nord, ni du sud; mais vraiment un trait d'union entre deux Europes, certains français se sentant plus proches du nord et d'autres du sud, de par leurs cultures régionales. La nation française est faite de ces différences, de ces richesses. C'est cette France là que j'aime. Je croyais jusqu'à présent que sa population, qui s'est diversifiée au fur et à mesure des vagues d'immigration, pourrait nous permettre d'avoir des liens forts avec les peuples d'Europe du sud, mais aussi les polonais, les algériens, les marocains...  j'ai l'impression que nos élites politiques  ont raté le coche... (question de fréquentation peut-être?).... et que cette France que j'aime, dilapide son capital de sympathie dans le monde, par manque de cohérence avec son histoire...  Trouver des solutions qui soient  solidaires, (gagnant-gagnant?) me semblerait l'idéal.

      Cordialement,

    Myla

     

     

     

     

    15
    Coma81 Profil de Coma81
    Lundi 19 Mars 2012 à 14:36

    A qui-dame,

     

    Au point ou nous en sommes de nos confidences, je propose que vous me contactiez sur mon compte eklabog  afin que nous échangions nos adresses mail.

    J'aurais beaucoup aimé vous faire parvenir par mail l'invitation au colloque organisé par "l'association  manifeste pour un débat sur le libre échange" , avec laquelle je suis en lien.

    Je sais c'est un peu tard, mais peut-être avez vous eu l'info pour un autre canal ?

     

    16
    Qui-Dame
    Mercredi 21 Mars 2012 à 00:09

    Mais mon adresse électronique n'est-elle pas déjà dans vos fichiers, comme dans ceux de  Jean Quatremer, avec lequel il m'est arrivé, à plusieurs reprises, d'avoir quelques échanges privés, comme je serais  tout prêt à en avoir avec vous, sur un mode, je n'en doute pas beaucoup moins "tendu"?  Par ailleurs,  je n'ai pas eu vent du colloque dont vous parlez. De quoi s'agissait-il? De toute façon, je ne suis pas à Paris en ce moment.

    17
    Coma81y
    Mercredi 21 Mars 2012 à 17:35

    A Myla

    La question de la zone monétaire est une question de second rang, après celle, plus fondamentale de la crise de la dette, qui est une crise du capitalisme néolibéral. Ce qui est sûr, c'est que l'architecture intitutionnelle de la zone euro est un carcan libéral qui fait plonger l'europe dans un dépression économique aussi sévère que celle des années 30. L'euro aura été un échec total sur le plan économique et politique.

    En ce qui concerne l'analyse de la situation, il y a un accord entre les économistes lucides pour dire que en l'état actuel, la zone euro est un système instable. Pour l'instant, les trois variables d'ajustement principales sont :

    - la politique de création monétaire de la BCE à l'adresse des banques

    - la forte montée du chômage dans les pays du sud

    - l'immigration intra-européenne

    Il va sans dire que cet état de fait favorable au capital, à qui l'on vient en aide, et défavorable au travail, sur lequel on fait peser tout l'effort d'ajustement. Quels seront les effets d'une redistribution favorable aux banques ? De la montée du multiculturalisme trans-européen dans le contexte d'un chômage de masse à des niveaux jamais atteints dans l'histoire du capitalisme européen ?

    Non seulement l'euro est un échec de fait, mais en plus l'idéal qu'il véhicule est à combattre entièrement :

    - Création d'un super état européen similaire aux Etats-Unis d'europe sans avoir au préalable posé la question du fonctionnement de la démocratie à ce niveau et de son articulation avec le niveau national. Cet oubli n'en est pas un puique les principes scientifiques de l'économie libérale doivent s'imposer aux choix politiques.

    Plus fondamentalement, l'euro-fédéralisme est un fanatisme politique promut d'un part par une certaine gauche, à la recherche d'une idéologie de substitution à l'internationalisme marxiste, et dont le rapport à la réalité historique reste problématique, et d'autre part par des élites nationales se rêvent en élites fédérales, dégagées de camboui des démocraties nationales.

    - Enfin sur le plan théorique, la vision de la monnaie perçue, tant par les libéraux que les fédéralistes européens, est profondément  archaique. Elle est fondée sur le mythe de la liquidité, et de la concurrence parfaite. Plus la taille du marché est importante, plus l'économie serait efficace.

    Or ce paradigme libéral, très présent à gauche, même chez les mélenchonistes, est à combattre. Au contraire, il faut compartimenter les circuits économiques. Dans cette perspective, si une sorte de monnaie européenne peut être utile, il est absurde de se passer des monnaies nationales, et même il faut créer des monnaies complémentaires, sectorielles ou géographiques.

    Quant au protectionnisme européen, il ne règle en rien le problème fondamental qui est que la contruction européenne ne peut pas et ne doit pas être fédérale. Sortons de l'euro. Et vite.

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    Coma81 Profil de Coma81
    Mercredi 21 Mars 2012 à 18:19

    A Qui-Dame,

    Voici mon adresse mail : etpendantcetempslacoma81@gmail.com

    Mais au jeu de la correspondance gratinée avec Quatremer, je vous bats à plat de coûture. J'ai été surpris de constater que le journaliste de Libération - dont la psychologie me fascine, vraiment - passait du temps à insulter par mail un simple internaute comme moi, de surcroit poli et inoffensif.

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    Qui-Dame
    Mercredi 21 Mars 2012 à 18:57

    Mais moi également, sur des "causes" qui ne sont certes pas les vôtres. Juste un exemple:  défendant le droit des Suisses à ne pas vouloir l'implantation de minarets sur leur territoire, j'avais invoqué, pour légitimer ce point de vue, la prise de position publique de Abdelwahab Meddeb, producteur sur France Culture, de l'émission "lumières d'Islam". Meddeb avait fait valoir que la revendication des minarets était typique de la stratégie salafiste (dont on parle tant ces jours-ci)  et qu'elle n'avait rien de consubstantiel au concept même de "mosquée".  Il y avait peut-être matière à discussion,  mais Jean Quatremer n'a rien voulu savoir. Il m'a immédiatement censuré  pour provocation grossière et "islamphobie"!

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