• Pour Romaric Godin (La Tribune) "la gauche creuse son tombeau"

    "Ce gouvernement et son prédécesseur, dans sa volonté de « faire moderne » ou « social-démocrate », dans son incapacité ou son manque de volonté à peser sur l'évolution de l'Europe, a lui-même creusé son tombeau et celui de la gauche."

    "Avec un tel président français, il n'y a aucune raison de regretter Nicolas Sarkozy." 

     

    Romaric Godin, journaliste à La Tribune

     

    Manuel Valls ne sauvera pas la "gauche", La Tribune - Juin 2014. Extrait.

    "Cette politique économique que promeut le premier ministre est, d'abord, dans ses grandes lignes, celle qu'a défendu et mise en œuvre le gouvernement de François Fillon à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. C'est une politique de l'offre fondée sur un abaissement du coût du travail et une compression de la demande intérieure afin de regagner de la compétitivité coût. (...)

    Dès lors que la « gauche » politique se range à cette politique, il est inévitable que la confusion s'instaure dans l'esprit des électeurs entre la « gauche » et la « droite. » Et que, partant, la « gauche » perde de son utilité politique. (...)

    Le comportement de Manuel Valls ressemble à celui de ses assassins de mauvais romans policiers qui viennent au commissariat pour déclarer leur crime et apparaître ainsi au-delà de tout soupçon. Ce gouvernement et son prédécesseur, dans sa volonté de « faire moderne » ou « social-démocrate », dans son incapacité ou son manque de volonté à peser sur l'évolution de l'Europe, a lui-même creusé son tombeau et celui de la gauche. Jamais François Hollande n'a tenté d'imposer en Europe une véritable alternative à la vision allemande. Il a fait voter le pacte budgétaire, ses promesses concernant la baisse de l'euro ne sont que poudre aux yeux et il est aujourd'hui inaudible dans le débat qui s'engage sur le changement en Europe. (...)

    Il y a donc un refus de François Hollande et de Manuel Valls de promouvoir une alternative. Logiquement, les Français qui rejettent comme ceux qui approuvent cette politique se détournent de la « gauche. » Le plus inquiétant étant évidemment que le PS laisse là la voix libre à un FN qui n'hésite plus désormais à défendre des solutions keynésiennes qui peuvent apparaître comme « de gauche » pour beaucoup d'électeurs. On le voit très clairement avec la forte poussée de ce parti dans les bastions traditionnels de la gauche, notamment dans le nord de la France. Là encore, les élections européennes auraient dû provoquer une réaction de l'exécutif. Il n'en a rien été puisque l'on « garde le cap. » La gauche continue donc de creuser son tombeau. (...)"

     

    Danke schön, Herr Hollande ! La Tribune - Aout 2012. Extrait.

    "La France, un des derniers pays d'Europe à ne pas s'être converti à l'austérité généralisée prônée par Berlin et Bruxelles, décide désormais de rendre les armes. (...) Avec un tel président français, il n'y a aucune raison de regretter Nicolas Sarkozy. Il fera sans doute un excellent allié pour exiger des Grecs dans quelques jours un nouveau tour de vis et pour faire pression sur le gouvernement espagnol afin que l'on obtienne de Madrid une politique d'ajustement la plus profonde possible. Comment en serait-il autrement ? Comment celui qui, à Paris, prétend que le ralentissement de la croissance oblige à plus d'austérité pourrait défendre l'idée que la récession grecque, espagnole ou italienne doit contraindre à desserrer la vis à Athènes, à Rome ou à Madrid ? (...) Ce qu'elle avait eu tant de mal à imposer à Nicolas Sarkozy, la chancelière l'a finalement aisément arraché au président « socialiste » (il faudra du reste songer à se défaire de ce vocable déplaisant aux oreilles de nos voisins nordiques et qui a conduit à une injuste méfiance d'emblée vis-à-vis de François Hollande)."

     

    France : fluctuat et - non etiam - mergitur, La tribune - Aout 2012. Extrait

    L'économie française stagne, mais est sous la menace d'une récession à l'italienne. Et la stratégie du nouveau président est lourdement responsable de cette situation. (...)

    Le président français a décidé le 29 juin de faire voter le pacte budgétaire pour le plat de lentille d'un plan de relance illusoire et il reste attaché à l'objectif de plus en plus irréaliste de revenir à un déficit de 3 % du PIB l'an prochain. Si sa majorité le suit - et il n'est pas pensable dans notre système politique qu'il n'en soit pas ainsi - il devra donc couper rapidement et largement dans la dépense publique. (...)

    La Tribune

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 28 Septembre 2012 à 10:44

    Pffffiiiiiiiiiiiiiiiiiiiouh ! Je ne savais pas que La Tribune était un repaire d'affreux gauchistes sanguinaires !

    Blague à part, cela laisse  rêveur. Si, même au sein d'un tel journal, on trouve un septicisme aussi affirmé face à la politique économique qui est "la seule possible", TINA, on se dit que ça va devenir de plus en plus difficile de mettre les hérétiques sur un bûcher... De là à changer de cap il y aura encore un grand pas à franchir et on ne peut que s'inquiéter pour tous ceux qui vont payer le coût de ces errements.

    2
    Coma81 Profil de Coma81
    Vendredi 28 Septembre 2012 à 11:33

    Ne nous emballons pas. Romaric godin est le seul qui ait le courage de tenir ce type de propos. Un peu Ivan Best aussi.

    Mais c'est aussi une question de génération. Il a la trentaine. Ca compte.

    3
    Sylroll
    Vendredi 28 Septembre 2012 à 11:43

    étonnant que vous puissiez tomber dans le panneaux des 3% et du pacte.

    1 Le pacte sera une loi organique, donc quand on en voudra plus on la balancera, point barre.

     

    2 Quelles seraient les alternatives au pacte ? Une relance de type Keynésienne qui ne ferais que valider les politiques mercantilistes allemandes, coréennes, chinoises, etc...? Vous voulez encore les nourir ? Sans parler des fonds de pensions et autres zinzin dont la dette publiques est un outil parfait ?

     

    3 Le discours sur la dettes est un outil politique pas économique, il sert juste à faire passer par catastrophisme des mesures hautement impopulaires, lors des élection on a eu le choix de savoir qui aurait le marteau dans les mains, c'est la gauche qui l'a reçu, résultat : Budget 2013 "forte progressivité de l'impôt restaurée". Sans le discours sur la dette vous croyez que cela aurait été possible ?

     

    4 Hollande sait pertinement que l'ensemble n'est pas tenable, il n'attend pas la croissance, il attend que l'Allemagne et les pays du nord morde la poussière à leur tour et que la stupidité de la politique de l'offre fasse toute sa démonstration, après on pourra commencer à discuter, donc on fait comme si, on reprend de l'argent là ou il ne sert à rien (chez les plus aisés) on fait le ménage, on essaie d'injecter de l'argent là ou ça craque (immobilier via HLM et Isolation thermique, etc...) mais on fait comme les autres sans faire pareil, on montre de la bonne volonté à nos partenaires tout en indiquant aux peuples que sabrer dans les dépenses publiques ne sert à rien et qu'il vaux mieux taper sur les riches (l'effet politique peut être extrçemement puissant, notamment pour les gauches européennes)

     

    5 Pour les partisants de la sortie de l'Euro, une précision, ce n'est pas un choix si cela se fait ce sera comme une évidence, un élément inéluctable, mais on ne prend pas le choix d'envoyer en l'air tout le système juste parce qu'on pense qu'il n'est pas viable (ce qu'il est) il doit en faire la preuve, sinon une sortie du financiarisme ne sera compris de personne, que l'on le veuille ou non on est lié avec nos partenaires, la compréhension de tous est essentielle. Et la compréhension elle à déjà commencée de Ricardo on passe à Keynes puis on glissera à Marx, non pas dans un retour du communisme mais plutôt dans une réappropriation des moyens de production à la Rifkins,  plus souple et horizontal (vision optimiste je le concède :) )

     

    S.

     

     

    4
    Vendredi 28 Septembre 2012 à 12:04

    Coma81, je ne m'emballe pas. Le simple fait que La Tribune publie de tels textes, même si son auteur y reste solo ou quasi, est déjà un changement notable, une fêlure dans le TINA... C'est à la fois anecdotique, ça ne va rien changer aujourd'hui, mais aussi le symptôme que le doute s'installe même dans des temples de la vraie foi.

    5
    Coma81 Profil de Coma81
    Vendredi 28 Septembre 2012 à 12:14

    à partageux : en effet.

    à Sylroll : j'aurais pu écrire ce que vous venez de dire.  D'ailleurs, je l'ai écris par ailleurs. Toutefois comme vous le précisez, vous donnez la version "optimiste", l'effondrement de l'euro par lui même. Je pense pour ma part qu'il ne faut pas renoncer à la lutte politique, et que les gens sont capables de comprendre un argumentaire économique sur la sortie de l'euro.

    6
    BA
    Vendredi 27 Juin 2014 à 15:08

    Record historique battu.

     

    Chômage en mai 2014 : catégories A, B, C, D, E :

     

    France métropolitaine :

     

    5 695 700 inscrits à Pôle Emploi.

     

    France entière (y compris l'outre-mer) :

     

    6 024 100 inscrits à Pôle Emploi.

     

    C'est un record historique.

     

    C'est la première fois qu'il y a 6 millions d'inscrits à Pôle Emploi.

     

    Variation sur un mois : + 0,5 %.

     

    Variation sur un an : + 5,1 %.

     

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-CNMTPE.pdf

     

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

     

    -              « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

     

    -              « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

     

    -              « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

     

    -              « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

     

    -              « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

     

    -              « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

     

    -              « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

    7
    BA
    Vendredi 4 Juillet 2014 à 15:17

    En 1815, la Sainte-Alliance, c'était quoi ?

    La Sainte-Alliance est formée le 26 septembre 1815 à Paris par trois monarchies européennes victorieuses de l'empire napoléonien héritier de la France révolutionnaire, dans le but de maintenir la paix dans un premier temps, puis de se protéger mutuellement d'éventuelles révolutions. Sous l'impulsion de Metternich (congrès de Troppau en 1820, congrès de Laybach en 1821) et de son affirmation d'un « droit d'intervention si la situation intérieure d'un État menace la paix de ses voisins », elle devient une alliance contre-révolutionnaire, réprimant les insurrections et les aspirations nationales contraires au maintien de l'ordre de Vienne.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Alliance

    En 2014, la Sainte-Alliance, c'est quoi ?

    C'est l'alliance de trois groupes politiques qui ont le pouvoir au Parlement Européen :

    les conservateurs du PPE (droite)
    les socialistes du S&D (gauche)
    les libéraux de l'ADLE

    Le Parlement européen issu des élections du 25 mai, qui se réunit aujourd’hui à Strasbourg pour sa session constitutive, a, en effet, mis en place un véritable «cordon sanitaire» destiné à isoler les europhobes et à les priver de tous postes de responsabilité. Pour ce faire, les conservateurs du PPE, les socialistes du S&D (socialistes et démocrates) et les libéraux de l’ADLE, trois groupes pro-européens, ont scellé une Sainte Alliance valable pour la durée de la législature (2014-2019).

    http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2014/07/le-parlement-europ%C3%A9en-dresse-un-cordon-sanitaire-autour-des-europhobes.html

    En 2014, la Sainte-Alliance exerce le pouvoir au Parlement Européen.

    Comme en 1815, la Sainte-Alliance est contre-révolutionnaire, elle combat les aspirations nationales et démocratiques, elle combat le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

    Comme en 1815, les patriotes doivent faire la guerre à la Sainte-Alliance.

    Elle doit être combattue, et détruite.

    8
    Vendredi 11 Juillet 2014 à 11:55

    [FN] "ses chances de gouverner un jour sont zéro fois zéro".

     

    J'aurais volontiers dit la même chose jusqu'à la dernière présidentielle. Mais, depuis l'élection de François Hollande et la politique qu'il conduit, je serais nettement plus prudent. Parce qu'il y a une frustration, une haine du PS comme de l'l'UMP, une colère qui ne trouvent pas où s'exprimer. Parce que de nombreux notables locaux de l'UMP sont prêts à faire alliance avec le FN. Parce que la gauche de gauche est en ruines et ne semble, ni prendre la mesure exacte du ressentiment ambiant, ni vouloir faire le ménage dans ce qui la discrédite aux yeux du peuple.

    9
    Samedi 12 Juillet 2014 à 10:11

    A Pauvert,

    On peut trouver beaucoup de chose à redire au texte de Romaric Godin, tant sur la forme que sur le fond. La question n'est pas là. Si je relaie cet article, c'est parce qu'il a été écrit par un journaliste de la Tribune.

    L'information importante est la suivante : certains journalistes de la presse dominante commencent à admettre que :

    - Le PS est en rupture (euphémisme) avec la tradition de gauche telle qu'elle a existé depuis Jaurès.

    - Le PS (et le reste de la gauche d'ailleurs) n'a plus d'affinité particulière avec les classes populaires.

    - Le FN est le  seul parti bénéficiant d'un semblant de crédit auprès des classes populaires, ce qui peut effectivement l'amener à prendre le pouvoir en France.

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