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    Grèce : pourquoi Syriza risque la défaite - Romaric Godin dans La Tribune. Extrait :

    (...) Après six mois de discussions avec les créanciers, le gouvernement Tsipras n'est pas parvenu à tenir son pari d'en finir avec l'austérité dans la zone euro. L'économie grecque a été mise à rude épreuve à partir de fin juin lorsqu'a été établi le contrôle des capitaux. Le pays est épuisé et tente de retrouver une certaine normalité. Même si ce mémorandum va entretenir la récession, il est logique que les Grecs ne soient guère tentés par un nouveau bras de fer. Le moment historique est passé et beaucoup seront sans doute tentés par l'abstention ou le vote blanc plus que par le vote protestataire.

    Du reste, en signant le troisième mémorandum, Alexis Tsipras a désarmé le vote anti-austéritaire qui avait été majoritaire trois fois depuis 2012. Les deux partis de sa coalition gouvernementale, Syriza et les Grecs Indépendants (ANEL), sont passés dans le camp d'en face. Dès lors, pour la première fois depuis 2012, les créanciers sont sereins avant les élections du 20 septembre, ils savent que le mémorandum sera, pour la première fois majoritaire. Aussi n'ont-ils pas, cette fois, à donner de consignes de vote. La démocratie grecque a été « neutralisée. » (...)

     

     


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  • « Avis à la gauche française, toutes tendances confondues : au cas où vous ne vous en seriez pas rendu compte, le tournant néolibéral de Mitterand-Delors (avec des ministres communistes au gouvernement) en 1982-1983 et les reniements qui ont suivi, c’était de la petite bière comparé à ce qui se passe actuellement en Grèce. Pensez-y et essayez d’éviter de paraître ridicules quand vous relirez dans quelques mois ce que vous écrivez ou ce que vous dites maintenant. »

    Professeur Kouvelakis

     

     

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    Que nous dit ce graphique ? Il y a une certaine corrélation entre l'indice PMI (qui exprime la santé de l'industrie du pays) et l'évolution du PIB. L'effondrement historique du PMI en Grèce est de très mauvais augure.

    Que s'est-il passé qui explique cette catastrophe ? L’asphyxie des banques grecques par la BCE a provoqué l'arrêt brutal de l'activité économique du pays.

    C'est une victoire totale pour l'eurocratie : leur objectif principal est atteint : ils ont maté la révolte des gueux menée par Syrisa. Raclée électorale à prévoir en Novembre pour Podemos en Espagne. 

    Mais victoire idéologique aussi : le gouvernement Syrisa a refusé la sortie de l'euro considérée comme destructrice. Les dominés sont à ce point intoxiqués par le discours dominant que même la réalité brutale de la catastrophe dans l'euro ne peut les convaincre de la rupture nécessaire avec l'euro.

    Bilan : il ne restera rien de l'expérience Syrisa, si ce n'est une bonne leçon à méditer pour les survivants de la gauche radicale.

     

     

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    "Tsipras aura fait ce qu’il a pu, dans le cadre du mandat qu’il avait sollicité. Et il l’a fait avec un certain panache et beaucoup d’intelligence. Ce faisant, et probablement sans le vouloir, il a mis en lumière les contradictions et les non-dits de la « construction européenne ». Il a montré que le roi européen était nu. Mais on ne peut raisonnablement pas lui demander plus. Le vote au Parlement grec montre qu’il n’avait pas derrière lui le soutien populaire nécessaire pour s’embarquer dans une sortie de l’Euro. C’est malheureux, mais il faut peut-être aux peuples boire le calice de l’austérité jusqu’à la lie pour comprendre qu’une sortie de l’Euro, quelque soit son coût, sera sur le long terme moins chère que le fait d’y rester". Blog Descartes

     

    "Cet accord revient à une destruction complète de la souveraineté nationale, et sans espoir d'amélioration." Paul Krugman (1)

    "A mois que Merkel ne finisse miraculeusement par proposer un plan moins destructeur, la sortie de l'euro, aussi terrifiante qu'elle soit, serait préférable". Paul Krugman (2)

     

    "Après six mois d’une vraie guerre en plein cœur de la zone euro, un armistice extrêmement douloureux est proposé aux Grecs. " Jean-Michel Naulot dans Libération

     

    "En attendant la suite, la démonstration de force qui a été opérée soulève le cœur. La Grèce ne va pas sortir de l’euro, mais c’est au prix de la poursuite de son effondrement. (...) La crise politique va pouvoir se donner libre cours, en Grèce et dans toute l’Europe. C’est le prix que les créanciers vont devoir payer". François Leclerc

     

    "Politiquement, cet accord aboutit à mettre la Grèce en tutelle, à l’assimiler dans les faits à une colonie privée de tout pouvoir réel". Jacques Sapir

     

    "Ils ont osé se rebeller, mais cette rébellion est secondaire en regard de leur incohérence et leur inconséquence. Depuis le début, l’équipe de Syriza fait la preuve de son incompétence. Elle n’a pas compris qu’elle n’avait qu’une arme, l’arme atomique qui consiste à avoir le courage d’aller jusqu’au bout. (..) De toutes façons, pour Syriza depuis le premier jour, c’est tout ou rien. Il était évident qu’en cas de défaite ils seraient balayés, mis aux poubelles de l’histoire".  Bruno Bertez


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    Le feuilleton grec : suite et fin ?

     

      

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    En 2015, la gauche grecque au pouvoir fait face aux mêmes dilemmes que les précédents gouvernements.

    Parmi les 5 scénarios exposés dans le document ci-dessous (mis en ligne par la BBC en 2012), jusqu'à présent, les gouvernements grecs ont toujours "choisi" - sous la pression - le plus mauvais pour leur pays :

    1. ... l'acceptation des plans d'austérité sans fin  précipitant leur pays en dépression économique.

    2. Syrisa a accédé au pouvoir en faisant campagne contre l'austérité. L'objectif initial était de sortir le pays de l'impasse en arrachant aux créanciers des concessions importantes. Plutôt que dégager des excédents budgétaires considérables de façon à rembourser la dette - au risque de voir sombrer encore un peu plus l'économie grecque - le nouveau gouvernement souhaitait utiliser les marges de manœuvre retrouvées pour relancer l'économie. Du point de vue allemand, le risque est la contagion politique d'un tel scénario (moral hazard). La victoire de Syriza en Grèce ouvrirait la voie à celle de Podemos en Espagne. L'union de transfert étant inenvisageable pour les Allemands, Syrisa s'est heurté pendant 6 mois à l'opposition farouche de l'Eurogroupe.

    3. Le scenario "political turmoil" (troubles politiques) est en train de se réaliser. Sans accords signés, les financements européens sont gelés. De sont côté, la BCE étrangle les banques grecques en rationnant leur refinancement. C'est la stratégie du "noeud coulant" dénoncé par Syrisa depuis son arrivé au pouvoir. Résultat : les banques sont fermées et menacées de faillite ; les salaires des fonctionnaires et les retraites risquent de ne plus être honorés. La paralysie de l'économie ne peut perdurer sans provoquer des troubles politiques. 

    4. Face à cette situation catastrophique, Tsipras semble vouloir renoncer à son programme initial : il accepte l'austérité mais à la condition impérative que la dette publique soit restructurée. C'est le scenario du compromis, privilégié par la France et les Etats-Unis, et qu'il reste à faire accepter à l'Allemagne. Comment interpréter le choix de Tsipras ? Capitulation ou victoire politique pour avoir fait reculer l'Allemagne ? C'est alors certainement une victoire à la Pyrrhus : l'austérité continue de dégrader l'économie grecque. Reste aussi le problème de compétitivité de la Grèce dans la zone euro qui installe le pays dans une situation déflationniste.

    5. Tsipras a mis les Allemands en situation de trancher : si ceux-ci refusent de restructurer la dette grecque, l'explusion de la Grèce de la zone euro devient inévitable, sans que le gouvernement grecque ait pris lui-même la décision. C'est sûrement l'espoir secret du premier ministre grec.

     

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  • Varoufakis a démissionné de son poste de ministre de l'économie. Durant les négociations, il a été la bête noire de l'eurocratie, et des Allemands.

     

     

     


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  • Eric Verhaeghe est directeur des Affaires Sociales Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA) jusqu'en 2011. En savoir plus

    Extrait de l'article paru sur son blog :

     

    Comment la Grèce a déjà tué l’Europe - Eric Verhaeghe

     

     

     

    " Nul ne sait jusqu’où ira le grand délire tragi-comique de la nouvelle crise grecque. Une chose est sûre: quelle qu’en soit l’issue, l’esprit de coopération entre pays européens est désormais mort. Jamais sans doute la construction communautaire n’aura connu un tel niveau de défiance et de détestation entre ses membres. (...)

    Malgré les affirmations quichottesques de Tsipras encore proférées le week-end précédent (cette terrible manie grecque de mentir, qui complique tant le jeu des négociations), le vice-premier ministre a bien dû reconnaître mercredi que le roi était nu:

    La Grèce connaît actuellement « un problème de liquidité » que pourrait résoudre le déblocage d’une tranche d’aide au pays mais ce versement bute sur l’« interprétation » de l’accord passé avec les partenaires européens en février, a indiqué, mercredi soir, le vice-premier ministre grec Ioannis Dragasakis dans une interview sur la chaîne grecque Alpha mercredi soir.

    Oups! ça sent le roussi pour les Grecs!

    Cet aveu intervenait au moment où la BCE sauvait une fois de plus l’Etat grec de la faillite en relavant de 400 millions d’euros le plafond de liquidités d’urgence mises à la disposition des banques grecques par la banque nationale. Ce coup de pouce valait à la Grèce une remarque acide du cruel Schaüble: « Le temps est compté pour la Grèce », déclarait-il le même jour.

    C’est, redisons-le, la vraie victoire de Syriza: celle d’avoir définitivement tué le fonctionnement normal de l’Union, d’avoir jeté bas les masques. Il existe désormais en Europe une table des adultes où les décisions se prennent, et une table des enfants où elles s’appliquent. Elle est bien morte, le collégialité du traité de Rome.

    Et pendant ce temps, les caisses grecques se vident, rapprochant chaque jour un peu plus le continent d’une faillite généralisée."

     


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  • "La Grèce est donc entrée dans la deuxième phase de la politique de « super-austérité », celle où les agents économiques, qu’il s’agisse des entreprises ou des ménages, fuient massivement l’économie officielle et cessent de payer les impôts." (2013)

    "Les dirigeants qui ont signé le mémorandum soit ignorent tout de l’économie et de l’histoire, car nous savons depuis les années 1930 que de telles politiques sont condamnées à l’échec, soit ont sciemment commis un crime contre leur propre pays.(...) Le gouvernement Grec peut réquisitionner la Banque Centrale et créer des Euros." (2012)

     

    L'effondrement économique de la Grèce - Jacques Sapir

     

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  • En 2002, la crise argentine atteignait son paroxysme avec la fin de la parité fixe du peso avec le dollar. Les deux textes que Joseph Stiglitz écrivit à l'époque, expliquant les enchaînements de la crise et les erreurs commises, offrent un parallèle confondant avec la  situation actuelle en Grèce. Un texte de juin 2012 de l'Office Français des Conjonctures Economiques s'inspire du scenario argentin pour imaginer celui d'un retour au drachme. 

    Tout comme la Grèce, l'Argentine a été la "bénéficiaire" de plan de sauvetage par le FMI consistant en des prêts en contrepartie de mesures d'austérité :

    L'austérité fiscale devait rétablir la confiance. Mais les chiffres des programmes du FMI n'étaient que fiction. Tout économiste digne de ce nom aurait pu prédire que les politiques de réductions fiscales allaient inciter un ralentissement, et que les objectifs du budget ne seraient pas atteints. Inutile de préciser que le programme du FMI ne remplit pas ses engagements. La confiance se rétablit rarement quand l'économie entre dans une récession profonde avec un taux de chomâge à deux chiffres. (Stigiltz)

    Finalement, suite à l'échec du plan, un gouvernement "révolutionnaire" arriva au pouvoir et congédia le FMI en annnulant la dette :

    L'écroulement de l'économie argentine est à l'origine de la plus importante cessation de paiement de toute l'histoire. Tous les experts sont d'accord pour affirmer qu'il ne s'agit que du dernier épisode dans un ensemble de politiques de subventions orchestrées par le FMI, qui a ainsi gaspillé des milliards de dollars sans parvenir à sauver les économies que ces subventions devaient aider. (Stiglitz)

    Déjà à l'époque, plutôt que d'admettre l'absurdité de la politique économique menée par les banquiers internationaux, la propagande s'acharna sur la corruption d'un pays impropre à la bonne gouvernance. On pense fortement à ce que la Grèce subit chaque jour comme insulte de la part de ses "sauveurs" : 

    Le FMI travaillera d'arrache-pied à se débarrasser de ces accusations : on parlera de corruption, ou du manque d'engagement argentin dans les mesures appropriées. (Stiglitz)

    Finalement, grâce à la dévaluation à près de 70% du peso couplé à la répudiation de la dette, la situation s'améliore rapidement, malgré l'effondrement initial : 

    Avec une croissance nominale de 9 % par an et une inflation maîtrisée, l’Argentine a finalement récupéré son niveau d’avant-crise en 2004. Comment l’Argentine est-elle sortie du dollar  « par le haut » ? (OFCE)


    Pour Stiglitz la clé de la réussite, une fois délesté du fardeau de la dette, est le retour d'une politique de croissance axée sur le financement de projet privé et public.

    La situation est simple : les ressources réelles de l'Argentine, ses citoyens, avec leur degré élevé de talents et de compétences, son sol fertile, ses biens d'équipement, demeurent. L'économie doit être réactivée et les politiques gouvernementales doivent se concentrer sur cette tâche. Si le secteur privé ne parvient pas à améliorer la disponibilité du crédit à lui seul et qu'aucun pays voisin ne se présente pour l'aider, comme l'a fait le Japon en Asie orientale, le gouvernement doit jouer un rôle plus actif dans la restructuration des établissements de crédit existants et dans la création de nouveaux établissements. (...)

    Centrer l'attention sur la réactivation précise pourquoi l'accent placé sur les crédits du FMI se révèle peu judicieux. Les crédits du FMI serviront à rembourser ce dernier et non à réactiver l'économie.


    Mais l'OFCE, dans un texte, une fois n'est pas coutume, d'économie politique quasi marxiste, explique que le choix du redressement ne peut passer que par une spoliation des détenteurs de capitaux, en particulier internationaux :

    Après le secteur public qui a déjà restructuré 50 % de sa dette, le retour à la drachme, toutes choses égales par ailleurs, fera émerger des conflits financiers entre créanciers et débiteurs privés qui paralyseront le système de paiement. (...) L’option poursuivie jusqu’ici a consisté à répartir le coût de la résolution de la crise grecque sur les créanciers d’une part, via la restructuration de la dette publique, et sur les débiteurs d’autre part, via les efforts structurels (réduction des salaires et transferts sociaux) et l’augmentation de la pression fiscale. A contrario, une sortie de la zone euro accompagnée d’une restructuration des dettes privées et publiques « façon Argentine » imposerait le coût de la résolution davantage aux créanciers, principalement le reste de l’Europe. Cela explique le regain de tension dans les propos de certains pays européens créanciers à l’égard de la Grèce, ainsi que la confusion qui règne dans le débat européen actuel : en l’absence d’une solution optimale aux effets neutres, chaque partie défend ses propres intérêts au risque d’y laisser la peau de l’euro.

    C'est pourquoi Jacques Sapir, l'économiste proche du Front de Gauche, se place dans l'optique dans laquelle se trouverait Syriza si jamais ce parti accédait au pouvoir. Il montre que la Grèce, si elle le souhaite, possède des moyens de pression, par sa capacité à créer de la monnaie euro, pour renégocier à son avantage les plans actuels. A défaut, elle a les moyens de sortir de l'euro :

    Elle pourrait, avant la disparition de l’Euro, se servir de cet argent pour fonder une banque publique qui reprendrait le crédit aux entreprises et aux particuliers dans une situation où sa compétitivité aurait été restaurée.

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