• La stratégie de l'orthodoxie économique : quelle rationalité ?

    Partie 1 :  "le tournant de la rigueur n'a pas trainé"

    Partie 2 : La stratégie de d'othodoxie économique : quelle rationalité ? (texte ci dessous)

    Partie 3 : Le choix de Hollande


    "L'économie française stagne, mais est sous la menace d'une récession à l'italienne. Et la stratégie du nouveau président est lourdement responsable de cette situation." Cette phrase pourrait avoir été prononcée par le leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui voit là une occasion de se démarquer nettement de la gauche au pouvoir. Mais, signe d'une situation pour le moins confuse, cette dénonciation de la politique de rigueur annoncée par François Hollande est le fait du journal financier La Tribune. Le magazine Alternatives économiques, fervent soutien du Parti Socialiste, sous la plume de son rédacteur en chef, Guillaume Duval, pourtant anti-mélenchoniste particulièrement borné, exprime la crainte de l'effet délétère des mesures d'austérité socialiste : "en s’accrochant coûte que coûte à respecter l’objectif des 3 % de déficit public dès 2013, malgré la récession dans la zone euro, on n’en prend pas le chemin mais plutôt celui d’ajouter au bas mot un demi-million de chômeurs supplémentaires aux 2,8 millions recensés au deuxième trimestre 2012…". Plus surprenant encore, dans une tribune titrée "les risques de l'austérité" le magazine Challenge s'associe aux scepticisme ambiant concernant l'efficacité des mesures conduites partout en Europe.

    Il faut dire, qu'après deux ans de cette politique, le bilan n'est pas glorieux. Il est même désastreux si on l'évalue au taux de chômage et au niveau de dettes atteints dans les pays "sous programme". Comme le relate ainsi le magazine Challenge, au sein de la communauté des économistes, par delà les clivages, nombreux sont ceux qui annoncent - certes, après l'avoir constaté - l'échec de l'austérité : "Des économistes qui ne sont pas non plus des partisans de la relance à tout crin, comme Pisani-Ferry à Bruxelles, Charles Wyplosz à Genève ou même le très libéral Jean-Marc Daniel (Institut de l’entreprise) se retrouvent sur le même thème : 3% d’objectif en période de récession, c’est idiot". Sur la même ligne, citons aussi les traditionnels keynésiens : Stiglitz, Krugman, Daniel Cohen, les économistes de l'OFCE...

    Pourtant, c'est bien dans cette voie que le président semble vouloir engager son pays. Il s'en était d'ailleurs expliqué une première fois au moment de la primaire socialiste qui l'avait vu s'affronter à Martine Aubry. La volonté affichée de réduire les déficits publics pour atteindre l’équilibre en 2017 a été le point de clivage essentiel avec sa concurrente. Face à la crise, la réponse de Martine Aubry, s’inscrivant dans la tradition keynésienne, était de maintenir une politique budgétaire expansionniste afin de ne pas casser la fragile reprise économique post-crise. Au contraire, François Hollande adoptait une posture peu habituelle à gauche, du moins avant une campagne électorale, du gestionnaire responsable en pleine crise des finances publiques.

    Et de fait le débat fait rage entre au sein même des économistes "mainstream". Dans la situation périlleuse dans laquelle se trouve l'économie française, quelle est la priorité ? Améliorer la compétitivité du pays et réduire les déficits, ou bien éviter à tout prix la rigueur afin d'éviter de suivre la voie sans fin italienne d'une spirale récessionniste ? Malheureusement, aucune solution n'est satisfaisante : dans le premier cas, le choix est celui d'une forte poussée du chômage, dans le second, la dégradation des comptes budgétaire et du commerce extérieur met la France en position de faiblesse vis à vis des marchés et de nos partenaires européens. Il faut reconnaître à François Hollande d'avoir défendue la position la plus cohérente : Si la France ne peut pas se soustraire à un nécessaire redressement économique et financier par une politique de l'offre, alors, c'est au niveau européen de prendre en charge la politique de la demande, par une relance budgétaire et salariale massive dans les pays excédentaires du point de vue de leur balance courante, à commencer par l'Allemagne. "L'Allemagne devra prendre sa part de l'ajustement" avait expliqué le candidat à la candidature socialiste sur le plateau de France 2.

    Les illusions rooseveltiennes du nouveau président français durèrent quelques heures, le temps de traverser le Rhin pour rencontrer la chancelière qui l'attendait de pied ferme. La relance de la croissance européenne n'aura pas lieu. D'une part le pacte budgétaire sera signé en l'état - le faux pacte de croissance étant destiné à sauver non pas l'europe mais la face de notre hérault national. D'autre part, l'intervention de la BCE récente et les éventuels plans de sauvetages via le MES n'ont d'autres objectifs que d'éviter le défaut désordonné des Etats surdendettés, le temps gagné étant mis à profit pour sabrer dans les dépenses publiques et libéraliser le marché du travail.

    Défait sans avoir combattu, quelles possibilités restent-t-il à François Hollande ?

    Sur la scène intérieure, il lui faut éviter à tout prix que ne se produise le scenario du pire : que la panique financière ne s'étende à la France à la suite de mauvais chiffres concernant les déficits et la dette forçant le gouvernement à mener une purge budgétaire sous la pression des marchés, ou pire encore, sous la pression de Berlin dans le cadre d'un plan de sauvetage. Et même si les économistes "Hollandais", à l'image de Philippe Aghion dans une tribune récente, mettent en garde le président contre une réduction trop rapide des déficits, les marchés financiers ne sont pas réputés aussi pondérés dans leur jugement que ce professeur d'économie à Harvard.

    Par son impuissance sur la scène européenne, le président français se condamne, comme son prédecesseur, à attendre que la propagation de la dépression économique fasse bouger les lignes en Europe. Trois ans après le déclenchement de la crise de l'euro, celle-ci suit son cours sans que nos dirigeants ne soient en mesure de lui opposer de volontarisme politique. Les prochains épisodes sont donc tous tracés : énièmes plans de sauvetages de la dernière chance pour le Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et l'Italie, sur fond d'augmentation généralisée du chômage, jusqu'à la sortie effective de chacun de ces pays de la zone euro. Pour l'instant, si tout à été fait pour retarder les échéances, aucune décision n'a été prise qui pourraient éviter l'approfondissement de la crise et le délitement progressif de la zone euro. Le mot de la fin pour l'économiste Daniel Cohen : "5 ans après le début de la crise économique, celle-ci ne fait pourtant que commencer".

     

    Revue de presse ci-dessous :

    - Chômage : le (triste) record de Nicolas Sarkozy, Guillaume Duval

    - Du social mais pas de sortie de crise, OFCE

     - Danke schön, Herr Hollande !, La Tribune

    - France : fluctuat et - non etiam - mergitur, La tribune

    - Les risques de l'austérité, Challenges

    - Patrick Artus

    - Les objectifs budgétaires doivent aussi tenir compte de la conjoncture - Philippe Aghion

     


    Chômage : le (triste) record de Nicolas Sarkozy, Guillaume Duval - Septembre 2012. Texte Intégral.

    "Avec 2 785 000 chômeurs, la France a dépassé au deuxième trimestre 2012 le "record" établi en 1997. Résultat de la politique Merkozy d'austérité excessive, ce mauvais résultat pourrait encore empirer si la nouvelle majorité s'acharnait à ramener le déficit budgétaire à 3% en 2013.

    L’Insee a publié le 6 septembre dernier les chiffres officiels du chômage au deuxième trimestre 2012[1]. Ils font apparaître notamment que le (triste) record du nombre de chômeurs enregistré depuis 1975, détenu jusque-là par Alain Juppé et Jacques Chirac au deuxième trimestre 1997 avec  2 783 000 chômeurs en France métropolitaine, a été battu (de peu certes : 2 785 000 chômeurs) par François Fillon et Nicolas Sarkozy au début de cette année. La politique Merkozy d’austérité excessive et généralisée en Europe a donc eu déjà sur ce plan des résultats plus néfastes encore que la rigueur excessive imposée à partir de  l’automne 1995 par Alain Juppé à une France encore mal remise de la récession de 1993 pour complaire à nos amis allemands et rentrer coûte que coûte dans les critères de Maastricht… Sur ce plan l’histoire se répète.

    Ceci dit ce record n’est pas parti pour tenir longtemps et si François Hollande ne veut pas rentrer dans l’histoire comme celui qui aura détrôné Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac à la tête de ce palmarès peu glorieux, il faudra qu’il obtienne très rapidement maintenant une réelle réorientation de la politique économique en Europe.

    En s’accrochant coûte que coûte à respecter l’objectif des 3 % de déficit public dès 2013, malgré la récession dans la zone euro, on n’en prend pas le chemin mais plutôt celui d’ajouter au bas mot un demi-million de chômeurs supplémentaires aux 2,8 millions recensés au deuxième trimestre 2012…"

    Alternatives Economiques

     

     

    Du social mais pas de sortie de crise, OFCE - Juillet 2012. Extrait.

    Les engagements de réduction de déficit et les premières mesures prises dans ce sens dans le collectif budgétaire de juillet 2012, comme celle annoncées dans le débat d’orientation budgétaire de juin 2012, indiquent une stratégie dont la première étape est d’aboutir à la réduction, quoiqu’il en coûte, du déficit public à 3 % du PIB à la fin de l’année 2013. Par sa vertu budgétaire, c’est donc une stratégie de sortie de la crise, censée assainir la situation des comptes publics et ainsi rassurer les marchés financiers comme les autres agents économiques, et mettre en place les conditions d’une reprise future vigoureuse. Cette stratégie s’appuie sur une réduction des dépenses publiques et une hausse de la fiscalité.

    Cette stratégie de sortie de crise est pour le moins risquée car elle ne prend pas toute la mesure de la crise qui menace l’Europe aujourd’hui. Elle pourrait se justifier si nous étions d’ores et déjà sur une trajectoire de sortie de crise et s’il s’agissait d’en aménager les priorités. Mais l’Europe reste dans une situation de très forte incertitude, vivant dans l’attente d’un défaut massif de tel ou tel Etat membre de la zone euro, craignant la faillite de telle ou telle institution financière, subissant les conséquences d’une spirale d’austérité alimentée par la hausse des taux souverains. (...)

    Une réponse à cette dynamique qui est en train de provoquer la désagrégation de l’euro serait sous une forme ou une autre la mutualisation des dettes publiques en Europe. Cette mutualisation impliquerait un contrôle plus ou moins complet des budgets publics des pays membres par une instance fédérale à la légitimité démocratique forte. Cette réponse serait donc celle de plus d’Europe et permettrait alors de définir une austérité « bien tempérée », pour la France comme pour ses principaux partenaires commerciaux, qui ferait de la sortie du chômage de masse involontaire et de la trappe à liquidité les préalables à un ajustement des finances publiques. Cette réponse permettrait de maintenir la soutenabilité des finances publiques sans impliquer les décennies perdues qui sont en train de se préparer. (...)

     

     

    France : fluctuat et - non etiam - mergitur, La tribune - Aout 2012. Extrait

    L'économie française stagne, mais est sous la menace d'une récession à l'italienne. Et la stratégie du nouveau président est lourdement responsable de cette situation. (...)

    Toute la tâche du nouveau gouvernement français tient à ceci : maintenir la tête de l'économie française hors de l'eau. Car il n'est pas d'autre question que celle-ci : comment éviter que cette stagnation ne devienne une vraie récession ? Comment éviter un scénario à l'italienne pour l'économie française ? La réponse semble évidente : en n'ayant pas recours aux méthodes utilisées par Rome, autrement dit en ne se lançant pas dans une politique de dévaluation interne forcenée par la coupe des revenus des ménages et des dépenses publiques. (...)

    Pourtant, le président français a décidé le 29 juin de faire voter le pacte budgétaire pour le plat de lentille d'un plan de relance illusoire et il reste attaché à l'objectif de plus en plus irréaliste de revenir à un déficit de 3 % du PIB l'an prochain. Si sa majorité le suit - et il n'est pas pensable dans notre système politique qu'il n'en soit pas ainsi - il devra donc couper rapidement et largement dans la dépense publique. (...)

    Comment annoncer à Berlin, à Bruxelles et aux marchés qu'on ne peut finalement accepter le pacte budgétaire ? C'est pourtant la seule voie possible pour éviter le basculement de la France dans la récession. Une voie qui n'empêche pas les réformes, notamment celle du marché du travail, pas plus qu'une meilleure utilisation, plus axée sur la croissance, des moyens publics. Il est temps pour le nouveau gouvernement français de faire preuve de ce qui a manqué à ses prédécesseurs : de courage et d'intelligence.

    La Tribune


     

    Les risques de l'austérité, Vincent Beaufils, directeur de la rédaction de Challenges - Août 2012. Texte intégral.

    Le gouvernement multiplie les gages de sérieux – cette semaine encore à l’Université d’été du Medef – et pourtant un vaste mouvement se met en place pour nous dire que la rigueur n’est pas forcément la solution. Tout le débat se focalise sur les fameux 3 % d’objectif de déficit budgétaire pour l’année prochaine, marqueur fondamental pour François Hollande pendant toute la campagne vis-à-vis de l’opinion comme vis-à-vis des marchés.

    Jean-Marc Ayrault au Medef, Pierre Moscovici dans Les Echos, Pierre Cahuzac ou Laurent Fabius à l’Université d’été des socialistes, campent donc sur la ligne des 3 %. Mais ne serait-ce pas comme une ligne Maginot, qui rassure ses concepteurs, mais risquerait d’être enfoncée par la récession. Les courbes de croissance  des trois pays qui pratiquent le plus l’austérité en Europe (Espagne, Italie et Grande Bretagne), en berne depuis la mi-2011, ont en effet de quoi inquiéter.

    Trois messages s’ajoutent à ce constat. D’abord celui, classique, des économistes keynésiens qui prônent toujours la relance, et qui réalisent un tir groupé, en sortant trois livres. Cette semaine, Daniel Cohen, dans son Homo economicus (Albin Michel), nous avertit : on est en train de faire la même erreur que dans les débuts des années 30. La semaine prochaine deux Prix Nobel américains se font la courte échelle : Paul Krugman ( Sortez- nous de cette crise maintenant, chez  Flammarion)  mène une croisade contre ce qu’il appelle « les Austériens » ; et dans la foulée Joseph Stiglitz ( Le prix de l’inégalité, LLL) règle lui-aussi son compte au mythe de l’austérité.

    En parallèle, l’économiste Philippe Aghion, qui conseille François Hollande, a co-signé il y a 10 jours une tribune avec Jacques de Larosière, pourtant ancien banquier central et ancien patron du FMI, pour dire que trop de rigidité budgétaire peut compromettre la croissance. Des économistes qui ne sont pas non plus des partisans de la relance à tout crin, comme Pisani-Ferry à Bruxelles,  Charles Wyplosz à Genève ou même le très libéral Jean-Marc Daniel (Institut de l’entreprise) se retrouvent sur le même thème : 3% d’objectif en période de récession, c’est idiot.

    Mais c’est la tribune de  Patrick Artus dans Challenges qui est la plus préoccupante. Ni keynésien, ni ricardien, le patron de la recherche de Natixis, en bon mathématicien, fait un calcul renversant. Résumé : « lorsqu’un pays prend des mesures de réduction du déficit équivalentes à un point de PIB, il perd 0,6 point de croissance. Cette perte se traduit ensuite par une hausse du déficit public de 0,3 point de PIB en raison de moindres rentrées fiscales. Si les Etats voisins mènent une politique d’austérité de même ampleur, cela affecte également la croissance du pays en question et fait encore grimper le déficit de 0,2 point supplémentaire. Un effort de rigueur d’un point de PIB se traduit donc in fine par une baisse du déficit limitée à 0,5 point. » Moralité : si la France veut passer de 4,2 % de déficit (niveau où nous serions en 2013 sans nouvelles mesures) à 3 %, il faut trouver un 1,2 point de déficit budgétaire. Mais puisqu’il faut doubler la mise pour arriver à ce résultat compte tenu de la spirale récessive décrite ci-dessus, c’est en fait un effort de 2,4 points de PIB qui sont nécessaires, soit des économies de 48 milliards d’euros à trouver. C’est tout simplement impossible.

    Il fait l’admettre, mais ce n’est pas à nous de le dire parce que les marchés nous sanctionneraient immédiatement. Ce serait donc à l’Eurogroupe de le reconnaître, mais quel chef d’Etat a du courage, quand il passe par Bruxelles ?   


     

    Voici les prédictions de Patrick Artus pour l'année 2012-2013 :

    " Nous supposons que les engagements budgétaires des gouvernements vont être respectés. Compte tenu de la situation attendue des déficits publics, des estimations raisonnables des multiplicateurs budgétaires et des effets de l’activité sur les déficits publics, ceci conduirait à une croissance de :
    - en France, 0,1% en 2012 et -0,2% en 2013 ;
    - en Espagne, -7,9% en 2012 et -11,8% en 2013 ( !) ;
    - en Italie, -3,8% en 2012 et -2,3% en 2013 ;
    - au Portugal, -3,9% en 2012 et -2,3% en 2013 ;
    - en Grèce, -6,4% en 2012 et -2,8% en 2013.
    C’est-à-dire nettement moins que les prévisions disponibles, mais les prévisions disponibles ne sous-tendent pas que les déficits publics annoncés soient réalisés."

      

     


    Après plus de 3 ans de politiques d’ajustement, la situation de l’Espagne est plus mauvaise aujourd’hui qu’au début de la crise :
     - le déficit public n’est pas beaucoup plus faible malgré la rigueur budgétaire ;
    - la production a reculé, le chômage a monté ;
    - la baisse du déficit extérieur vient seulement de la compression de la demande intérieure et des importations ; les parts de marché à l’exportation de l’Espagne ont continué à reculer ;
    - la croissance potentielle a été négativement affectée ;
    - la désindustrialisation s’est accélérée, aucun secteur n’est en mesure de compenser les effets sur l’emploi de l’explosion de la bulle immobilière ;
    - les défauts sur les crédits ont continué à augmenter, donc la situation des banques à se dégrader

    - le pouvoir d’achat des espagnols a chuté.

    Face à ce constat, il n’y a que deux possibilités :
    - persister dans la stratégie mis en place en 2009, ce qui conduira inévitablement l’Espagne au défaut sur ses dettes publiques et extérieure et à la sortie de l’euro ;
    - aider massivement l’Espagne : restructuration négociée des dettes publiques et privée, transformation de l’Espagne en vaste zone franche financée par l’Europe pour y attirer des activités, financement des industries

     

    Les objectifs budgétaires doivent aussi tenir compte de la conjoncture - Philippe Aghion, professeur d'économie à Harvard, et Jacques de Larosière, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, président d'Eurofi - Août 2012. Extrait.

    "Les prévisions gouvernementales actuelles communiquées en juillet sont de 0,3 % en 2012 et 1,2 % en 2013. Afin de respecterles engagements de déficits publics malgré ces perspectives de croissance abaissées, le collectif budgétaire prévoit des mesures (recettes et dépenses publiques) correspondant à 7 milliards d'euros en 2012 et il est prévu que le budget 2013 intègre des mesures correspondant à 30 milliards d'euros en 2013.

    Mais ces mesures de redressement des finances publiques auront elles-mêmes un effet dépressif sur la croissance, laquelle sera abaissée de près de 0,3 point en 2012 et 0,9 point en 2013, ce qui abaissera les recettes publiques d'au moins 2 milliards d'euros en 2012 et 8 milliards en 2013 ! Et nous ne tenons pas compte ici des charges supplémentaires occasionnées par un chômage qui lui aussi augmentera fortement si on applique la règle nominale des 3 % malgré un taux de croissance en 2013 très inférieur à notre taux de croissance potentielle qui est de 1,5 % par an.

    Ne pas corriger nos objectifs budgétaires pour le cycle économique conduit ainsi à dégrader la croissance et l'emploi. Le respect strict des engagements budgétaires appelle alors de nouvelles mesures de rigueur, qui de nouveau dégradent la croissance et l'emploi. Nous sommes donc bien ici face au risque d'une spirale où le resserrement budgétaire et l'affaiblissement de la croissance s'alimentent mutuellement."



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  • Commentaires

    1
    BRUNEM
    Lundi 24 Septembre 2012 à 17:15

    Aucun économiste n'évoque la nécessité de répartir avec plus de justice les revenus et les impôts et de lutter contre la délinquence économique.

    Il faut rétablir un impôt progressif (12 tranches) sur le revenu et imposer tous les revenus du travail (salaires, HS, mais aussi primes,bonus...) de la même manière. Il faut imposer tous les citoyens de la même façon y compris les sénateurs et députés et supprimer tous les privilèges des français vivant dans les DOM-TOM. Enfin il faut des vérifications fiscales qui

    aboutissent. Dans les instances internationales nos politiques doivent agir pour dénoncer les paradis fiscaux et lutter

    contre et engager une lutte contre le trafic de drogue, trafic qui coûte très cher à notre économie. Trop de théories économiques ne servent qu'à faire diversion. Le PS quant à lui cherche à supprimer les quelques derniers avantages de la classe moyenne comme le quotient familial ou faire payer des droits aux élèves de classes préparatoires qui ont de lourdes charges de travail et des frais de concours! Le terrain, ils ne doivent pas le connaître.

     

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