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Jean Pierre Chevènement en faveur d'une monnaie "commune"
"Si on ne convainc pas l’Allemagne de changer les règles de l’euro, nous serons inévitablement conduits à reprendre notre liberté monétaire"
"Plutôt que d'assister passivement à l'effondrement de l'euro et aux catastrophes économiques et sociales qui s'ensuivraient, je propose d'étudier de manière concertée un plan B et d'organiser la mutation de l'euro en monnaie commune réservée aux transactions extérieures."
C'est une erreur d'avoir réduit l'Europe à une monnaie, Jean-Pierre Chevènement - Juin 2012. Extrait.
"La monnaie unique a une force symbolique que je ne sous-estime pas, même si je ne crois pas que, comme disait Nicolas Sarkozy, « l’Europe, c’est l’euro ». L’Europe devrait être un projet de civilisation. C’est une erreur de l’avoir réduite à une monnaie, de surcroît unique. La monnaie unique fait en effet l’impasse sur les nations et leurs irréductibles différences de structures économiques, politiques et culturelles.
Les concepteurs de la monnaie unique pensaient qu’avec le « pacte de stabilité », les économies finiraient par converger. Pari bien léger : l’expérience des unions monétaires a montré, soit qu’elles finissaient par exploser, faute de véritable unité politique (union latine, union scandinave), soit qu’elles renforçaient les inégalités de départ en polarisant la richesse et le sous-développement aux extrémités (...)Il faudrait un « atterrissage en douceur ». La sagesse voudrait que nous revenions à terme à un euro « monnaie commune ». L’euro resterait la devise commune de tous les pays européens qui le souhaitent : ceux de la zone euro mais d’autres aussi, qui se sont tenus jusqu’ici à l’écart. L’euro vaudrait dans les transactions internationales et les monnaies nationales recréées ne seraient convertibles qu’en euros. Ce SME bis permettrait, à travers des parités négociées, de tenir compte des écarts de compétitivité qui se sont creusés. Cela dit, un tel projet raisonnable est sans doute optimiste…"
Dans Marianne
De la nécessité d'un plan B, JP Chevènement - Janvier 2012. Extrait.
(...) Les acteurs de l'économie ont d'ores et déjà intégré la possibilité d'un naufrage de la zone euro. La Grèce ne pourra sans doute se relever qu'en recouvrant sa souveraineté monétaire et en dévaluant très fortement. A bien y réfléchir, comment le Portugal et l'Espagne pourraient-ils renouer avec le dynamisme économique sans l'aide d'une dévaluation qui leur donnerait l'oxygène qui leur fait aujourd'hui défaut ? Elargissons le raisonnement : pouvons-nous nous-mêmes assumer le coût gigantesque du statu quo sur notre économie en termes de chômage, de retard d'investissement, de déficits publics? (...)
Dans Sortir la France de l'impasse (Fayard, octobre 2011), je me faisais l'avocat d'une refonte complète de l'architecture de la zone euro. Intervention massive de la Banque centrale européenne sur le marché de la dette et extension de ses missions, abaissement du cours de l'euro face au dollar et au yuan, gouvernement économique de la zone privilégiant la coopération à la compétition. Malheureusement l'actuel gouvernement allemand ne veut pas de cette solution, pourtant la seule à pouvoir préserver la monnaie unique et offrir un répit d'au moins quelques années. Thomas Mann a écrit que l'Allemagne était trop grande pour ne pas chercher à dominer l'Europe, mais aussi trop petite pour y parvenir. C'est pourquoi il préconisait une "Allemagne européenne".
L'Europe, elle-même, si elle veut continuer à exister comme un pôle entre l'Amérique du Nord et l'Asie, ne peut être qu'européenne. L'intuition du général de Gaulle reste pleinement valable. Il n'y a plus de place pour un leadership allemand ou français en Europe, mais il y a une responsabilité particulière de nos deux pays, à l'articulation de l'Europe germanique et de l'Europe latine.
Plutôt que d'assister passivement à l'effondrement de l'euro et aux catastrophes économiques et sociales qui s'ensuivraient, je propose d'étudier de manière concertée un plan B et d'organiser la mutation de l'euro en monnaie commune réservée aux transactions extérieures. (...)"Source : Le Huffington PostJean Pierre Chevènement sur France Info - 13 Septembre 2011
Verbatim :
"La zone euro est une zone hétérogène. On a mis ensemble 17 pays qui diffèrent énormément par leur structure économique, industrielle. Ca ne peut pas marcher. L’Allemagne a une dette qui approche 2.000 milliards d’euros ; elle ne veut pas ajouter à cette dette les 3.400 milliards de dette des pays sous tension. Cela dit, il faut essayer une certaine solidarité européenne (...) La Grèce ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt, la forêt c’est la crise de l’euro en tant que conception. Soit en donnant à la banque centrale la possibilité d’agir contre la spéculation (...) Soit on revient à une monnaie commune, des monnaies nationales valables en interne qui peuvent fluctuer. L’euro serait réservé aux usages internationaux. Que l'on prépare un plan alternatif sérieux. Les contribuables ne vont pas venir à nouveau au secours des banques pour leur permettre de persévérer dans leurs mauvaises habitudes"L’euro est un choix erroné et la France doit sortir de la logique des marchés financiers, Juillet 2011
"Il faut inventer ! sortir de la domination des marchés financiers. Revoir les règles du jeu de l’euro. Ouvrir à la BCE de nouvelles missions : soutenir la croissance et l’emploi, agir sur le cours surévalué de l’euro, racheter les titres de dette pour casser la spéculation. Le défaut de la Grèce est inéluctable car la récession creuse le déficit et la dette. Le FMI et l’Europe n’ont pas d’autre but que de faire rentrer les créanciers, c’est-à-dire les banques, dans leurs fonds. Si on ne convainc pas l’Allemagne de changer les règles de l’euro, nous serons inévitablement conduits à reprendre notre liberté monétaire. Il vaudrait mieux que ce soit à l’intérieur d’un SME bis et sous le toit européen d’un euro devenu monnaie commune. "
Censuré dans Le Figaro
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