• Varoufakis a démissionné de son poste de ministre de l'économie. Durant les négociations, il a été la bête noire de l'eurocratie, et des Allemands.

     

     

     


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  • (Article fondamental que la gauche radicale devrait méditer...)

    Tsipras-Mélenchon ou Tsipras-De Gaulle ? - Blog Descartes. Extrait.

    Dans cette affaire, on prend un peu trop facilement une position manichéenne et moralisante. D’un côté, la souffrance du peuple grec qui souffre, de l’autre, la cruauté des « institutions » européennes. D’un côté, la légitimité démocratique, de l’autre, la froideur technocratique. Le « gentil » Tsipras contre la « méchante » Merkel. Mais cette vision moralisante est erronée. Alexis Tsipras a été élu pour défendre les intérêts du peuple grec, et il s’honore à le faire. Mais Angela Merkel a été, elle aussi, élue pour défendre les intérêts de son pays. (...)

    Cette crise vient nous rappeler une réalité : le conflit ne se joue pas entre la Grèce et « l’Europe ». Tout simplement parce que « l’Europe » n’existe pas. Il n’y a pas de « peuple européen » pour investir Juncker ou Tusk d’un véritable mandat pour défendre ses intérêts, mandat qui leur permettrait de négocier d’égal à égal avec Tsipras. La légitimité, la vraie, celle qui vient d’une délégation explicitement consentie par les peuples souverains, ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui la détiennent. Ce sont eux qui, in fine, prennent les décisions. Ce sont eux qui en dernière instance détiennent le pouvoir de refuser les ordres de la bureaucratie bruxelloise, de dénoncer les traités, de quitter l’Euro ou même l’Union européenne. (...)

    Tsipras vient de démontrer avec panache que dans l’ordre de la légitimité, son gouvernement est au dessus de n’importe quelle institution européenne. (...)

    La recherche des coupables ne sert à rien. L’affaire grecque n’est pas la lutte du bien contre le mal, du gentil contre le méchant. C’est un conflit entre des intérêts d’Etat. Et dans ce type de conflit, la question n’est pas celle de savoir qui a raison, mais qu’est ce qu’on fait. L’argent prêté par les allemands est parti, il a été dépensé. Qu’il ait été bien dépensé ou mal dépensé ne change rien au fait : les grecs n’ont pas les moyens de rembourser sans faire d’énormes sacrifices, et le fait qu’ils aient moralement tort ne change absolument rien. Mais voilà : Tsipras et Merkel ont chacun reçu un mandat, et ces mandats sont contradictoires. Tsipras ne peut pas revenir à Athènes et expliquer au Voulé qu’il a accepté un nouveau plan d’austérité, et Merkel ne peut revenir à Berlin et expliquer au Bundestag qu’elle a consenti à la spoliation des retraités allemands.


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  • Joseph Stiglitz est un économiste américain de centre gauche. Il a obtenu le prix nobel d'économie en 2001.  

     

    Europe’s Attack on Greek Democracy - Juin 2015 (Extrait)

    Les dirigeants européens commencent enfin à révéler la vraie nature du conflit au sujet de la dette, et la réponse n'est pas agréable: il est question de pouvoir et de la démocratie beaucoup plus que de l'argent et de l'économie.

    En Janvier, les citoyens de la Grèce ont voté pour un gouvernement engagé à mettre fin à l'austérité. (...) Ce souci de légitimité populaire est incompatible avec la politique de la zone euro, qui n'a jamais été un projet très démocratique. (...) Le modèle économique sous-jacent à la zone euro a été fondé sur des relations de pouvoir qui désavantageaient les travailleurs.

    Et, bien sûr, ce que nous voyons maintenant, 16 ans après que la zone euro ait institutionnalisé ce rapport de force, est l'antithèse de la démocratie: Beaucoup de dirigeants européens veulent voir la fin du gouvernement de gauche du Premier ministre Alexis Tsipras.

    Il est difficile de conseiller Grecs comment voter le 5 Juillet. Aucune de ces solutions - l'approbation ou le rejet du mandat de la troïka - sera facile, et les deux portent des risques énormes. Un vote oui signifierait la dépression presque sans fin. (...)

    En revanche, un vote non ouvrirait la possibilité à la Grèce, avec sa forte tradition démocratique, de reprendre en main son destin. Les grecs aurait la possibilité de se façonner un avenir qui, quoique peut-être pas aussi prospère que la situation passée, sera néanmoins beaucoup plus prometteur que la situation actuelle de torture inadmissible. Quant à moi, je sais comment je voterais.

    Project Syndicate

     

     

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  • Jean-Pierre Robin est chroniqueur économique au Figaro. Extrait.

    Depuis cinq ans et demi qu'a éclaté la crise grecque, un spectre hante la zone euro, son éclatement. Il vient en réalité du fond du siècle passé. L'économiste danois Jens Nordvig a ainsi répertorié qu'entre 1918 et 2012 quelque 67 unions monétaires ont volé en éclat. Toutes les tentatives d'États indépendants de constituer une monnaie commune unique ont fini par échouer. On ne connaît pas de contre-exemple.(...)

    Au-delà des considérations financières plus ou moins mécaniques, c'est la nature de l'Union monétaire européenne qui est en jeu, et c'est bien plus grave. À partir du moment où un pays en sort, elle cesserait d'être considérée comme un engagement irréversible pour devenir un simple accord monétaire entre États, comme l'a été de 1979 à 1998 le Système monétaire européen qui a précédé l'euro.

     

     

     


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  • Thomas Piketty: «On a besoin de réformes fiscales et sociales de fond. Pas de cette improvisation permanente» - Interview dans Libération (Extrait)

    "L’Europe s’est construite sur l’idée d’une mise en concurrence généralisée entre les pays, entre les régions, entre les groupes mobiles et les groupes moins mobiles, sans contrepartie sociale ou fiscale. Cela n’a fait qu’exacerber des tendances inégalitaires liées à la mondialisation, à l’excès de dérégulation financière. Des économistes, des intellectuels, des hommes et des femmes politiques disent aujourd’hui qu’il faut sortir de l’Europe. Y compris à gauche, où l’on entend : «N’abandonnons pas la question de la sortie de l’euro, voire de l’Europe, à Marine Le Pen, il faut poser la question.» Ce débat est légitime et ne pourra pas être éludé indéfiniment."

     

     


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  • Gardons le sourire, Par Régis Debray - Le Monde

    Les idéaux sont de libre parcours, et les vocables qui chantent plus qu’ils ne parlent échappent à la propriété industrielle. On ne criera pas au voleur pour le détournement de « République ». L’antiphrase est reine au forum. « Démocraties populaires » désignait des despotismes bureaucratiques, « national-socialisme » une barbarie impérialiste. Le « Front républicain » de Guy Mollet a intronisé la torture dans la République, et un premier ministre socialiste déclarait récemment sa flamme à l’entreprise capitaliste. En matière d’appellation non contrôlée, le contemporain est blasé. Les farces et attrapes de l’habillage égayent une époque par ailleurs assez triste.

    En rebaptisant son parti « Les Républicains », l’exorbitant du monopole mis à part, M. Sarkozy reste dans les plis. Veut-il nous faire savoir que ses partisans ne sont ni monarchistes, ni fascistes, ni anarchistes ? On n’avait pas d’inquiétude là-dessus. Ou encore, que les hérauts de la finance et de la com’, comme ceux du seigle et de la luzerne hier, se rallient, tout bien pesé, à cette forme insolite de gouvernement ? Ce n’est pas une nouvelle.

    Depuis Adolphe Thiers et Albert de Mun, le républicain minimaliste fait partie des bagages de la France. Le tardif débarbouillage signale tout bonnement un artiste politique de talent, qui entend priver ses adversaires de gauche d’un blason ancestral leur permettant, pour sauver les meubles, d’exciper de « la discipline républicaine » en cas de malheur au premier tour. Business as usual. La manip’ ne serait que facétieuse si elle ne touchait, dans le cas d’espèce, au scabreux.

    Le citoyen, cosouverain

    Marianne est laïque. Elle ne met pas l’instituteur au-dessous du curé. Elle est indivisible. Ne reconnaissant pas les communautés comme corps intermédiaires ni comme sujets de droit, elle n’admet pas qu’on ait pu nommer « un préfet musulman », ni installer la coutume du chef de l’Etat assistant au dîner du CRIF. Sociale, elle réunit ses amis plutôt à Belleville qu’au Fouquet’s, et trouve ses sources d’inspiration plutôt chez Péguy et Marc Bloch que chez Johnny et BHL. Fraternelle, elle accueille les demandeurs d’asile, ne rive pas l’identité aux origines et en tient pour le droit du sol. Elle a encore pour langue le français, que la princesse de Clèves partage avec Louis Aragon, non le franglais des avocats d’affaires et des spin doctors.

    Faisant du citoyen un cosouverain, elle suppose la souveraineté du peuple, laquelle exige l’autonomie de la nation, son cadre d’expression. D’où vient qu’une subordination à une organisation politico-militaire sous commande impériale comme l’OTAN lui semble contre-nature. Mettant enfin le jugement personnel au-dessus de l’avis collectif, le sondage n’est pas sa boussole. Elle tient que l’instruction publique a pour finalité l’indépendance de l’esprit autant que l’insertion professionnelle. Bref, sauf à en faire un habit de papier, la République a des exigences, qu’elle a héritées de sa source historique, la Révolution française, et qui ne sont guère mainstream (parlons moderne).

    Cela dit, l’hommage du vice à la vertu, il nous arrive à tous de le pratiquer. C’est monnaie courante. Un ami de M. George Bush, qui, en bon néoconservateur, a jadis fait siens les aveuglements guerriers du leader d’outre-Atlantique, parfaitement insensés et toujours catastrophiques, a bien le droit, après quelques mécomptes, d’abandonner à mi-course la voie américaine pour l’austère voie romaine, fût-elle tempérée par un orléanisme pragmatique. C’est plus que méritoire.

    Le changement de pied a de grands exemples : Paul de Tarse sur le chemin de Damas, ou Charles Quint se retirant au monastère de Yuste pour y battre sa coulpe. N’écartons pas la possibilité du sublime. Montherlant a toute sa place au théâtre français. Offenbach aussi. Conversion ou pirouette ? Coup de foudre ou coup de pub ? Les deux sont autorisés. Jusqu’à plus ample informé, le candide penchera pour l’option opérette. Keep smiling.

    Source : Le Monde

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  • L'idée choc étudiée en Islande : et si on retirait aux banques la capacité de créer de la monnaie ? - La Tribune

    En 2009, l'Islande a connu une crise très aiguë qui a fait suite à une explosion du crédit alimenté par un système bancaire devenu beaucoup trop généreux dans ses prêts et beaucoup trop inconscient dans sa gestion des risques.

    Ni l'Etat, ni la Banque centrale islandaise (Sedlabanki) n'ont pu stopper cette frénésie. « Entre 2003 et 2006, rappelle Frosti Sigurdjonsson, la Sedlabanki a relevé son taux d'intérêt et mis en garde contre une surchauffe, ce qui n'a pas empêché les banques d'accroître encore la masse monétaire. »(...)

    D'où cette idée centrale du rapport de Frosti Sigurdjonsson : ôter aux banques le pouvoir de création monétaire. Comme le souligne l'ancien président de l'autorité financière britannique, Aldair Turner, qui préface le rapport, « la création monétaire est une matière trop importante pour être laissée aux banquiers. »

    Cette idée n'est, en réalité, pas neuve. Après la crise de 1929, des économistes étatsuniens avaient proposé en 1933 le « plan de Chicago » qui proposait d'abolir la capacité des banques à créer par elle-même de la monnaie. Il avait eu un grand succès, mais pas de traduction concrète véritable.

    En 1939, l'économiste Irving Fischer, un de ceux qui avaient examiné de plus près la crise de 1929, avait proposé de transférer le monopole de la création monétaire à la banque centrale. James Tobin, Milton Friedman et d'autres ont également réfléchi sur ce sujet. Mais la proposition islandaise, que Frosti Sigurdjonsson présente comme « une base de discussion » pour le pays, est la première proposition de passage à un autre système qu'il appelle le « système monétaire souverain. »

     


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  • La CGT et l'Europe par agenceinfolibre


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    André Orléan dans Libération, le 24 mars 2015 :

    "La dynamique haussière qui s’est mise en place sur les marchés financiers a pour origine principale la politique monétaire des banques centrales. Alors qu’on attend d’elle qu’elle conduise à une amélioration de la situation de l’emploi en Europe, cette politique de baisse des taux et de liquidités monétaires déversées en abondance par la BCE ne fait que financer le mouvement haussier des marchés financiers. Son effet sur l’emploi est insuffisant. Aussi faut-il changer de politique."

    "Aujourd’hui, c’est l’emballement euphorique. Demain, ce sera la panique."

    "Nous n’avons pas encore pris la mesure des impasses de la financiarisation excessive"

     

    Robert Shiller a identifié une nouvelle bulle financière - Le temps, mars 2015

    Inquiet Robert Shiller? Le Prix Nobel d’économie 2013 était jeudi l’invité vedette de la quatrième journée de la conférence de Credit Suisse sur l’investissement en Asie, à Hongkong. «En 2000, il y a eu ce que j’ai nommé la bulle du millénaire», a rappelé l’Américain, qui venait alors de sortir la première édition de son best-seller Exubérance irrationnelle, juste avant que ce que l’on appelle désormais la bulle Internet n’éclate. En 2005, la deuxième édition évoquait le «boom de la propriété»; deux ans plus tard éclatait la pire crise financière depuis celle de 1929. Hier, évoquant la troisième édition de son livre, sortie fin janvier, Robert Shiller appelle le dernier excès des marchés financiers, le «boom de la nouvelle normalité». Explications.

    Devant une audience captivée, faite notamment de banquiers reconnaissant avoir péché par optimisme par le passé, le professeur de Yale a sorti un graphique montrant que le prix des actions aux Etats-Unis, corrigé de l’inflation, grimpait en flèche. Les plus hauts de 2007 sont dépassés. Le marché des actions n’est pas le seul concerné par cette nouvelle bulle. L’indice mondial du prix de l’immobilier, calculé par le Fonds monétaire international, a pratiquement retrouvé son niveau d’avant la dernière crise financière, a-t-il fait remarquer. Avec des régions ou des villes plus en danger que d’autres, comme Hong­kong et Vancouver; il n’a rien dit de la Suisse.

     

     

    Vous avez aimé la crise financière de 2008, vous allez adorer la prochaine - Extrait de l'Article de Philippe Plassart, journaliste à Lenouveleconomiste.fr

    "L’idée même du risque semble avoir disparu de la tête des investisseurs. Comme s’ils avaient souscrit une assurance tous risques auprès des banques centrales" (...) Les germes d’une prochaine crise – impossible, bien sûr, à dater, mais potentiellement plus dévastatrice – sont probablement déjà semés. Et il n’y a pas pire sans doute que ce sentiment actuel de fausse sécurité qui conduit à fermer les yeux sur ces risques. (...)

    En 2009, les dirigeants du G20 avaient, on s’en souvient, affiché leur volonté de remettre la finance “à sa place”, c’est-à-dire au service de l’économie. Six ans, plus tard, force est de constater que la sphère financière, toujours hypertrophiée, tourne plus que jamais – et de plus en plus vite – sur elle-même, sans autre considération que son propre intérêt. (...)

    Quel sera cette fois le détonateur de la crise ? Viendra-t-il des compagnies d’assurance-vie allemandes qui ont pris tous les risques pour tenir leurs promesses de rendement à 3 % dans un contexte de taux zéro ? Des craquements du vaste marché des “students loans” américains dont le manque de traçabilité commence à effrayer les professionnels les plus aguerris ? Ou bien de la bombe à retardement de la prochaine hausse des taux d’intérêt ?(...)"

     


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  • Eric Verhaeghe est directeur des Affaires Sociales Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA) jusqu'en 2011. En savoir plus

    Extrait de l'article paru sur son blog :

     

    Comment la Grèce a déjà tué l’Europe - Eric Verhaeghe

     

     

     

    " Nul ne sait jusqu’où ira le grand délire tragi-comique de la nouvelle crise grecque. Une chose est sûre: quelle qu’en soit l’issue, l’esprit de coopération entre pays européens est désormais mort. Jamais sans doute la construction communautaire n’aura connu un tel niveau de défiance et de détestation entre ses membres. (...)

    Malgré les affirmations quichottesques de Tsipras encore proférées le week-end précédent (cette terrible manie grecque de mentir, qui complique tant le jeu des négociations), le vice-premier ministre a bien dû reconnaître mercredi que le roi était nu:

    La Grèce connaît actuellement « un problème de liquidité » que pourrait résoudre le déblocage d’une tranche d’aide au pays mais ce versement bute sur l’« interprétation » de l’accord passé avec les partenaires européens en février, a indiqué, mercredi soir, le vice-premier ministre grec Ioannis Dragasakis dans une interview sur la chaîne grecque Alpha mercredi soir.

    Oups! ça sent le roussi pour les Grecs!

    Cet aveu intervenait au moment où la BCE sauvait une fois de plus l’Etat grec de la faillite en relavant de 400 millions d’euros le plafond de liquidités d’urgence mises à la disposition des banques grecques par la banque nationale. Ce coup de pouce valait à la Grèce une remarque acide du cruel Schaüble: « Le temps est compté pour la Grèce », déclarait-il le même jour.

    C’est, redisons-le, la vraie victoire de Syriza: celle d’avoir définitivement tué le fonctionnement normal de l’Union, d’avoir jeté bas les masques. Il existe désormais en Europe une table des adultes où les décisions se prennent, et une table des enfants où elles s’appliquent. Elle est bien morte, le collégialité du traité de Rome.

    Et pendant ce temps, les caisses grecques se vident, rapprochant chaque jour un peu plus le continent d’une faillite généralisée."

     


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