• Les scenarios pour la Grèce

     

    En 2015, la gauche grecque au pouvoir fait face aux mêmes dilemmes que les précédents gouvernements.

    Parmi les 5 scénarios exposés dans le document ci-dessous (mis en ligne par la BBC en 2012), jusqu'à présent, les gouvernements grecs ont toujours "choisi" - sous la pression - le plus mauvais pour leur pays :

    1. ... l'acceptation des plans d'austérité sans fin  précipitant leur pays en dépression économique.

    2. Syrisa a accédé au pouvoir en faisant campagne contre l'austérité. L'objectif initial était de sortir le pays de l'impasse en arrachant aux créanciers des concessions importantes. Plutôt que dégager des excédents budgétaires considérables de façon à rembourser la dette - au risque de voir sombrer encore un peu plus l'économie grecque - le nouveau gouvernement souhaitait utiliser les marges de manœuvre retrouvées pour relancer l'économie. Du point de vue allemand, le risque est la contagion politique d'un tel scénario (moral hazard). La victoire de Syriza en Grèce ouvrirait la voie à celle de Podemos en Espagne. L'union de transfert étant inenvisageable pour les Allemands, Syrisa s'est heurté pendant 6 mois à l'opposition farouche de l'Eurogroupe.

    3. Le scenario "political turmoil" (troubles politiques) est en train de se réaliser. Sans accords signés, les financements européens sont gelés. De sont côté, la BCE étrangle les banques grecques en rationnant leur refinancement. C'est la stratégie du "noeud coulant" dénoncé par Syrisa depuis son arrivé au pouvoir. Résultat : les banques sont fermées et menacées de faillite ; les salaires des fonctionnaires et les retraites risquent de ne plus être honorés. La paralysie de l'économie ne peut perdurer sans provoquer des troubles politiques. 

    4. Face à cette situation catastrophique, Tsipras semble vouloir renoncer à son programme initial : il accepte l'austérité mais à la condition impérative que la dette publique soit restructurée. C'est le scenario du compromis, privilégié par la France et les Etats-Unis, et qu'il reste à faire accepter à l'Allemagne. Comment interpréter le choix de Tsipras ? Capitulation ou victoire politique pour avoir fait reculer l'Allemagne ? C'est alors certainement une victoire à la Pyrrhus : l'austérité continue de dégrader l'économie grecque. Reste aussi le problème de compétitivité de la Grèce dans la zone euro qui installe le pays dans une situation déflationniste.

    5. Tsipras a mis les Allemands en situation de trancher : si ceux-ci refusent de restructurer la dette grecque, l'explusion de la Grèce de la zone euro devient inévitable, sans que le gouvernement grecque ait pris lui-même la décision. C'est sûrement l'espoir secret du premier ministre grec.

     

     

    Les scenarios grecs d'après la BBC

    Mis en ligne par la BBC

    Texte écrit en 2012 :

    Ce tableau récapitule les scenarios possibles pour la Grèce. Il n'y a que des mauvaises solutions.

    La situation est la suivante : l'Etat grec a un déficit budgétaire considérable, dont une partie seulement est due au service de la dette (ce que l'Etat verse à ses créanciers chaque année). La dette étant hors contrôle, c'est à dire que l'Etat est insolvable, il y a deux solutions : le défaut ou l'intervention de ses partenaires européens. (En réalité, il y a une troisième solution non prise en compte ici, c'est la possibilité pour le gouvernement de récquisitionner sa propre banque centrale, qui fait partie de l'eurozone, et décider unilatéralement de créer de la monnaie euro pour financer le déficit. Solution que pourrait mettre en oeuvre temporairement un gouvernement révolutionnaire et qui abourtirait au scenario aléa moral).

    Dépression : Les politiques d'austérité "réussissent". La dette est stabilisée, tandis que les partenaires européens se sont substitués aux marchés financiers pour financer le déficit sous forme de prêt à taux faible. La forte récession est suivie d'année de stagnation économique car la Grèce n'est pas compétitive dans la zone euro, et le remboursement de la dette écrase la population.

    Victoire à la Pirrhus : austérité - stabilisation de la dette - prêt européens. La grèce rénégocie sa dette, mais l'Etat doit nationaliser ses banques qui sont bourrées de titres souverains. Reste le problème de compétitivité de la Grèce dans la zone euro qui installe le pays dans une situation déflationniste. Au final, une partie seulement de l'ajustement est assumé par les créanciers et les actionnaires des banques.

    Aléa moral : Sous la pression de la rue, le gouvernement refuse de mener les mesures d'austérité et va au bras de fer avec ses partenaires européens, lesquels afin d' éviter une faillite grecque, accepte de financer le pays. A leur tour,  l'Italie puis l'Espagne renaclent à mettre en oeuvre les coupes budgétaires. Au final, la solvabilité de la zone euro repose sur le financement de l'Allemagne, qui sera tentée de quitter la monnaie unique.

    Troubles politiques : refus de l'austérité - les européens refusent en retour de financer le pays. Le pays doit faire face à la faillite de l'ensemble de son secteur bancaire et à une brutale contraction de la dépense publique, qui n'est plus financée. L'effondrement de l'économie provoque des troubles politiques rappelant la situation argentine, quand le chef de l'Etat avait dû fuir le pays en pleine nuit à bord d'un hélicoptère. 

    Crise mondiale : refus de l'austérité - arrêt des financement européens - effondrement de l'économie. Le gouvernement décide de sortir de l'euro afin de pouvoir dévaluer et retrouver sa compétitivité. Forte inflation. La contagion s'étend à l'Espagne et l'Italie, soupçonnées de préparer aussi leur sortie. Les grandes banques sont menacées de faire faillite et de déclencher à nouveau une crise économique mondiale.


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