• Je vais garder la Grèce dans la zone euro et de restaurer la croissance, par Alexis Tsipras, président de la Coalition de la Grèce Syriza - Juin 2012. Extrait de la tribune dans le Financial Times.
    Qu'il n'y ait aucun doute, mon mouvement - Syriza - s'est engagé à maintenir la Grèce dans la zone euro. (...)

    Syriza est le seul mouvement politique aujourd'hui en Grèce qui peut assurer la stabilité économique, sociale et politique pour notre pays. La stabilisation de la Grèce dans le court terme profitera à la zone euro à un moment critique de l'histoire de la monnaie unique. Si nous ne changeons pas de chemin, l'austérité menace de nous conduire hors de l'euro, avec une certitude encore plus grande.

    Seul Syriza peut garantir la stabilité grecque, parce que nous ne portont pas le fardeau politique des partis de l'establishment qui ont conduit la Grèce au bord du chaos. (...)
    Le peuple de Grèce veulent remplacer l'ancien memorandum, qui a échoué (signé en mars avec l'UE et le Fonds monétaire international) par un "plan national de reconstruction et de croissance". Cela est nécessaire à la fois pour éviter une crise humanitaire de la Grèce et de sauver la monnaie commune.

    (...)  Ce dimanche nous allons apporter la Grèce dans une nouvelle ère de croissance et de prospérité.

    Traduction tout personnelle, soyez indulgents

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  • La politique d'austérité a lamentablement échoué en Grèce, comme il était prévisible. La dette ne fait qu'augmenter, tandis que le pays s'enfonce dans une spirale dépressionniste.

    Cela fait un bail que pour Patrick Artus, Chef économiste chez Natixis, "les plans de rigueur empilés n’ont plus aucun sens". On ne trouvera plus beaucoup d'économistes sérieux pour soutenir le contraire.

    En réalité l'austérité imposée par l'Allemagne n'a pas pour but de sauver l'économie grecques mais de protéger les banques europénnes, comme l'explique Paul Krugman parmi tant d'autres :

    "On impose à la Grèce une austérité d'un niveau mortel afin qu'elle paye ses créanciers étrangers "

    Même son de clôche dans le jounral allemand Die Zeit qui reconnait que Merke défend les intérêts de son pays avant tout :

    "Ce n’est pas la Grèce qui profite le plus des programmes de sauvetage de l’euro : c’est l’Allemagne. Si la Grèce fait faillite, les banques allemandes (aussi) perdront des milliards, aux frais du contribuable allemand."

    Cette politique à courte vue, otage des lobbys financiers risque d'entrainer l'europe dans le gouffre, comme s'en désole Karine Berger, économiste proche du Proche du Parti Socialiste : 

    "La honte et l’hypocrisie auront sans doute déjà emporté l’Union européenne quand la Grèce sortira de son chaos politique. Les jeux sont faits : le jour où les deux principaux dirigeants européens ont accepté d’attendre jusqu’à 4 heures du matin, dans la pièce à côté, que 3 banquiers veuillent bien se mettre d’accord sur un abandon de dette, l’Europe a capitulé"

    Tous les économistes reconnaissent maintenant la nécessité d'organiser une restructuration de la dette grecque  et de renégocier le mémorandum. Charles Wyplosz écrit ainsi : 

    "Il aurait fallu laisser la Grèce aller au FMI dès le début et organiser une restructuration de sa dette. Cette restructuration aurait pu être de taille modeste, car la dette était alors relativement faible et la situation pas encore dégradée. Mais l’Allemagne et la France n’en ont pas voulu, car leurs banques auraient subi des pertes, en fait relativement modestes. Ces deux pays ont préféré violer le traité et organiser un « sauvetage » de la Grèce qui consistait à lui octroyer des prêts, donc à augmenter sa dette, en échange d’une politique d’austérité absurde vouée à l’échec."

    Même chose pour Jacques Delpla, pour qui "la restructuration de la dette grecque est aussi arrivée trop tard et a été trop partielle". Or il est impératif de "se délivrer de dettes qui menacent de les noyer dans un scénario noir des années 1930". Preuve de l'absurdité de la situation, cet économiste proche de la droite libérale donne raison au parti "d'extrême gauche" anti-austérité, dénonçant dans cet article (il se rétractera plus tard) les pressions exercées par les dirigeants européens à son encontre :

    "Les dirigeants européens essaient aujourd’hui de faire peur aux électeurs grecs pour qu’ils élisent un « bon » gouvernement qui acceptera de poursuivre la stratégie d’austérité à marche forcée qui a échoué de façon si spectaculaire. Pour éviter des pertes, ils veulent continuer à contrôler la politique économique de la Grèce en ignorant la souffrance économique et sociale qu’ils imposent à la population.(...) Syriza menace d'un défaut sur l'ensemble de la dette publique tout en restant dans l'euro. C'est chaotique mais intelligent de leur part". 

    Daniel Cohen, en bon keynésien, à l'inverse de l'austérité imposée, préconise un "plan de croissance vigoureux", alimenté par des investissements européens, à défaut duquel il reconnaît que la Grèce aurait intérêt à sortir de l'euro plutôt que de s'infliger une rigueur inefficace.

    Wyplosz et Cohen craignent que les Européens fassent l'erreur de refuser toute réorientation de la politique d'austérité, et que la BCE cesse de soutenir les banques en faillite. La Grèce serait alors contrainte de sortir de l'euro pour éviter le désastre bancaire. La contagion se propagerait alors au reste de la zone, qui menacerait d'exploser. 

    Au contraire, pour Delpla la menace d'une expulsion de la Grèce n'est pas crédible, d'une part car les Européens n'ont pas intérêt à voir s'effondrer l'économie du pays :

    "jamais la BCE, ni la Commission, ni l'Allemagne ne pousseront la Grèce à la faillite complète, au collapsus et à la famine. La menace de couper tous les prêts de l'UE envers la Grèce n'a aucune crédibilité". 



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    "Le 17 juin pourtant, les Grecs seront confrontés à un véritable choix". A en croire Slavoj Zizek, le célèbre philosophe communiste, l'enjeu du scrutin à venir est de savoir si oui ou non, l'Europe acceptera qu'une "technocratie dépolitisée (de) banquiers et autres experts" puissent "s’affranchir de la démocratie". En somme, la démocratie, la Grèce, berceau de la démocratie, pourrait être son tombeau.

    "Democraty versus the Eurozone", confirme Daniel Gros, économiste orthodoxe allemand, c'est le choix auquel sont confrontés les peuples européens. Et de fait, l'expérience récente montre que ni les Grecs, ni les Espagnols, ni les Français ne sont prêts à aliéner leur souveraineté au profit de Bruxelles.

    On pourrait objecter à ces deux auteurs, comme ne manquerait pas de le faire un eurofédéraliste français, que la démocratie n'est pas abolie, loin de là, puisqu'il s'agit de transférer la souveraineté au niveau européen.

    Au delà des principes institutionnels, ce qui fait problème au sein de la zone monétaire commune, c'est la collusion des intérêts financiers et de la gouvernance européenne. Si l'Europe vacille, c'est qu'elle est identifiée de plus en plus, à raison, au pouvoir tutélaire des créanciers, qui imposent l'austérité aux peuples. L'europhile Daniel Gros constaste que "le message des élections grecques et françaises, c'est que la tentative d'imposer une dictature bienveillante des créanciers doit faire face à la révolte des débiteurs". Pour Zizek, en refusant dans le même geste le diktat de Bruxelles et le pouvoir des banques, "c’est à l’Europe elle-même que nous portons secours."


    "Les plans de sauvetage" sont le pêché originel de l'eurozone, parce qu'ils ont placé les institutions européennes en position de créancières, aux côtés d'intérêts financiers, et vis-à-vis des peuples en difficulté. La confrontation - et le divorce - est inéluctable. D'autres solutions auraient dû être envisagées, comme celle de la hausse de l'inflation (Kenneth Rogoff, Professor of Economics at Harvard University) afin de détruire la dette, ou bien celle de Patrick Artus, qui après deux ans d'erreurs, en vient enfin - mais trop tard - à préconiser une annulation partielle des dettes souveraines, reconnaissant en outre qu'en période de crise, l'euro est très coûteux en termes de chômage.


    Voir les quatres textes ci dessous :

     

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  • La crise grecque est devenue, pour les Européens, un feuilleton quotidien qui - jusqu'il y a peu - n'avait pas grand chose à voir avec ce qui se passait dans le pays même, mais dont les personnages principaux étaient nos responsables européens, aux prises avec les marchés financiers. L'évolution des taux d'intéret, la contagion tant redoutée aux autres pays, les chiffres mirobolants des multiples plans de sauvetages, voilà de quoi était faite la trame de cette histoire. Tout le suspens tenait dans l'éventualité de la faillite et de la sortie de la Grèce de la zone euro.
     
    Mais, deux ans après le début de la médiatisation de la crise, 4 ans de récession, la situation prend une dimension toute nouvelle. On s'aperçoit que, au delà de l'inquiétude des Européens sur leur monnaie, la Grèce vit un drame national d'une ampleur inouïe. Le PIB a chuté de 20%. Le chômage avoisine les 20% de la population active. La pauvreté s'accroie. La crise sociale considérable est le prélude d'un tremblement de terre politique, après 40 ans de stabilité politique pour les pays de la zone euro.
     

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