• Vers la guerre civile ? - Jacques Sapir

    Extraits du texte : http://russeurope.hypotheses.org/4352

    Cette perte de souveraineté a été progressive, et c’est probablement pour cela qu’elle a tardé à se manifester. Aujourd’hui, l’accumulation de petits renoncements, de petites soumissions, a induit un véritable changement qualitatif. Cette perte de souveraineté ne se fait pas au profit d’un Etat particulier, mais au système bureaucratique qui s’est mis en place à travers l’Union européenne, de Bruxelles à Francfort. Elle est devenue évidente avec les événements de l’état 2015 en Grèce qui ont montré aux yeux de tous quelle était la véritable nature des institutions européennes et pourquoi ces dernières sont radicalement incompatibles avec toute forme de démocratie. Bien des yeux se sont dessillés à cette occasion. On comprend aussi que cette perte de souveraineté ne peut que favoriser le glissement, désormais de plus en plus rapide, vers un Etat collusif, prélude à la mise en place d’un Etat réactionnaire. Mais, cette perte de souveraineté peut aussi conduire à la guerre civile, qui sera alors l’occasion rêvée qu’attendent certains pour mettre en place cet Etat réactionnaire. (...)

    La refondation de l’ordre démocratique est aujourd’hui, ici et maintenant, la seule démarche qui soit porteuse d’avenir et de paix civile. C’est la perspective qui apporte le plus de garanties au maintien d’une société qui soit relativement pacifiée et en conséquences, stabilisée. C’est pourquoi, aujourd’hui, la défense de l’ordre démocratique et de ses fondements, la souveraineté et la laïcité, prend la dimension d’un impératif catégorique. (...)

    Mais, cette refondation peut imposer ou impliquer des éléments de populisme. Pour combattre la tendance spontanée des bureaucraties à produire des lois sans se soucier de leurs légitimités, le recours à des éléments de légitimité charismatique s’impose. C’est le sens de la réintroduction, sur des questions essentielles, des procédures référendaires qui relèvent en partie de cette forme de légitimité. Surtout, il convient de se rappeler que les pouvoirs dictatoriaux, dans leur sens initial et non dans le sens vulgaire qu’a pris le mot de « dictature », font partie de l’ordre démocratique. Il ne faudra donc pas que notre main tremble, que l’action de tous soit interrompue, quand se posera la question de l’abrogation de lois prises dans des conditions certes légales mais entièrement illégitimes.

    La boussole en ces temps incertains devra être comme toujours la défense de la souveraineté de la Nation, et le rassemblement autour de son souverain, c’est à dire le peuple. La nature de ce dernier est en effet claire. Elle est toute entière dans cette magnifique formule héritée de la Révolution Française qui dit que la démocratie est le gouvernement « du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Mais il convient d’affirmer que le peuple est conçu comme un ensemble politique soudé autour du bien commun, soit de la Res Publica. C’est cela, et cela seul, qui sera notre viatique pour affronter les tempêtes à venir.


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  • Commentaires

    1
    Myla
    Vendredi 9 Octobre 2015 à 14:29

    Bonjour,

    Sapir est certainement un excellent économiste. En tout cas il a les idées claires sur l'euro...Mais c'est un piètre homme politique, et un homme politique dangereux.

    La dictature on sait ce que ça donne , et particulièrement en Europe: aucune fin ne vaut que l'on utilise ce moyen, contrairement à ce que pensait et disait et faisait Staline. Le terme utilisé par Marx ne désignait pas ce qu'on a connu bien sûr... Mais on l'a connu, car les hommes sont ce qu'ils sont et que  les passions entraînent les passions; pour le pire. Ce sont les institutions qui permettent de juguler  le déchaînement des passions, vers l'abîme des haines. C'est pourquoi les institutions européennes anti-démocratiques sont dangereuses, et ce n'est pas en faisant pire dans les états nations que cela règlera les choses.

    Ce terme de dictature, Sapir comme tout un chacun sait ce qu'il signifie, il ne peut  pas faire semblant. Ceux qui se rallieront à ce discours seront soit des naïfs, soit des hommes et des femmes sans scrupules. Je pense qu'il y a des tas de gens tentés par l'aventure, ( à chaque fois que quelque chose va mal, ils sont légion ceux qui se disent qu'une bonne guerre va effacer tout nous malheurs..., comme par magie) ,  mais l'Histoire a montré que ni la force (la dictature) ni la guerre n'ont  jamais conduit au bonheur du peuple. Ce sont les gens du peuple qui souffrent le plus en situation de conflit: les autres émigrent ou s'arrangent... les institutions démocratiques, toutes imparfaites soient elles, sont les meilleures garantes des droits des plus faibles. le parti communiste français comme tu l'as autrefois écrit avait renoncé à toute forme de prise de pouvoir par la force: c'est ce qui en fait sa grandeur.

    Le manque de clarté de ce discours est patent: référendum sur quoi? pour quoi faire, et puis cet appel à ce que la main ne tremble pas? La main de qui? QUI est ce nous? Comment t-il au pouvoir?   Ce flou volontaire est dangereux.

    C'est très grave, de la part de Sapir, un intellectuel jusque là respecté à la gauche de la gauche,  de prendre ce type de position, au moment où la société est très stressée. Ce texte, mis au bout du précédent l'éclaire dans un sens peu flatteur pour son auteur; j'attends de lui qu'il se reprenne, qu'il dise son erreur; ou qu'il s'explique clairement... mais j'ai peur qu'il ne s'enferre par orgueil...

    Je suis pour la non agression de l'autre qui conduit aux escalades, je suis pour la décélération, le retour au calme, le dialogue, le respect de l'autre. Sapir ici entretient ce que René Girard décrit comme la source des guerres: la "montée aux extrêmes".

    On ne prône pas la dictature (de qui sur qui, et de quel droit?) au nom de la démocratie (!). Et on ne prône pas le populisme en même temps que la dictature: le message de Sapir paraît ici très clair, malgré ses dénégations: il désirerait un pouvoir fort pour arriver à ses fins malgré la volonté du peuple: il est pour la souveraineté nationale, et de fait contre la souveraineté du peuple, alors qu'il affirme le contraire!

    La souveraineté nationale n'a de sens que par la souveraineté populaire, qui n'est pas le populisme. Seule la démocratie peut asseoir la souveraineté du peuple. Réformons les institutions pour que cette souveraineté soit respectée, (la 6ème république), mais pas de dictature,  qui suppose une minorité éclairée, agissant pour le bien du peuple... de sinistre mémoire. Sapir affirme vouloir plus de démocratie, mais il appel à la dictature, qui s'exerce, comme chacun sait contre le peuple, qu'il dit cependant souverain. Je crois qu'il n'est pas honnête.

    La souveraineté nationale sans la souveraineté du peuple, c'est Vichy, c'est l'union soviétique... C'est l'écrasement des libertés individuelles au profit de quelques oligopoles ou oligarches,  c'est la négation du citoyen et de ses aspirations.

    A l'heure où la crise écologique s'affirme,  nous avons plus que jamais besoin de citoyens libres, solidaires, créatifs, engagés dans les territoires pour que notre vie et celles des "générations futures" soit encore possible. La démocratie est une nécessité absolue pour cet engagement là.

    Les citoyens ont besoin en plus d'un travail et d'un niveau de vie matériel satisfaisant, de reconnaissance sociale, qui seule permet d'être créatif, de prendre des initiatives localement, de prendre son destin, et le destin de la nation, qui n'est autre que la réunion de tous ses citoyens agissants, en main,  pour le bien commun. L'économiste Sapir  a oublié ces aspects des aspirations humaines. pas plus que le gouvernement actuel il ne respecte ses concitoyens, voulant imposer du haut, de manière autoritaire, ce que nous ne pouvons imposer par les urnes.... Pourquoi ne prône -t-il pas une reprise en main, par les gens, de leur vie, de leurs territoires, à travers des monnaies locales par exemple? Pourquoi veut-substituer au bulletin de vote (hormis référendum destiné à prendre le pouvoir ce me semble), et aux actions citoyennes,  des institutions non démocratiques, aliénantes?

    Cordialement,

    Myla

     

     

     

     

     

     

    2
    myla
    Vendredi 9 Octobre 2015 à 15:46

    Sapir semble ne pas voir d'alternatives au monde actuel en dehors de l'action des gouvernements. c'est pourquoi il cherche désespérément à faire des alliances

    Il oublie l'histoire de France: le Front Populaire qui est mis au pouvoir démocratiquement et qui met en place une mesure qui n'était demandé par aucun parti de gauche: les congés payés; la résistance du peuple pour résister à un état collaborateur. Tout ça n'a été possible que par la volonté du peuple qui a donné la direction, à travers les pressions,  ou les actions, qu'il a exercé; la lutte des classes en bref.

    Je pense qu'aujourd'hui , confrontés aux crises,  économiques mais surtout écologiques, des tas de gens, dégoûtés des politiques  des sociaux libéraux, et des libéraux (nommons les choses par leur nom) mettent en oeuvre des alternatives qui ne sont pas celles que les politiques et les économistes attendent, et donc qu'ils ne voient pas,  ignorent,  méprisent peut-être, car elles ne sont pas dans leurs champs de préoccupation....

    Je pense que c'est le cas de tous ceux qui s'expriment sur ce blog, qui, du coup, tournez en rond en vous demandant comment sortir de la crise économique (l'autre vous n'en avez pas conscience, vous pensez, éventuellement que vous ne la verrez pas alors qu'elle est déjà là),  alors que les causes en sont les mêmes: le néo libéralisme  et les inégalités sociales et de pouvoir, au sein de nos sociétés, qui aboutissent en se renforçant l'un l'autre au pillage des richesses de la planète.

    Ces pratiques alternatives , sont de même nature que celles qui avaient été mises en place par les ouvriers au 19ème siècle pour faire face à la misère: (à l'époque :sociétés mutuelles, coopératives: aujourd'hui: Systèmes d'échange locaux (SEL), AMAP, Circuits courts, dons, prêts... et puis aussi  coopératives de consomm'acteurs et producteurs... pour consommer MOINS mais en favorisant les producteurs locaux... installation de paysans soutenus par des coopératives de même type, etc...  Elles permettent de ne pas baisser la garde contre le néolibéralisme, elles font de plus en plus d'émules, elles contournent les interdictions (semences paysannes), elles ont en commun la recherche du partage et le respect de l'autre , l'espérance dans une dynamique de changements.

    Elles ne permettent pas le changement politique et macroéconomique, mais je pense qu'elles le préparent, comme les mouvements du passé ont permis d'améliorer le sort des ouvriers et dans le même temps des classes populaires toutes ensembles.

    Cordialement,

    Myla

    3
    BA
    Jeudi 29 Octobre 2015 à 10:24

     

    Jeudi 29 octobre 2015 :

     

     

     

    L’Allemagne va renvoyer des dizaines de milliers de demandeurs d’asile.

     

     

     

    Trois jours après avoir péniblement mis sur pied un plan d’urgence pour mieux coopérer face à l’afflux de réfugiés, les pays européens piétinent leurs engagements et se déchirent à nouveau. Mercredi 28 octobre, le gouvernement autrichien a annoncé son intention de construire une clôture à sa frontière slovène d’où sont arrivés ces dernières semaines plusieurs dizaines de milliers de migrants.

     

     

     

    « Nous voulons pouvoir contrôler les gens et, pour cela, certaines mesures se sécurité sont nécessaires », a déclaré le chancelier social démocrate autrichien Werner Faymann à l’issue du Conseil des ministres. C’est après la Hongrie nationaliste de Viktor Orban le deuxième pays de la zone Schengen à ériger une barrière physique à ses frontières. Le risque de réactions en chaîne s’accroît. Le Premier ministre slovène Milo Cerar a rappelé que son pays « avait déjà préparé un scénario similaire depuis un bon moment » et que le gouvernement était « prêt à édifier une barrière » à sa frontière avec la Croatie dès qu’il le jugerait nécessaire.

     

     

     

    Les dirigeants allemands, jusqu’ici en bons termes avec l’Autriche, ont durci le ton, mercredi. Le ministre de l’Intérieur allemand Thomas de Maizière a accusé les autorités autrichiennes de conduire de nuit des groupes de réfugiés à la frontière allemande, laissant entendre qu’il s’agissait de les aider à passer sans être repérés. Avec l’entrée en vigueur le week-end dernier de mesures visant à déconstruire l’image d’Eldorado de l’Allemagne, le gouvernement sous pression d’Angela Merkel semble décidé à reprendre l’offensive. En ajoutant l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro à la liste des « pays d’origine sûrs » dont les ressortissants n’ont pas besoin de protection juridique, Berlin espère pouvoir renvoyer dans leur pays, après examen de leur dossier, des dizaines de milliers de demandeurs d’asile en provenance des Balkans.

     

     

     

    « Dans les semaines à venir le nombre des rapatriements, des retours volontaires et des expulsions va considérablement augmenter  », a dit, mercredi, le ministre de l’Intérieur allemand. Entre janvier et septembre, les Albanais et les Kosovars ont représenté près de 100.000 demandes d’asile sur les 577.000 enregistrées.

     

     

     

    De son côté, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a demandé aux Afghans de rester chez eux. «  L’Allemagne et ses alliés ont maintenu leurs troupes en Afghanistan plus longtemps que prévu pour protéger les civils, qui ne doivent plus quitter leur pays ». «  Et s’ils viennent nous devons les renvoyer », a t-il ajouté.

     

     

     

    http://www.lesechos.fr/monde/europe/021438555263-lallemagne-va-renvoyer-des-dizaines-de-milliers-de-demandeurs-dasile-1170136.php

     

    4
    Samedi 31 Octobre 2015 à 13:33

    Hello bonjour

    Je vais en rajouter une couche.

    Une simple petite remarque du modeste scientifique que je suis.

    L'économie n'a jamais été une science tout comme la climatologie.

    Tous ceux qui se prétendent laïcs ont une autre religion qu'ils tiennent à cacher ces hypocrites.

    En disant cela je sais déjà que je vais assister à une réprobation quasi unanime.

    Il ne faut pas hésiter à faire des vagues de temps en temps.

    Bravo pour ce blog qui met en relief les chimères des uns et des autres.

    La politique c'est un peu comme les langues d’Ésope.....

    Je repasserais de temps en temps

    Jo

     

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