• Depuis maintenant 30 ans, tout le monde fait le même constat : la France a du mal à s'adapter au monde moderne. Un secteur est particulièrement arriéré : celui de l'éditocratie.

    Heureusement, le président Hollande et son premier ministre ont pris le problème à bras le corps : ils mettent tout en œuvre pour faire enfin faire évoluer la mentalité franchouillarde. La politique menée, ouvertement libérale et violemment austéritaire , vise à mettre fin au mythe journalistique de la "social-démocratie". Selon ce mythe archaïque, une gauche "marxiste", idéaliste" voudrait "tout, tout de suite", tandis que une gauche social-démocratie saurait promouvoir le progrès social par des réformes mesurées et, surtout, "réalistes".

    Notre premier ministre a voulu faire de l'éviction de Montebourg, le symbole de sa nouvelle politique, afin que tout le monde comprenne bien que l'opposition à gauche était dorénavant représentée par un ministre keynésien inspiré par les conseils de la majorité des économistes américains.

    Voyons la réaction de notre éditocratie hexagonale :

    Comme toujours, c'est Gérard Grunberg qui donne le "la" à l'ensemble de l'éditocratie en posant une question à la gauche et à laquelle il répond lui-même : "peut-on aujourd'hui être un grand parti de gouvernement, diriger l'une des principales économies du monde et continuer en même temps à véhiculer une idéologie anti-libérale et anti-mondialisation ?". Notre éditorialiste en chef demande au PS d'enfin choisir une ligne idéologique réformiste contre "un patrimoine idéologique datant d'une autre époque".

    Arnaud Leparmentier en rajoute une couche avec sa hargne habituelle par un "adieu" narquois "aux socialistes fin de siècle (...) fondamentalement tirés vers la gauche et le rêve révolutionnaire français." Le président a su "purger" son gouvernement après une "révolte de son aile gauche". Il lui reste maintenant a suivre le modèle de la gauche allemande qui "abjura le marxisme" dès 1959 et qui est depuis  "génétiquement réformiste".

    Même son de cloche chez Libération. Avec le choix d'un titre racoleur : "le gouvernement est-il de droite ?", le journal avait éveillé inquiétude ou intérêt, c'est selon. L'éditocrate Laurent Joffrin se charge illico de rendormir tout le monde : "Soyons lucides : vu de l’étranger, la question que nous posons en une de notre journal est absurde. François Hollande et Manuel Valls, par le geste d’autorité qu’ils viennent d’accomplir, réaffirment, clarifient, officialisent une politique qui rejoint les conceptions de la social-démocratie européenne". Circulez y a rien à voir, et tant pis si on vous a délesté au passage de 1,60 euros.

    Pour la route, citons Alain Duhamel, éditocrate momifié : "Trotskistes, communistes, écologistes et une fraction du PS - faible au sommet, forte à la base - rêvent d’une autre société au sein d’un autre monde. Faute de pouvoir changer le monde, justement, cette gauche accable le système et ses énormes défaillances, regarde les sociaux-démocrates comme les complices d’un univers honni." Faut-il lui préciser que le Trotskysme n'existe plus, que le PCF ne présente plus de candidat à la présidentielle, que EELV est proche du MODEM, que Montebourg ("la gauche du PS" ?) est tout sauf socialiste, et que Mélenchon rassemble péniblement 10% de l'électorat ?

    Finalement, comme on peut le voir, les mentalités n'ont guère évolué en France, et ce malgré les efforts de notre gouvernement. Nos éditocrates continuent à avoir une grille de lecture politique d'outre-tombe.

    Il y a une tout de même une lueur d'espoir provenant d'un éditocrate de la jeune génération, au Monde : David Revault d'Allonnes, pour qui, "une étape supplémentaire est franchie dans le remplacement de la ligne sociale-démocrate initiale par un positionnement social-libéral assumé." En voilà un qui a compris.


    votre commentaire
  • L’idée européenne est le tombeau de la Gauche, celle avec un grand G, celle de l’alliance entre le classes moyennes progressistes et les classes populaires.

     

    La question était de savoir ce que choisiraient les classes moyennes : « l’Europe » ou bien leur alliance avec les classes populaires.

     

    Malheureusement, les classes moyennes progressistes s’échinent à choisir l’idée européenne.

     

    La Gauche est donc morte.

     

    A bas la gauche, celle avec un petit g, de la classe moyenne nombriliste, européiste.

     

    A bas le PS ! A bas EELV ! A bas le FG !

     

    Puisqu'une haine réciproque s'est installée entre la classe moyenne et les classes populaires, il n'y a plus rien à espérer.

     

    A nous le Néant de la représentation politique.

     

    Que vive la France et la souveraineté démocratique.


    6 commentaires
  •  

    1) Apparition du chômage de masse à partir de 1975 jusqu'à aujourd'hui

    En 1975, le chômage était quasiment inexistant : les 600 000 chômeurs (au sens du BIT) représentaient moins de 3% de la population active. Dès lors, le chômage s'est mis à augmenter sans discontinuer pendant les 13 années qui suivirent. La barre des 2 millions de chômeurs a été franchie pour la première fois en 1984 et le point culminant a été atteint au deuxième trimestre de l'année 1987, avec 9,2% de la population active au chômage (BIT).

    La crise a eu pour élément déclencheur un choc d'offre négatif : l'augmentation des prix de l'énergie s'est répercutée sur les coûts de production, et est venue plomber les taux de marge des entreprises. Du fait de son mauvais état, le tissu industriel français n'a pas été en mesure de répondre aux stimulations répétées de la politique économique menée par les gouvernements successifs. Il faut ajouter que l'ouverture commerciale et la circulation des capitaux - phénomène appelé "mondialisation" - avaient largement limité l'efficacité des politiques de relance.

    En 1983, le gouvernement de gauche, après l'échec des plans de relance, n'avait plus d'autre solution que de mener une politique de l'offre, plus adaptée à cette nouvelle situation. Cependant un choix s'offrait à lui :

    - Soit le gouvernement dévaluait le franc, faisant porter l'effort sur l'ensemble de la population - salariés et rentiers -

    - Soit il menait une politique de désinflation compétitive (dite: "du franc fort") au grand bénéfice de rentiers, faisant porter le coût de l'ajustement sur les seuls salariés.

    C'est cette deuxième option qui fut choisie au moment du tournant de la rigueur de 1983. Le gouvernement eurolibéral de gauche décidait de rester dans le cadre du Système Monétaire Européen (SME), d'imposer la modération salariale, de cibler un faible taux d'inflation, le tout au prix d'un chômage élevé. En 1984, la hausse du chômage s'accéléra encore.   

    Il fallu attendre 1987 pour voir enfin le taux de chômage se stabiliser, puis décroître légèrement jusqu'à 7,8% au premier trimestre 1991. Ce reflux n'a pas été suffisant pour empêcher la France de s'installer durablement dans le chômage de masse. Au cours des 22 années qui suivirent, le taux de chômage n'est descendu qu'une seule fois en dessous du niveau de 1991, pendant un an, au tournant de l'année 2007 / 2008, juste avant la crise de 2008, et avant de remonter à des plus hauts historiques.

     

    - Les données concernant le taux de chômage (BIT) et le nombre de chômeurs (BIT) sont disponibles ici : http://www.insee.fr/fr/indicateurs/ind14/20131205/sl_chomage.xls

    - Les données concernant le nombre de demandeurs d'emploi sont disponibles ici : http://www.lemonde.fr/emploi/article/2013/10/25/ayrault-convaincu-que-la-courbe-du-chomage-va-s-inverser-avant-noel_3502681_1698637.html

    - Pour l'année 2013, il s'agit des chiffres de DE catégorie A connus au 31 novembre et des chiffres de chômeurs (BIT) prévus au 31 novembre. Les chiffres définitifs seront connus le 6 mars 2014 à 07h30 (ici : http://www.insee.fr/fr/themes/indicateur.asp?id=14).

     

    2) L'élévation du chômage à des niveaux records (1992 - 1997)

    Suite à la crise du SME, la hausse du chômage a repris de plus belle. A nouveau, la France faisait le choix de ne pas dévaluer, de s'arrimer au Mark, pour ne pas condamner le projet  de monnaie unique, déjà sur les rails. En 1995, la qualification pour la monnaie unique obligeait le gouvernement eurolibéral de droite à mener un plan de rigueur qui, sur le plan politique, conduisit à la dissolution de l'assemblée nationale, et, sur le plan économique, produisait l'effet que l'on pouvait attendre : dans la foulée du plan de rigueur, tous les indicateurs de chômage ont atteint leur niveau record :

    - Taux de chômage (BIT) : 10,8% au cours de l'année 1997

    - Nombre de chômeurs (BIT) : 2 763 000 au deuxième trimestre

    - Nombre de Demandeurs d'Emploi catégorie A : 3 195 500 au 31 janvier 1997.

    (chiffres pour la France Métropolitaine)

     

    3) La décrue du chômage (1997 - 2002)

    A partir de 1997, l'économie française a profité de deux facteurs favorables :

    - L'Allemagne était entrée dans l'euro avec une monnaie largement surévaluée, dégradant fortement sa compétitivité.

    - Le dynamisme de l'économie américaine, portée par la nouvelle économie, a stimulé l'ensemble de l'économie mondiale.

    La faiblesse de la compétitivité allemande, conjuguée au faible niveau de l'euro par rapport au dollars a profité aux exportations françaises.

    Le miracle eut lieu : de 1997 à 2000, le taux de chômage baissait rapidement et s'établissait à moins de 8% jusqu'à fin 2002. Les circonstances économiques étaient exceptionnellement favorables pour le gouvernement eurolibéral de gauche. Mais les électeurs votèrent avec leurs pieds. Finalement, le parti eurolibéral de droite fut choisi malgré un score déplorable au premier tour de l'élection présidentielle.



    4) Le chômage vaincu : une illusion économique (2002 - 2007) 

    L'explosion de la bulle internet (septembre 2001) met fin à la période faste aux Etats-Unis et menace la croissance mondiale. En 2003, face à la remontée du chômage dans leur pays respectifs, Chirac et Schroeder s'unissent face à Bruxelles pour suspendre le pacte de stabilité et s'autoriser à laisser filer les déficits publics. Cette bouffée d'oxygène viendra soutenir des politiques diamétralement opposées :

    - La gauche allemande conduit entre 2002 et 2005 une politique de l'offre : La diminution drastique du coût du travail (réformes Hartz) permet de gagner en compétitivité sur les partenaires européens prisonniers de l'euro.

    - La droite française prépare l'élection de 2007 par une politique de la demande : les salaires augmentent, les agents résidents s'endettent (ménages, entreprises, Etat). Le taux de chômage plafonne à 9,1% en 2005, puis entame une nouvelle décrue.

    Les mêmes causes produisant les mêmes effets - cette fois-ci en sens inverse - , avec la crise de l'économie américaine et la montée en puissance de l'économie allemande, l'appréciation de l'euro face au dollar s'enclenche de façon vertigineuse. Entre 2002 et 2008, l'euro passe de 0,8 dollar à 1,60 dollar.

    Historique Euro - Dollar US

    Le résultat pour l'économie française est paradoxal. Au premier trimestre 2008, au moment où l'économie française est asphyxiée par un euro qui atteint son plus haut face au dollars, le taux de chômage baisse à 7,1%. Du jamais vu depuis 1983 ! Pour la première fois depuis 1991, le nombre de chômeurs passe même en dessous des 2 millions.

    Dans le même temps, la balance commerciale plonge du fait de la perte de compétitivité de l'économie française :

    La France se désindustrialise à vitesse grand V (perte de 500 000 emplois dans le secteur industriel entre 2002 et 2010), mais personne ne s'en soucie puisque le chômage ne cesse de reculer. Mieux, la France s'enrichit plus vite que l'Allemagne : le revenu par habitant a rattrapé celui de nos voisins teutons. Peu importe si le pays ne produit pas ce qu'il consomme et qu'il s'endette pour cela. C'est la magie de l'euro que d'avoir fait disparaître - pour un temps - "la contrainte extérieure".

     

    5) La marée noire du chômage (2008-2013)

    Tout de suite après le déclenchement de la crise de 2008, le chômage bondit à 9,6% fin 2009. La réaction des pouvoirs publics mondiaux, sous l'égide des Etats-Unis, permet dans un premier temps d'éviter le pire. Un peu partout, le chômage se stabilise. En France, il recule légèrement en 2010.

    Néanmoins, en zone euro, à partir des plans d'austérité menés en 2010, la crise se traduit par un retour en force de la "contrainte extérieure", laquelle appelle aussitôt "la contrainte budgétaire". L'ajustement est d'autant plus violent pour les pays concernés (Grèce, puis Irlande, puis Portugal, puis Espagne, Italie, France) que, sans monnaies nationales, le maniement des taux de change n'est plus possible. L'ajustement se fera au forceps, par les "dévaluations internes". La logique déflationniste est implacable : baisse des salaires, chômage de masse comme au pire des années 30, migrations économiques... avec comme perspective le risque de faillites privées et de banqueroutes publiques en chaîne.

    En France, le chômage enfonce les records historiques. Le nombre de Demandeurs d'Emploi (catégorie A) passe de 2 millions début 2008 à 3 millions mi-2012. Fin septembre 2013, le nombre de Demandeurs d'Emploi atteint le niveau record de 3 295 700. Pour la première fois, en cette fin d'année 2013, le nombre de chômeurs au sens du BIT dépasse lui aussi les 3 millions.

    Malheureusement, contrairement à 1997, il n'est pas à prévoir une baisse soudaine et rapide du chômage. En France la dévaluation interne ne fait que commencer. Au mieux, au cours des prochaines années, le chômage fluctuera à un niveau historiquement élevé, diminuant peut-être légèrement certaines années. Au pire, la déflation s'accélèrera au sein de la zone euro, et alors le cycle dépressionniste s'approfondira. Dans tous les cas, la crise sociale et politique ne manquera pas de s'aggraver.

    La question est : à quel moment la situation sera jugée intolérable, au point de pousser les pays membres à dissoudre - d'une façon ou d'une autre, la zone euro ?    

     

     

     


    votre commentaire
  • Depuis 1983, la stratégie du Parti Socialiste est celle d'un repositionnement à la fois idéologique : de l'anticapitalisme à l'acceptation de l'économie de marché ( Les étapes de la conversion libérale du Parti Socialiste) - et de sa base électorale : des classes populaires aux classes moyennes diplômées (Le Parti Socialiste, l'eurolibéralisme, et le "bloc bourgeois").

    A travers la désignation de François Hollande par la base électorale socialiste comme candidat, puis sa victoire à l'élection présidentielle, s'est exprimé le désir de rompre avec l'héritage marxiste du "vieux socialisme" et de mettre ainsi fin au hiatus de plus en plus insupportable entre les discours et la pratique gouvernementale. Au fond, tout le monde est soulagé. Certains savourent la victoire de la voie social-libérale, tandis que d'autres, à gauche, se félicite que le masque tombe enfin. 

    Lire la suite...


    votre commentaire
  • Partie 1 : Les étapes de la conversion libérale du Parti Socialiste

    Partie 2 : L'introuvable social-démocratie

    Partie 3 : Les origines marxistes du socialisme : Que faire de la démocratie libérale ?

     

    Peut-être que Marx n'en a pas eu conscience, mais plusieurs générations de fidèles ont trouvé, dans le Manifeste Communiste, un nouvel évangile, et même pour certains, une église avec le Parti Communiste et un Pape en la personne de Lénine puis de ses successeurs à la tête de l'Union Soviétique. En effet, c'est l'incroyable force du marxisme que d'avoir sû transformer l'espérance des lendemains qui chantent, en certitude scientifique. Rien de plus puissant qu'une religion qui s'ignore comme telle, et qui s'imagine fondée en rationalité. Trois idées, sous couvert de matérialisme historique, définissent la nouvelle eschatologie marxiste :

    • L'apocalypse : à mesure que se développe le capitalisme, le paupérisme s'accroit et le conflit de classe s'exacerbe, jusqu'à la chute finale.

    • La prophétie : Sous l'action de la lutte des classes, le socialisme va succéder au capitalisme.

    • Le miracle : le socialisme - défini par la socialisation des moyens de production - est une société sans classe. C'est le mot de la fin de l'histoire, pour l'humanité enfin réconciliée avec elle-même.

    Malgré tout, avec l'affaiblissement de la foi, fragilisée notamment par la persistance du fait libéral (la démocratie libérale et le marché), les problèmes inhérents à la doctrine sont apparus clairement, comme en témoignent deux moments d'interrogations ouvertes du marxisme sur lui-même : la crise révisionniste de la fin du 19ème siècle, puis la critique néo-marxiste dans le sillage de la crise générale du socialisme au cours des années 1970. Face à ces difficultés, l'attitude de replis dogmatique n'a pas porté ses fruits. Si beaucoup encore se réclame du marxisme – à commencer par le leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon -, force est de constater qu'il a bel et bien disparu en tant que religion séculière ayant mobilisée les masses. Plus d'un siècle après les derniers écrits de Karl Marx, tâchons de faire la part de ce qui subsiste aujourd'hui, de ce qui s'est éteint dans la doctrine. Une fois la religiosité dissipée, que nous reste-t-il à recueillir en héritage ?

    Lire la suite...


    1 commentaire
  •  

    Partie 1 : Les étapes de la conversion libérale du Parti Socialiste

    Partie 2 : L'introuvable social-démocratie

    Partie 3 : Les origines marxistes du socialisme : Que faire de la démocratie libérale ?

     

    L'expression de Frédéric Lordon : «Parti Socialiste, socialisme parti » résume bien l'évolution constatée à la lecture des cinq déclarations de principes, de la première en 1905 à la dernière en date en 2008. Le reflux du socialisme en tant qu'idéologie est général. Moralement disqualifié pour sa compromisson avec le régime soviétique, le Parti Communiste a électoralement disparu, tandis que l'esprit libertaire de mai 68 a vidé de sa substance la doctrine marxiste- léniniste de l'ancienne extrème gauche trotskiste. Ce n'est qu'à la faveur de la crise récente du capitalisme que le front de gauche, se réclamant de la tradition authentiquement socialiste, a pu engranger des scores significatifs. Au delà du phénomène électoral, il faudait s'interroger sur le contenu doctrinal d'un mouvement pour l'instant davantage dédié à la défense du « modèle social », que capable de tracer des perspectives pour l'avenir.

    Au regard de ces échecs, la question se pose : « peut-on encore se réclamer du socialisme ? ». La réponse est évidente. L'éclipse du Socialisme en tant qu'idéologie dominante, au profit du libéralisme, ne doit pas faire oublier l'influence déterminante qu'il a exercé au moment de la refondation de nos démocraties dans l'immédiat après guerre. Rien n'empêche – rien n'oblige non plus - le socialisme de revenir au premier plan.

    Parmi les raisons du déclin, l'une tient au hiatus entre la doctrine officielle et sa réalisation concrète, « l'Etat social », enfant illégitime du marxisme que celui-ci est réticent à reconnaître. C'est que l'avènement des démocraties sociales en Europe de l'ouest, en même temps que la dérive totalitaire du communisme réel, met en lumière les apories de l'orthodoxie marxiste et force à sa révision.

    Mais, tandis que les uns se sont raidis dans l'orthodoxie, force est de constater que ceux qui se sont engagés sur la voie de la révision doctrinale se sont convertis progressivement, volontairement ou non, au libéralisme. Si, à notre époque, la gauche libérale revendique bel et bien les réalisations passées de l'Etat social, en revanche, elle tend à méconnaitre les principes socialisants qui l'ont inspiré. De fait, la conversion à « l'économie sociale de marché » (Jospin 2002, PS 2008) augure mal de l'avenir. Déjà la gauche gouvernementale reprend à son compte la terminologie en vigueur en Europe. Dans la vision libérale, les « réformes de structure » visent à lutter contre les « rigidités » et les « rentes de situation » en particulier sur le marché du travail. Dis autrement les réformes n'ont d'autres but que de liquider l'héritage des modèles sociaux européens, profitant de « la fenêtre d'opportunité » qu'offre la crise économique.

    Ainsi, l'expérience de la démocratie sociale souffre d'un double déni d'existence : de la part des marxistes qui rejettent en toutes circonstances « l'Etat de Droit bourgeois » et de la part des libéraux, qui, au prix d'une incroyable falsification historique, ne veulent voir dans la réussite économiques des pays européens, que la marque du l'essor du marché et de la mondialisation. L'ironie est que deux doctrines que tout oppose, se retrouvent dans leur tentative de réduire les démocraties sociales à une forme de capitalisme: «capitalisme  monopoliste d'Etat » pour les premiers, «capitalisme régulé » pour les seconds. Avec pour conséquence d'occulter la subversion réelle qu'introduit l'Etat social au sein même du capitalisme.

    Il faut au contraire cultiver la mémoire de ce moment historique fondateur de l'après guerre – véritable miracle démocratique - lorsque les mobilisations populaires massives, relayées par des élites renouvelées par la force des choses, et à l'écoute des revendications sociales, ont rendu possible l'invention de la démocratie sociale. Il est temps de s'inspirer de cette expérience pour régénérer le socialisme et en faire une alternative fondée au libéralisme ambiant. Dans cette perspective, on appellera « social-démocratie », la doctrine qui rend intelligible l'expérience passée (et malgré tout encore présente) de la démocratie sociale, et surtout qui perrmet de dévoiler les voies imaginables de l'émancipation.

    A nos yeux, depuis la conversion du Parti Socialiste au libéralisme, la seule organisation politique qui s'inscrit dans la tradition social-démocrate, que cela soit assumé ou non, est le Front de Gauche. De la tradition au projet, il reste un pas à franchir.

     

     


    3 commentaires
  • Partie 2 : L'introuvable social-démocratie

    Partie 3 : Les origines marxistes du socialisme : Que faire de la démocratie libérale ?

     

    Les 5 déclarations de principes du mouvement socialiste

     

    Si l'histoire du socialisme, en tant qu'idéologie, débute quelque part au milieu du 19ème siècle, les socialistes français voient dans la création, en 1905, de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), l'acte fondateur de leur mouvement politique. Auparavant divisé en de nombreux courants, le mouvement ouvrier se dote d'une organisation unique dont l'orientation doctrinale et les règles institutionnelles sont fixées dans une déclaration de principes

    Pendant plus d'un siècle d'existence, la vieille maison a connu bien des péripéties : des défections et des ralliements, l'exercice du pouvoir et des périodes de disgrâce, des crises et des mutations. Cette histoire agitée n'a pas été sans repositionnements idéologiques, reflêts de l'évolution de la société et de choix politiques stratégiques. A quatre reprises, les militants du parti ont cru nécessaire une réécriture du texte fondamental. Nous nous sommes penchés sur ces cinq déclarations de principes du Parti Socialiste. Pour voir.

    Lire la suite...


    3 commentaires
  • (mise à jour)

     

    "Le redressement de la compétitivité française passe par de profondes réformes. Il (François Hollande) les a esquissées. A lui de les clarifier et de les mettre en oeuvre. Avec fermeté. N'est pas Schröder qui veut"

    Erik Izraelewicz, directeur du Monde

     

    "Les ministres des finances européens étaient réunis en fin de semaine à Chypre au chevet des pays dits du "Club Med" et de l'Irlande. Et tous se sont réjouis des effets bénéfiques des saignées des derniers trimestres. (...) Aujourd'hui, l'Europe entrevoit la fin de la crise, et le patient français fait grise mine. Il est le seul à n'avoir suivi aucun traitement."

    Arnaud Leparmentier, Le Monde

     

    "Sa tâche [François Hollande] est difficile. Il lui revient de convertir la gauche française à la social-démocratie et de lui faire accepter des réformes qu'en d'autres temps on eût qualifiées de libérales."

    La Tribune

    Lire la suite...


    1 commentaire
  • Comme le dit l'économiste allemand Wolfgang Münchau : selon ses compatriotes, "l’économie est un match de football, et c’est l’Allemagne qui gagne". 25 ans après la création du marché commun, 10 ans après l'instauration de la monnaie unique, face à notre envahissant voisin ultra-compétitif, les entreprises françaises ne peuvent plus rivaliser. Notre secteur productif est K.O. Fin du match.

    Dur, dur pour François Hollande d'arriver au pouvoir dans cette situation. Heureusement, il peut compter sur ses fidèles compagnons, Jean-Marc Ayrault en tête, qui tous se creusent grave les méninges pour tirer le pays - et la gauche - de ce mauvais pas. Et vous savez quoi ?! Nous étions au dernier brainstorming du gouvernement. Récit.

    Lire la suite...


    votre commentaire
  • Partie 1 : "le tournant de la rigueur n'a pas trainé" ; Partie 2 : "La stratégie de l'orthodoxie économique : quelle rationalité ?" . Voici donc la troisième partie :

     

    Hormis les épisodes des guerres mondiales, jamais au cours du 20ème siècle, un gouvernement français arrivant au pouvoir n'eu à gérer une situation aussi compliquée, pas même au cours de la crise des années 30 qui frappa moins durement la France que ses partenaires commerciaux (Entre la France exportatrice et l'Allemagne grêvée de dettes, les rôles étaient inversées par rapport à aujourd'hui).

    A droite comme à gauche, il est tentant, en référence à Churchill, d'en appeler à la responsabilité du peuple de France, à son courage devant les nécessaires sacrifices qui sont devant nous, afin de permettre aux pays de relever l'immense défi du redressement national. Toutefois, outre que la situation n'égale en rien l'intensité dramatique de la bataille d'angleterre, elle n'est pas non plus si claire qu'elle l'était pour nos amis anglais, auxquels il ne pouvait échapper que leurs soucis avaient pour origine bien identifiée, un petit homme à la moustache dénommé Adolphe Hitler. Aucun anglais n'a douté un instant que le sacrifice des soldats tombés au combat ne fussent nécessaire pour repousser l'impérialisme germanique, autant on ne sera pas convaincu de la nécessité du million supplémentaire de travailleurs sans emplois - ou plus - généré par la politique d'austérité mise en place par le gouvernement socialiste.

    C'est que l'économie est ce domaine où des recettes foireuses peuvent mener à des résultats absurdes.

    Lire la suite...


    12 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique