• "Les citoyens de nos démocraties solidement installées sont en proie à un malaise profond. (...) Nous sommes de plus en plus libres à titre individuel mais cette liberté compte de moins en moins dans le façonnement du destin collectif. (...) L’idée libérale l’a emporté sur le versant démocratique" (2007)

     

    "C’est ici que nous rencontrons le néolibéralisme dont l’installation doit se comprendre, au plus profond, comme une tentative pour éliminer le gouvernement au profit du marché en liaison – mal aperçue généralement et pourtant cruciale – avec la prise de pouvoir généralisée du modèle de connaissance scientifique." (2008)

     

     

     

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  • Qualifié (ironiquement) de "prophète" par certains parce qu'il aurait vu venir la crise des subprimes, Nouriel Roubini, n'est en fait qu'un observateur lucide des évènements qui se déroulent sous ses yeux. Peu téméraire, il préconisait en 2007, de réformer à la marge le système financier sans oser remettre en cause la mondialisation :

    "Il paraît difficile d’inverser la tendance à la libéralisation des marchés financiers, mais leurs effets secondaires négatifs – dont le risque systémique plus élevé – requièrent une série de réformes" (2007)


    Mais devant l'ampleur du choc mondial, il doit se rendre à l'évidence, c'est le modèle même de ce capitalisme financier qui est défaillant :

    "Il semble donc que Karl Marx avait au moins partiellement raison en disant que la mondialisation et l'intermédiation financière risquaient d'échapper à tout contrôle et que la redistribution des revenus et de la richesse tirée du travail au profit du capital pouvait conduire à l'autodestruction du capitalisme (...)  

    Le bon fonctionnement d'une économie de marché suppose un juste équilibre entre les marchés et les biens publics" (2010)


    Il faut dès lors porter un regard critique sur la révolution libérale de ces 30 dernières années durant lesquelles a été balayé le modèle social précisément institué en réponse à la grande dépression des années 30 :

    "Mais durant la période Reagan-Thatcher on a perdu de vue la nécessité d'une règlementation prudentielle du système financier, les défauts du modèle social européen ayant été l'une des causes de la tendance à une déréglementation massive.(...)

    Mais le modèle anglo-saxon du laissez-faire a lui aussi misérablement échoué." (2011)


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  • "Je pense que l’administration Obama a cédé devant les pressions politiques et les épouvantails agités par les grandes banques, avec pour conséquence de faire une confusion entre le renflouage des banquiers et de leurs actionnaires et le renflouage des banques mêmes"

    "Cette nouvelle forme de capitalisme, où les pertes sont collectivisées et les gains privatisés, est vouée à l’échec"

    "Ce qui nous amène à l’autre problème posé par ces banques trop importantes pour faire faillite, trop grandes pour être restructurées : elles sont trop puissantes au plan politique."

    "En Amérique, la vénalité est d’un autre niveau. Ce ne sont pas certains juges qui sont achetés, mais les lois elles-mêmes, à travers des campagnes de dons et de lobbying, dans un contexte que l’on a fini par appeler une corruption « à l’américaine"

    "Dans l’Amérique d’aujourd’hui, la noble revendication d’une « justice pour tous » est en train de disparaître au profit d’une plus modeste « justice pour ceux qui peuvent se l’offrir ». Et le nombre de gens qui peuvent se le permettre est en chute libre."


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  • Joseph Stiglitz, le prix Nobel d'économie 2001, revendique l'héritage de Keynes, l'illustre économiste contemporain de la Grande Dépression des années 30.

    Il est un critique de longue date de la mondialisation, considérant qu'elle est la cause de déséquilibres inquiétants - au premier rang desquels l'accroissement inexorable des inégalités de revenus et de patrimoine.

    Dès 2006, préssentant l'essouflement de la mondialisation, il annonce la rupture qu'il voit venir  :

    "Reste à savoir si le changement sera la conséquence inéluctable d’une crise, ou le fruit mûrement réfléchi d’un débat démocratique". 

    "Les économistes, par opposition à ceux qui vivent de la spéculation boursière, ne prétendent pas être capables de prédire quand le jour du Jugement viendra, et encore moins d’identifier l’évènement qui fera tomber le château de cartes. Toutefois, il s’agit de schémas systématiques, dont les conséquences se déroulent graduellement, et douloureusement, avec le temps."

     

    L'année suivante, il assiste au spectacle de l'éclatement de la bulle immobilière : 

    "La consommation débridée nord-américaine et son incapacité à vivre selon ses moyens est la principale cause de ce déséquilibre".

     

    Il espère que la crise sonnera le glas du néolibéralisme : 

    "ce fourre-tout d'idées basées sur la notion fondamentaliste que les marchés seraient auto-correcteurs, qu'ils distribuent efficacement les ressources et servent l'intérêt général (...) une doctrine politique au service d'intérêts privés, qui ne repose pas sur une théorie économique".


    Mais derrière l'aggionamento idéologique nécessaire, c'est "capitalisme occidental" inégalitaire et inefficace qui doit être réformé :

    "Même à son apogée, entre le début des années 1980 et 2007, le capitalisme américain orienté vers la dérégulation n'a permis qu'à une poignée de gens, les plus fortunés du pays le plus riche de la planète, de s'enrichir encore davantage. En réalité, durant les 30 ans de montée en puissance de cette idéologie, année après année, le revenu de la grande majorité des Américains a stagné ou baissé." (2011)


    Voir les articles ci dessous

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  •  

    "Comme on se demande jusqu’où l’on tolérera les progressions de la captation actionnariale, il faut se demander jusqu’à quand nous sommes prêts à souffrir l’éternel retour de la crise des marchés."

    "La crise financière ouverte en 2007 exprime comme aucune autre avant elle les tendances profondes du régime d’accumulation en place depuis deux décennies ; 2) elle en révèle aussi les limites : que celles-ci soient atteintes pour de bon maintenant ou plus tard, c’est une question plus incertaine. Mais elles ont été montrées. La présente crise sera peut-être surmontée une fois de plus – non sans douleurs économiques réelles. Mais ce ne sera que partie remise."

    Pauvres socialistes : ne sachant pas vraiment, de l’idée triviale et molle « d’économie de marché » ou de l’idée précise et toxique « d’économie à déréglementation concurrentielle généralisée », laquelle ils épousaient vraiment, les voilà, par défaut, ralliant triomphalement un monde finissant. La logique voudrait qu’ils finissent avec lui."

    "Il est dans le fait que jamais un groupe d’intérêt aussi puissant que celui qui s’est constitué autour de la finance lato sensu ne renoncera de lui-même au moindre de ses privilèges, et que seuls peuvent le mettre à bas la force d’un mouvement insurrectionnel – puisqu’il est bien clair par ailleurs qu’aucun des partis de gouvernement nulle part n’a le réel désir de l’attaquer –, ou bien la puissance dévastatrice d’une catastrophe que son système aura lui-même engendré."


    3 textes (extraits) ci dessous :

    - Le commencement de la fin

      - Changement d’époque ?

    - La nouvelle pompe à phynance


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  • Un signe de plus que la pensée unique est morte, (et que Taddéi en profite comme un petit fou), Frédéric Lordon n'a pas refusé pour une fois une invitation à venir débattre sur une chaine de télévision grand public. Ses propos anticapitalistes qui auraient été inaudibles il y peu, semblent aujourd'hui, la pédagogie de la crise aidant, la pure expression du bon sens. Sur la défensive, l'économiste othodoxe Catherine Lubochinsky avale des couleuvres : décidément, il devient de plus en plus difficile de vouloir confier le secteur bancaire à des intérets privés. Alain Madelin, lui, persiste mais les évidences sont contre lui. Le charme de l'idéologie néolibérale est rompu et elle apparait pour ce qu'elle est : un dogme déconnecté des réalités. Emmanuel Todd, qui traine dans les parages, ne peut s'empêcher de saisir l'occasion pour se payer la tête de notre ancien ministre.

     

     

    Son propos est d'appeler les peuples à reprendre la mains sur la finance, après 30 ans de dictature du capitalisme de dérégulation financière. Voir ci-dessous :

    - Ne pas détruire les banques : les saisir !

    - Et si on fermait la Bourse (émission sur France Inter et article dans le Monde Diplomatique)

    - Pour un système socialisé du crédit

    - Taxe Tobin, SLAM, BLAM, FLAM

    - Quatre principes et neuf propositions pour en finir avec les crises financières

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  • "Jusqu’à présent, à l’automne 2007, il s’agit d’une crise de régulation du système financier (...) L’édiction de nouvelles règles du jeu pourrait a priori éviter qu’une crise du système financier se transforme en une crise du système économique mondial." - Février 2008


    "Le secteur réel est la prochaine victime des excès de la libéralisation et de l’innovation financière sans contrôle. (...) Plus longtemps les autorités publiques tâtonneront dans les moyens de redresser le système financier, plus probable sera la répétition mutatis mutandis de l’équivalent de la grande dépression américaine des années trente (...) Un encadrement de la finance peut réduire la fréquence et la gravité des crises." - 2009


    "La crise est plus grave que celle de 1929. (...) Vous avez trois pôles à peu près égaux, Etats-Unis, Chine et Europe, et chacun a sa crise. Et la crise de l'un se répercute sur les deux autres. C'est extraordinairement dur à gérer. (...) Il ne faudrait ouvrir le marché boursier qu'une fois par trimestre. Ou une fois par an." - Aout 2011


    "Au régime fordiste succède un régime très incertain d'approfondissement des inégalités dans les années 80, puis un régime de croissance fondé intégralement sur le crédit [de sorte que] si le crédit s'arrête, la consommation s'arrête. Le désendettement va durer des années. (...) 

    Si la crise est si grave, c'est à cause de la rupture dans la responsabilité du contrat, institution de base d'une économie de marché. Si je peux éviter de garantir la qualité du contrat, alors, par définition les créances sont socialisées à l'ensemble de l'économie. J'ai une crise systémique dans laquelle seule la collectivité peut récupérer l'extême division du travail. Nous vivons une crise de l'anomie de la division du travail dans la finance. Bonne chance aux banquiers centraux et aux régulateurs parce qu'ils n'ont pas l'information nécessaire [pour intervenir]. La crise est plus complexe et plus grave que celle de 1929. Elle va durer." - Mars 2012 (au Collège de France) :


     Séminaire du 14 mars 2012. Robert Boyer. ''Crise et crises, invariants et nouveautés''


    * * *

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  • Faisons connaissance avec Thomas Piketty, professeur à l'Ecole d'Economie de Paris, spécialiste reconnu des inégalités et de la fiscalité, ayant notamment écrit Les hauts revenus en France au XXème siècle. Dans ses travaux, il pointe du doigts la très forte augmentation des inégalités de revenus et de patrimoines dans les pays occidentaux ainsi que la faillite du modèle social de redistribution en France.

    Proche du parti socialiste et éditorialiste occasionnel au journal Libération, il est la bête noire des riches et de la droite de classe, qui voit en lui un horrible égalitariste menaçant la fortune du bourgeois.

    Au cours de cette conférence au Collège de France, il dresse un portrait du capitalisme au cours des deux derniers siècles et tente d'en tirer des enseignements pour imaginer à quoi pourrait ressembler celui du 21ème siècle. 

    Comme Marx l'avait compris, le capitalisme engendre naturellement des inégalités de revenu et de patrimoine mettant en péril les équilibres sociaux au risque de provoquer des conflits majeurs. La réduction des inégalités obervée au cours du 20ème siècle fut le résultat des catastrophes puis des politiques volontaristes menées pour préserver la démocratie.

    L'aspect inquiétant du capitalisme du 21ème siècle est le retour en force des inégalités et d'une société de classe. Thomas Piketty espère que cette fois-ci la démocratie saura faire face à ce défi sans sombrer de nouveau dans le chaos et la guerre. Extrait :



      

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