• Thesmar, Landier, Delpla...aux racines du libéralisme économique ?

    Trois économistes, Jacque Delpla, Augustin Landier et David Thesmar, expliquent que la politique économique menée par l'Europe, sous l'impulsion du couple Merkozy, mène au désastre. Certes, ils ne sont pas les seuls qui mettent en cause la gestion actuelle de la crise. Mais le cas de ces trois-là est intéressant à plus d'un titre. D'abord, leur avis compte dans le monde académique, où ils occupent, chacun, une position prestigieuse. Mais, surtout, il se revendiquent de l'orthodoxie libérale dont il est communément admis qu'elle inspire la gouvernance européenne.

    Or, depuis 2008, nous assistons, à l'échelle européenne, à un coup d'Etat financier qui bouscule les règles communes du capitalisme, et détourne, à l'avantage des institutions financières, l'arbitraire de la puissance publique. Deux leviers sont actionnés : 

    - Au nom de la solidarité entre les peuples, l'Europe engage l'argent des contribuables pour sauver la mise des investisseurs privés (dont les banques) qui ont réalisé des placements aventureux dans des titres privés et publics.

    - Cette manoeuvre place les institutions européennes, Etats membres et BCE, en situation de créancières publiques vis-à-vis d'Etats manifestement insolvables. La dette sert de moyen de pression à la coalition des créanciers privés et publics pour déssaisir le pays de sa souveraineté et le mettre en coupe réglée. La politique économique n'est plus ménée dans l'optique de l'intérêt général, mais se donne pour unique objectif  le remboursement de la dette, au prix de sacrifices inouïs pour la population. 

    Face à cette situation nouvelle, un clivage apparaît qui ne correspond pas à l'opposition traditionnelle gauche/droite. A la faveur de la crise, Thesmar, Landier, et Delpla se révèlent bien plus critiques vis-à-vis du pouvoir de la finance, qu'ils étaient supposés l'être pour des hommes de droite, tandis que beaucoup, à gauche, apparaissant partie liée avec les intérêts de la finance, apportent un soutien sans réserve aux plans de sauvetage du secteur bancaire.

    En réalité, nos trois économistes sont des libéraux authentiques qui découvrent tout d'un coup, à la faveur de la crise, que le monde capitaliste fonctionne d'une façon bien différente qu'ils le croyaient. Imprégnés du libéralisme classique, de l'idée de responsabilité/liberté individuelle et de justice contractuelle, ils sont confrontés au néolibéralisme de l'oligarchie financière, qui cherche par tous les moyens à s'emparer et conserver son patrimoine financier, au mépris des règles les plus élémentaires du marché.


     

    "Le sauvetage grec est un chèque cadeau de quelques milliards voire quelques dizaines de milliards aux actionnaires des banques. Qui paie ? Les contribuables européens et grecs. Et tout cela sans la moindre contrepartie : pas étonnant que les banques poussent pour un sauvetage de la Grèce, qui de fait sauve avant tout elles-mêmes" (Mais  2010)

    "Les citoyens irlandais paieront donc les pertes des banques de leur pays, car ce sont elles et non les dépenses directes de leur Etat qui ont mis le feu aux poudres.(...) Les invocations à la solidarité européenne sont hypocrites : peut-on vraiment faire payer aux citoyens irlandais l'insouciance des prêteurs allemands ?" (Décembre 2012)

    "Il faut d'emblée interdire les distributions de dividendes qui creusent la facture anticipée du contribuable dans le sauvetage financier. Enfin, les recapitalisations appuyées sur des fonds publics doivent donner lieu à des prises de participation de l'Etat et dans certains cas à des nationalisations temporaires" (Septembre 2011)

    "Il est temps de s'en remettre à la sagesse des peuples pour délibérer de leur avenir. Après tout, la démocratie, bien plus que la monnaie, est l'identité commune de l'Europe." (Novembre 2011)

    Augustin Landier, professeur à l'Ecole d'Economie de Toulouse et David Thesmar, Professeur à HEC



    "L’Europe sort de la plus grande bulle de crédit de l’Histoire. Trop de dette partout. Vouloir tout rembourser nous condamne à la déflation par la dette, à la stagnation et aux risques d’extrémisme politique" (Novembre 2010)

    "La solution de l'hyperaustérité à la Brüning 1931 amènera à une impasse (cf. Grèce maintenant)" (Février 2012)

     Jacques Delpla, membre du Conseil d'Analyse Economique

     

     

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    Grèce : il est urgent de ne rien faire, David Thesmar, Augustin Landier - Février 2010. Extrait

    "Tout d’abord, certains craignent que les financiers ne rendent le refinancement de la dette publique trop coûteux en faisant pression à la hausse sur les taux d’intérêt, asphyxiant la Grèce par une sorte de prophétie autoréalisatrice perverse. Difficile de croire à cette hypothèse : le coût de la dette publique grecque demeure après tout plutôt raisonnable (moins de 7 % à horizon dix ans). Ce n’est donc pas ce surcoût qui, à lui seul, peut précipiter la faillite de l’Etat. On entend dire également que laisser la Grèce faire défaut pourrait provoquer une cascade de défaillances des Etats les plus faibles de la zone. Mais les marchés savent faire la différence entre emprunteurs d’une union monétaire. (...)

    Une autre peur est celle d’une contagion au système bancaire européen. Certaines grandes banques, allemandes, grecques ou françaises, pourraient avoir dans leurs bilans une quantité importante de dette grecque. Un défaut grec entamerait leurs capitaux propres, ce qui pourrait engendrer un nouveau « credit crunch ». L’opacité persistante du système financier ne permet pas d’exclure cette hypothèse, mais la solution qu’elle appelle n’est pas d’émettre, une fois de plus, des garanties d’Etat. Les institutions financières peuvent s’assurer contre le défaut grec. Signe qu’elles le font sans doute, la prime des fameux « credit default swaps » a augmenté ces derniers jours. La situation n’exige donc pas que le contribuable éponge à nouveau les risques pris par les banques."

    Dans Les Echos

     

    Déflation par la dette en Europe du Sud ? Jacques Delpla - Mai 2010. Extrait. 

    "En 1933, le grand économiste Irving Fisher, dans son célèbre article : « The Debt Deflation Theory of Great Depressions », Econometrica, expliquait que, dans une économie en récession et en déflation nominale, la bulle de crédit, héritée du boom, transformait la récession en Dépression. Avec la récession/déflation, les firmes sont étranglées par les dettes élevées contractées en période de boom et restées stables en termes nominaux. Dans un premier temps, les entreprises assignent une partie croissante de leur valeur ajoutée au remboursement de leurs dettes, ce qui prolonge la récession, puis, prises à la gorge par le poids réel croissant du service de leur dette, elles font faillite, ce qui se répercute sur les banques, leurs fournisseurs et le chômage. La « debt deflation » transforme une récession temporaire en Grand Dépression. Du temps de Fisher, la solution vint en Janvier 1934 : après la chute cumulée du PIB de 25% depuis 1929 et un taux de chômage à 25%, Roosevelt lutta contre la déflation et relança la création monétaire par une dévaluation du dollar de 60% par rapport à l’or !

    Pour atteindre le niveau de compétitivité de la France, l’Espagne doit baisser ses coûts salariaux de 20% et la Grèce de 25%. (...) Le poids de la dette, libellée en EUR, va augmenter par rapport au PIB . L’aide internationale permettra d’étaler le poids de la dette publique. Pour la dette privée, le scenario de ‘debt deflation’ demeure. Quelle solution ? Sachant que la BCE ne laissera pas l’inflation monter durablement au dessus de 2%, sachant que l’aide internationale ne viendra pas au secours des dettes privées, une seule option s’ouvre. Il faut vite organiser la restructuration des dettes privées des pays GEP. 
     
    (...) Plutôt que la ‘debt deflation’ à la mode 1932, plutôt que des faillites en chaîne, avec fermetures des entreprises et Grande Dépression, les gouvernements européens devraient ouvrir les yeux et réaliser que la restructuration des dettes privées dans les pays « cigales » est inévitable. Mieux vaut l’organiser que la subir. Bien sûr, banquiers et assureurs européens vont s’étrangler à la lecture de ces lignes. Mais ils devront s’y faire et ne s’en prendre qu’à eux-mêmes pour avoir trop prêter, sans contrôle adéquat, à des « cigales »."
     

    Le cadeau des contribuables grecs et français à nos banques, David Thesmar, Augustin Landier - Mai 2010. Extrait.

    "Le sauvetage grec est un chèque cadeau de quelques milliards voire quelques dizaines de milliards aux actionnaires des banques.

    Qui paie ? Les contribuables européens (qui ne prêtent qu’à 5% alors que le risque de défaut semble être élevé) et grecs (qui vont devoir endurer des années de récession absurde pour honorer toute leur dette). Et tout cela sans la moindre contrepartie : pas étonnant que les banques poussent pour un sauvetage de la Grèce, qui de fait sauve avant tout elles-mêmes.

    Faut-il vraiment le rappeler, en pleine crise financière, les cadeaux aux banques passent mal dans l’opinion. Aux Etats-Unis, au moment de la faillite de Lehman Brothers, le plan de sauvetage du secteur financier avait été très généreux : plus de 100 milliards de dollars.

    (...) L’opacité coupe court aux critiques et améliore la position de négociation des banques : un renflouement occulte et drapé dans la « solidarité européenne » est évidemment plus facile à justifier politiquement qu’une subvention chiffrée à l’industrie bancaire."

    Dans Les Echos

     

     

    Dette Bleue et Dettes Rouges pour sauver l’euro, Jacques Delpla - Mai 2010. Extrait.

    "The Blue Bond Proposal. Dans cet article publié par l’Institut BRUEGEL jeudi 6 mai et écrit avec l’économiste allemand Jakob von Weizsäcker, je propose une Révolution de la dette publique de la zone euro, en divisant juridiquement chaque dette publique en deux : dette Bleue et dette Rouge. (...) La dette Bleue serait constituée des premiers 60% de PIB de chaque pays. Elle serait la partie la plus sûre des impôts levés en Europe, elle pourrait être notée AAAA si cette notation existait. Le reste de la dette publique, au-delà des 60% du PIB, serait Rouge et concentrerait tout le risque de défaut de chaque pays. 


    Plus important encore, ce mécanisme de dettes Bleue et Rouges est un moyen de prévenir et de traiter le surendettement des États de la zone euro. (...) Si la Grèce aujourd’hui avait sa dette publique en Bleu (60% de son PIB) et Rouge (55%), elle pourrait continuer de refinancer sa dette Bleue à un taux très bas, tout en suspendant le remboursement de sa dette rouge tant qu’elle est en ajustement budgétaire et en récession. Ce défaut sur dette Rouge ne menacerait ni l’appartenance de la Grèce à la zone euro, ni la zone euro dans son ensemble.

    Notre proposition de dettes Bleue et Rouges, assortie de règles budgétaires contraignantes à l’Allemande dans chaque pays de la zone euro, est une alternative crédible, de marché, avec des incitations positives et négatives graduelles, au Pacte de Stabilité (qui est un mécanisme de surveillance sans crédibilité, sans carotte et avec comme seule sanction la bombe nucléaire du défaut et implicitement de la sortie de la zone euro). En outre, elle permet à tous les pays vertueux de bénéficier de taux bas sur leur dette Bleue en créant un gigantesque marché unifié de la dette publique, capable de rivaliser avec le marché de la dette publique américaine –la référence mondiale."

      

    Pourquoi l’Irlande doit faire défaut, David Thesmar, Augustin Landier - Décembre 2010. Extrait

    "Cette semaine, les décideurs européens ont accepté de refinancer près de 70 milliards d'euros de dette irlandaise. En souscrivant à cette aide, l'Irlande s'interdit de faire défaut sur sa dette. Les citoyens irlandais paieront donc les pertes des banques de leur pays, car ce sont elles et non les dépenses directes de leur Etat qui ont mis le feu aux poudres.(...)

    Les invocations à la solidarité européenne sont hypocrites : peut-on vraiment faire payer aux citoyens irlandais l'insouciance des prêteurs allemands ? Si la stabilité financière allemande est un vrai problème, il doit être réglé à sa source par des recapitalisations bancaires, pas par la déflation des économies grecques et irlandaises. Ce sera plus efficace et plus légitime.(...)

    L'Europe est à la croisée des chemins. Soit elle cède, à nouveau, à la phobie allemande de la faillite souveraine et aux menaces des lobbies bancaires. Dans ce cas, elle contraindra les Etats les plus faibles de l'Union à rembourser leurs dettes, dans le sang et les larmes. Soit l'Europe donne aux Etats surendettés un « fresh start » à l'islandaise, tout en mettant sous tutelle les grandes banques continentales trop fragilisées. L'Europe s'est longtemps contentée d'adorer le totem de l'euro, substitut à un projet politique véritable. Les banques ont tiré parti de cette mythologie pour obtenir la transformation automatique de leurs créances en dettes souveraines. Le recours aux symboles et aux sacrifices expiatoires est une hypocrisie qui a assez duré. L'heure du pragmatisme est arrivée."

    Dans Les Echos

     

    Comment restructurer les dettes européennes, Jacques Delpla - Novembre 2010. Extrait.

    L’Europe sort de la plus grande bulle de crédit de l’Histoire. Trop de dette partout. Vouloir tout rembourser nous condamne à la déflation par la dette, à la stagnation et aux risques d’extrémisme politique. Dans les pays périphériques (Espagne, Grèce, Irlande, Portugal), ce désendettement massif devrait se réaliser alors même que les coûts et salaires doivent baisser de 15 à 30% pour restaurer la compétitivité : économiquement impossible et démocratiquement suicidaire ! Ensuite, la zone euro n’allègera pas ses dettes excessives par l’inflation : le Traité de Maastricht l’interdit et les Allemands n’en voudront jamais (ils ont raison, car la taxe d’inflation est très injuste et très inefficace). (...)

    Certains croient encore que les restructurations de dettes bancaires et publiques doivent être évitées à tout prix. C’est oublier la séquence des années 1930, dernière bulle de crédit comparable : la déflation par la dette engendra la Dépression, puis un chômage vertigineux, suivis des crises des Démocraties, du fascisme et enfin de la Guerre.

    C’est oublier aussi qu’après 1945, nombre de pays Européens (à commencer par l’Allemagne et la France) ont de facto fait défaut sur leur dette souveraine en la réduisant par l’inflation. L’argument que les grands pays européens n’ont jamais fait défaut depuis la Guerre est économiquement faux. À partir du moment où nous avons (avec raison) renoncé à l’inflation au sein de la zone euro, le seul mode crédible de régulation des dettes excessives est la restructuration ordonnée, surtout au sortir de la plus grande crise de dette de l’Histoire de l’humanité.


     Jacques Delpla invité de CSOJ - Décembre 2010

    Jacques Delpla insiste sur la nécessité de mettre en place des procédures de défaut sur dettes souveraines en zone euro. La normalisation de cette pratique devra être la conséquence logique de l'impossibilité pour un Etat membre qui a aliéné sa politique monétaire d'avoir recours à la monétisation de sa dette publique en cas de surendettement. Sa confrontation, sur cette question, avec un des intervenants qui s'insurge contre le fait qu'un Etat puisse faire défaut, est symptomatique du clivage entre un libéralisme moralisateur, qui n'est que le porte voix du Capital, et le libéralisme économique de Jacques Delpla, qui à le soucis de mettre le débiteur comme le prêteur, sans prendre partie pour l'un ou pour l'autre, devant leur responsabilité d'agent économique. Il insiste sur le fait qu'un investisseur doit perdre sa mise en cas de mauvais placement.

     

     Ce soir ou jamais - le  01/12/2010

     

     

    Les tabous des élites européennes, Par Augustin Landier -  Juillet 2011. Texte intégral.

    Alors que les vices de fabrication de la construction européenne sont chaque jour plus apparents, la réponse des élites politiques se réduit à nier les problèmes et ânonner les dogmes.

    Cette attitude de dénégation bien-pensante est largement responsable de la montée des populismes. Revenons sur les principaux tabous idéologiques qui constituent le « consensus de Bruxelles ».

    1. L'euro, c'est sacré

    L'euro est bien pratique quand on voyage et diminue le risque de change pour les entreprises. Mais c'est tout. Il a par ailleurs des coûts élevés comme on l'observe actuellement partout en Europe du Sud. De nombreux économistes (Paul Krugman, Amartya Sen) jugeaient sa création dangereuse faute de projet politique. Impossible de revenir en arrière, mais il est important de désacraliser l'euro et d'admettre que son extension rapide à 17 pays a peut-être été trop ambitieuse. Ne pas le faire, c'est donner des points de bon sens aux extrémistes.

    2. Un Etat européen ne fait jamais défaut

    Les politiques sont tétanisés par la perspective d'un défaut souverain en zone euro. Mais il faut assumer sans panique une réalité dont les investisseurs ont depuis longtemps pris acte : la Grèce n'est plus solvable, sa dette doit être restructurée. Persister à le nier ne fait que décrédibiliser la construction européenne. Une solution responsable existe pour absorber ce choc déjà anticipé : une recapitalisation rapide et transparente des banques européennes les plus touchées, par les Etats ou via la BCE. Si la BCE continue d'invoquer des impossibilités dogmatiques, sa légitimité sera de plus en plus contestée par les peuples.

    3. La gouvernance mondiale va nous sauver

    Les grand-messes du G20 permettent aux hommes politiques de mieux se connaître. C'est certainement utile, mais leur organisation épuise des ressources politico-administratives destinées à résoudre des problèmes beaucoup plus importants : la réforme de l'Etat, le marché du travail, la compétitivité. La gouvernance mondiale tient plus de l'écran de fumée que de la panacée.

    4. L'inflation, c'est pire que le choléra

    L'Allemagne est parvenue à instiller sa phobie dans le disque dur de l'Europe. Une peur trop extrême de l'inflation bloque les actions de la BCE qui envisage de remonter les taux et s'interdit le refinancement des banques grecques en cas de défaut souverain, au risque d'un effondrement du système financier. C'est ce dogme qui empêche une solution pragmatique au problème grec.

    5. La mondialisation heureuse

    Lorsqu'un Mélenchon remarque qu'après quarante ans d'adaptation à la mondialisation, la France connaît toujours un chômage très élevé, il faut pouvoir répondre autre chose que « la démondialisation est réactionnaire ». La mondialisation a généré une réorganisation formidablement efficace de la chaîne de production mondiale. Mais il faut dire tout haut qu'elle fait de nombreuses victimes et que l'écart entre perdants et gagnants est énorme. La solution n'est pas le protectionnisme, mais si nous ne réussissons pas à mieux redistribuer, une mondialisation plus poussée ne sera pas acceptable.

    La persistance de ces tabous creuse un fossé dangereux entre opinions publiques et gouvernants. Les élites au pouvoir appartiennent largement à une génération qui s'est convertie aux bienfaits de l'orthodoxie monétaire, de la mondialisation financière et du libre-échange dans les années 1980. Au fur et à mesure qu'une nouvelle génération prend les rênes, le « consensus de Bruxelles » ne sera plus comme aujourd'hui un totem qu'on ne discute pas sous peine d'excommunication. Les débats pourront être posés de manière sereine, concrète, pédagogique. Le risque est que cela vienne trop tard, que les peuples se soulèvent, emportant dans leur colère les bienfaits de la deuxième mondialisation.

    Le Cercle Les Echos

     

    Un fonds européen pour recapitaliser les banques, Par Augustin Landier et D. Thesmar - Septembre 2011. Extrait.

    "Le plus souhaitable, de loin pour les contribuables, consiste à préparer, dès maintenant, un plan de recapitalisation des banques européennes les plus fragiles. Un tel plan doit pour être viable posséder 3 caractéristiques.

    D'abord, il doit être porté par un fonds européen, car les problématiques bancaires en Europe sont transnationales. Ensuite, il doit être coercitif : face à des défauts souverains, il est logique que les banquiers préfèrent refaire doucement leur trésorerie, quitte à ne pas financer les entreprises, plutôt que de diluer leurs actionnaires. Mais cela va contre l'intérêt général. Il faut d'emblée interdire les distributions de dividendes qui creusent la facture anticipée du contribuable dans le sauvetage financier. Enfin, les recapitalisations (ou les garanties) appuyées sur des fonds publics doivent donner lieu à des prises de participation de l'Etat et dans certains cas à des nationalisations temporaires.

    Ce plan sera-t-il mis en place ? Rien n'est moins sûr. Le lobby bancaire sait tour à tour endormir et terrifier le politique ; de plus, les nationalisations, qui le légitimeraient politiquement auprès des opinions, sont un tabou idéologique. Il est donc probable qu'un autre scénario de sortie prévale : celui d'un passage d'éponge forcé de la BCE, qui face au risque systémique reprendra sur son bilan le gros de la dette des souverains impécunieux. Dans ce cas, c'est la banque centrale, donc in fine le contribuable, qui paiera l'addition. Les banques seront sauvées, mais ce secours sans condition les confortera dans l'idée que tout est permis... de quoi semer les germes de la prochaine crise."

    Dans Le Cercle Les Echos

     

    Une seule solution, la recapitalisation des banques françaises, par Augustin Landier et David Thesmar  - Septembre 2011. Extrait

    (...) Même si, grâce à l'aide de la Banque centrale européenne (BCE), nos banques résistaient à cette déflagration, elles seraient si affaiblies qu'elles ne pourraient plus financer les entreprises, préparant ainsi une décennie de croissance molle à la japonaise.

    Sans surprise, les banques s'opposent à toute recapitalisation. Car il est dans l'intérêt de leurs dirigeants et de leurs actionnaires de pousser à ce que le contribuable (par l'intermédiaire du FESF ou de la BCE) rembourse les dettes souveraines, sans contrepartie. Il faut donc les contraindre. De leur côté, les politiques peinent à se libérer des totems (le fédéralisme comme fin de l'Histoire) et des tabous (pas de défaut souverain, pas de nationalisation) du catéchisme européen. Nous ne sommes pas face à l'apocalypse. Les recapitalisations sont préférables pour le contribuable à toutes les alternatives. C'est la croissance qui est en jeu."

    Dans Le Monde


    Recapitalisation des banques, mode d'emploi, Augustin Landier et David Thesmar - Octobre 2011. Extrait.

    "Des recapitalisations rapides sont nécessaires pour que ces défauts n'entraînent pas l'explosion ou l'épuisement du système financier. Mais après quatre ans de crise financière, les opinions publiques sont hostiles à tout geste qui pourrait ressembler à un cadeau aux banquiers.

    Il faut jouer cartes sur table : les autorités ne doivent pas cacher aux citoyens le coût de ces politiques. Sauver une banque, cela signifie toujours un transfert du contribuable vers les créanciers de la banque. Mais le coût de ne pas agir serait plus élevé encore.

    (...) [les recapitalisations] doivent s'accompagner de prises de participation. Il s'agit donc bien de nationaliser, au moins partiellement, les banques aidées. Pour les banques en difficulté grave, une dilution totale des actionnaires privés doit être imposée afin de réduire l'apport du contribuable. Pour celles qui sont encore solvables, mais affaiblies, le contribuable doit être rémunéré pour le risque qu'il encourt. Il faut donc forcer la main aux actionnaires initiaux, dont l'intérêt serait d'attendre. Et c'est aussi le bon signal à envoyer aux investisseurs : si vous investissez dans une banque qui prend des risques, que vous contraignez l'Etat à intervenir pour la sauver, vous perdrez tout. Les banquiers ont implicitement fait le pari qu'ils seraient sauvés. (...)"

    Les Echos

     

    Notre contrat avec l’Allemagne, Jacques Delpla - Novembre 2011. Extrait.

    1. Le Nouveau Contrat européen

    Sans européanisation majeure de nos politiques économiques, sans changements majeurs et radicaux, l’effondrement de l’euro risque d’advenir dans quelques semaines, car l’ensemble des investisseurs, craignant une généralisation du scénario Grec à l’ensemble de l’Europe du Sud, refusent de refinancer les dettes publiques ainsi celles des banques de ces pays –avec début de contagion à la Belgique, la France et l’Autriche.
    La stratégie française depuis 2010 (aucune restructuration ni de dettes publiques ni de dettes bancaires, de crainte de contagion) a échoué : l’Allemagne n’en veut pas et la contagion est déjà là partout. La stratégie de l’Allemagne (des restructurations de dettes, pas d’eurobonds, pas de rachats par la BCE des dettes en péril) ne marche pas non plus, car elle aboutirait à l’effondrement de l’euro par contagion généralisée. L’Allemagne seule peut aujourd’hui sauver l’euro.
    La question pour la France, l’Italie et l’Espagne est la suivante : quelles garanties donner à l’Allemagne pour que celle-ci accepte des rachats massifs de dette par la BCE et une dette commune ?

    La stratégie actuelle de la France : tout miser sur un renflouement par la BCE et mettre l’Allemagne dans un coin en lui disant qu’aucune autre option n’est possible –à moins de détruire l’euro- est contreproductive dans tous les cas. Soit l’Allemagne au dernier moment refuse et l’euro explose. Soit elle accepte mais elle se sentira flouée et trahie car l’esprit et la lettre du Traité de Maastricht auront été bafoués. Il n’est pas de l’intérêt de la France et de l’Italie d’avoir un public allemand et une Bundesbank en guerre froide avec la BCE et la France. Vouloir construire sur la durée une zone euro contre le sentiment général des allemands est une bataille perdue d’avance. Les réticences des Allemands sont légitimes : instruits de l’exemple Grec et des palinodies de Berlusconi, ils craignent de devoir in fine payer l’ensemble des dettes des pays cigales.
    Comment rassurer l’Allemagne dans un grand contrat européen ? Angela Merkel dans son récent discours de Leipzig a déjà avancé sa proposition de contrat : « plus d’Europe » ! Que répondons-nous ? La France, avec l’Italie et l’Espagne, doit proposer très vite à l’Allemagne un nouveau contrat européen. En échange l’Allemagne et les pays du Nord accepteraient une intervention massive de la BCE et des obligations communes. Les faux-semblants et les demi-mesures ne sont plus de mise. Nous sommes aujourd’hui en phase de chirurgie de campagne pour sauver le malade. Voici mes suggestions de contrat. (...)

    3. Compétitivité

    La crise actuelle est d’abord une crise de balance des paiements. Les pays Méditerranéens doivent vite restaurer leur compétitivité (...)

    Pour la Grèce et le Portugal, avec le pire défaut de compétitivité en Europe, la politique actuelle est d’imposer une déflation salariale sur de nombreuses années. Même si c’est ce à quoi les gouvernements locaux se sont engagés, je doute fort que cette déflation salariale soit acceptée longtemps par les peuples (cf. les insoumis ou les mouvements sociaux en Grèce). S’ils ne veulent pas être forcés de quitter l’euro, la seule solution pour ces deux pays est, à mon sens, une « dévaluation interne à la Blanchard ». Pour le Portugal, Olivier Blanchard (aujourd’hui chef économiste du FMI) avait proposé en 2006 une « dévaluation interne » dans l’euro : le gouvernement impose par décret dans l’ensemble du pays un abaissement immédiat et coordonné de l’ensemble des prix, salaires, contrats, loyers… de l’ampleur nécessaire pour restaurer la compétitivité du pays (-20% au Portugal et -30% à -40% en Grèce). Tous les prix et salaires domestiques baissant ensemble, la population pourrait l’accepter. Le résultat serait identique à une dévaluation, mais en restant à l’intérieur. L’avantage par rapport à la déflation salariale est clair : c’est rapide, en une seule fois et cela résout tous les problèmes de coordination (j’accepte que mon salaire soit baissé de 20% car tous les prix domestiques vont baisser de 20% aussi). Sans cette « dévaluation interne », je ne vois pas comment ces deux pays pourront demeurer au sein de la zone euro.
    Pour l’Espagne, l’Italie et la France, qui ont des problèmes de compétitivité bien moindres, il faudrait restaurer la compétitivité par des « dévaluations fiscales » : des augmentations de TVA (« TVA sociale »), des taxes nouvelles sur le carbone ou les hydrocarbures (TIPP) financeraient des baisses équivalentes des charges sur le travail.
    En échange, l’Allemagne et les pays du Nord s’engageraient à relancer leur demande intérieure pendant deux ou trois ans.

    4. Crédibilité budgétaire de long terme : pour une règle budgétaire contraignante à l’Allemande (...)

    5. Dette souveraine commune : dette Bleue et dettes Rouges (...)

    6. Restructuration des dettes

    Les dévaluations internes des pays Méditerranéens rendront encore plus insupportables leurs dettes : il faut éviter la létale déflation par la dette, qui a ravagé les économies et les sociétés politiques des pays d’Europe dans les années 1930. Une restructuration globale des dettes des banques (et dettes publiques en Grèce et au Portugal au moins) s’imposera, avec recapitalisations massives des banques.
    Appliquons le principe du « pollueur payeur » : les actionnaires et créanciers des banques qui les ont laissé financer les bulles de dettes doivent payer. (...)
    J’entends déjà les Trésors, les banques centrales et les banques commerciales hurler contre cette proposition. Certes c’est douloureux, mais les autres options le sont beaucoup plus : soit l’effondrement de la zone euro (personne ne prêtant plus à nos banques européennes perçues comme insolvables), soit le financement intégral de toutes les banques à risque par la BCE (ce que les Allemands refuseront à bon droit), soit une recapitalisation massive des banques par l’État (ce que les contribuables-électeurs n’accepteront que contre le scalp de nos banquiers centraux ou privés). (...)

    7. Croissance dans les pays du Sud de l’euro

    L’ensemble des pays Méditerranéen (y compris la France) devraient accepter de réformer leurs marchés du travail (très rigides et dominés par le modèle insiders-outsiders) sur le modèle danois de flexi-sécurité, qui a fait ses preuves. En échange, les pays du Nord de l’Europe accepteraient une allocation chômage pan-européenne. Une allocation-chômage européenne est la meilleure politique fédérale pour l’euro : elle absorberait les chocs asymétriques négatifs en les faisant payer aux pays en expansion. Cela reviendrait à organiser des transferts des pays à faible chômage (Allemagne, Pays-Bas) vers l’Espagne, le Portugal et la Grèce, en échange de libéralisations du marché du travail.
    Ensuite, les pays Méditerranéens doivent instaurer plus de concurrence à tous les étages : demandons au nouveau PM Monti de coordonner tout cela pour nos pays du Sud (y compris la France).
    Enfin, pour les pays les plus malades (Grèce, Portugal et Espagne), il faut envisager un plan Marshall (2% du PIB de ces trois pays, 35 milliards d’euros) pendant cinq ans en échange de réformes structurelles majeures pour restaurer leur croissance."

      

    Pas d'Europe sans le peuple , David Thesmar, Augustin Landier - Novembre 2011. Extrait.

    "Il n'y a que deux voies de sortie. (...)

    La première, le fédéralisme déflationniste, implique une allégeance fiscale à l'Allemagne. Les pays concernés gardent dans ce scénario l'euro comme monnaie, et ne peuvent donc pas ajuster le taux de change. Dans un premier temps, leurs Etats recevront, de l'Union européenne ou de la BCE, des prêts pour pallier la défiance des marchés, mais ces prêts seront assortis de forts engagements à réformer et d'une forme de tutelle. Puis ces pays devront subir une longue et douloureuse cure de désinflation salariale, afin de redevenir compétitifs. Cette cure, l'Allemagne se l'est infligée, en version allégée, à la fin des années 1990 : elle a mis dix ans à produire ses effets.

    L'alternative consiste à réaliser une partie de l'ajustement en dévaluant, c'est-à-dire en sortant de l'euro. La dévaluation a l'avantage d'être rapide, mais fragilise le système financier. Une intervention du FMI ou de la BCE serait alors nécessaire pour garantir l'accès des banques du pays concerné à la liquidité. Son Etat devra revenir très vite à l'équilibre budgétaire. Sa banque centrale devra augmenter ses taux pour réduire les importations et juguler l'inflation. Si ces politiques d'ajustement structurel sont brutales, le risque d'une période longue de croissance négative ou nulle est nettement plus faible que dans le premier scénario. L'exemple le plus proche d'une sortie de l'euro est celui de la dédollarisation de l'Argentine en 2001 : après une crise profonde, l'économie a pu redémarrer. Aujourd'hui, le PIB par tête en Argentine est de 17.400 dollars, contre 9.200 dollars à la veille de la crise. (...)

    Les pays endettés de la zone euro sont confrontés à deux options : la thérapie de choc ou la désinflation lente. Ce n'est pas à quelques comités d'experts qu'il appartient d'en décider. Passé quelques semaines de transition, les gouvernements de technocrates n'auront pas la légitimité nécessaire pour imposer des sacrifices aussi importants sans consulter les citoyens. Il est temps de s'en remettre à la sagesse des peuples pour délibérer de leur avenir. Après tout, la démocratie, bien plus que la monnaie, est l'identité commune de l'Europe."

    Dans Les Echos


    L'euro est-il sauvé ?, David Thesmar, Augustin Landier - Février 2012. Extrait

    "Les politiques européens ont choisi résolument la voie de la dévaluation interne. En ce sens, critiquer la rapidité de la consolidation budgétaire mise en oeuvre au Portugal, en Grèce et en Irlande, c'est se tromper sur son but. Il s'agit de créer de véritables dévaluations internes et pas simplement de rétablir l'équilibre des comptes publics. L'objectif est que tous les salaires diminuent, pas simplement celui des fonctionnaires. C'est pour cela que les plans d'austérité baissent le salaire minimum, les prix administrés et les minima sociaux.

    Est-ce une stratégie crédible ? Il y a peu d'exemples de dévaluations internes réussies : une dévaluation interne met beaucoup plus de temps qu'une dévaluation du taux de change à atteindre le même objectif de baisse des prix ; pendant la période de transition, la demande s'effondre, le chômage explose et le système financier vacille. Ce type de convulsion était fréquent à l'époque de l'étalon-or. Un exemple célèbre est celui de la « déflation Laval », mise en oeuvre en 1935 : baisse des salaires des fonctionnaires, des retraites d'anciens combattants, du prix du pain, des loyers, etc. Résultat : l'économie française s'est effondrée alors que l'économie mondiale se ressaisissait."

    Dans Les Echos

     

    « L'Allemagne paiera ! »... Nous aussi, Jacques Delpla - Février 2012. Extrait

    "Aujourd'hui, soyons keynésiens, version 1919 ! Nous sortons de la plus grande bulle de crédit, il est illusoire de croire que toutes les dettes seront remboursées. Si nous l'exigeons, nous risquons l'Allemagne de 1923. Mais aussi l'Allemagne de 1930-1932, quand le chancelier Brüning imposa des politiques très déflationnistes et restrictives pour rembourser la dette publique. A chaque cran supplémentaire d'austérité, le chômage et le vote pour le parti nazi augmentaient de même - et la dette ne fut pas remboursée. C'est ce que nous devons éviter aujourd'hui, alors que l'extrême droite progresse en Europe. « L'Allemagne paiera » était absurde : vouloir faire payer aux pays les plus en crise l'intégralité de leur dette est illusoire etcontre-productif. Mais l'Allemagne de 1923 ou de 1930, ce sont aujourd'hui les pays du sud de l'Europe.

    La solution de l'hyperaustérité à la Brüning 1931 amènera à une impasse (cf. Grèce maintenant) et ouvrira le champ politique aux extrémistes. Ne restent que deux solutions : la dévaluation-inflation ou bien la restructuration des dettes. La première solution signifie la fin de la zone euro, car si la Grèce venait à sortir de l'euro, les autres pays du Sud, souffrant à des degrés divers du même mal, quitteraient aussi l'euro. Si l'on veut garder l'euro et éviter le désastre politique, il ne reste donc que la solution de la restructuration des dettes."

    Dans Les Echos

     

    Jacques Delpla : «Il n'y a pas encore d'humeur pour un fédéralisme budgétaire européen», Interview dans Les Echos - Février 2012. Extrait.

    "Rien n'est réglé. Les dettes, publiques et privées, sont toujours trop élevées. Les plans d'austérité poussent à la récession. Les pays de la zone euro ne peuvent plus réduire leur dette par l'inflation ou la dévaluation. Avec l'euro, nous sommes comme des pays émergents en crise : les taux d'intérêt des pays faibles montent en temps de crise et les étranglent. La Grèce, le Portugal et l'Irlande s'acheminent vers une restructuration drastique de leurs dettes ; l'Italie et l'Espagne peut-être aussi. Elles empruntent à 6 ou 7% : ce n'est pas tenable. Il est illusoire d'attendre que la BCE rachète l'ensemble des dettes en difficulté car l'Allemagne s'y oppose. A moins de créer une dette publique commune, on va à l'éclatement de l'euro. La dette bleue, c'est la carotte. Le bâton pour les Etats, c'est la « dette rouge », la dette publique émise sur une base nationale uniquement au-delà de 60% du PIB.(...)

    Pour que la dette bleue soit la plus sûre possible, il faut que la dette rouge absorbe la totalité du risque souverain. Dans notre nouvelle formule, la dette commune bleue obtient un « quadruple A » car elle ne court aucun risque de migration de sa notation. A la différence de la dette française qui vient de perdre son triple A, cette dette bleue, parce qu'elle est plafonnée, ne peut jamais perdre le sien : elle sera toujours de la plus haute qualité. Pour qu'elle fasse défaut, il faudrait une troisième Guerre mondiale, la chute d'une comète ou la peste noire, bref des conditions qui ne relèvent pas de la gestion ordinaire. En regard, la dette rouge absorbe tous les risques sans créer de crise systémique car elle absorbe les chocs sans défaut, un peu comme les airbags d'une voiture : si un pays demande l'aide du FMI ou de l'Union européenne, cette dette rouge ne paie aucun intérêt et n'est pas remboursée pendant les trois ans du programme d'aide. Avec cette dette rouge, les investisseurs partagent le fardeau de l'ajustement. (...)

    A titre personnel, je suis fédéraliste. Mais il n'y a pas encore de mandat ni d'humeur pour un fédéralisme budgétaire européen. Comme disent les Anglo-Saxons : pas de taxation sans représentation. Or le Parlement européen n'a pas de mandat pour lever l'impôt sur l'ensemble des contribuables de la zone euro. Par ailleurs, un gouvernement de technocrates non élus sous l'égide, par exemple, de la Commission européenne est contraire à l'esprit même de la démocratie.  (...) Notre projet n'est donc pas fédéraliste. Il est intergouvernemental, tout en étant démocratique et transparent. (...)"

     

     


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