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    Voici deux articles d'auteurs allemands de tonalité très eurocritiques. Si l'un, de M. SINN, économiste libéral, argumente très justement que le meilleur moyen pour les pays du sud confronté à la crise, est la sortie de l'euro, le second, publié par le Spiegel, journal de centre gauche, est d'une bêtise effarante, qui est aveugle sur les responsabilité de l'Allemagne dans la crise actuelle. L'euro serait un piège français qui se refermerait maintenant sous la forme d'un chantage des pays du sud voulant faire payer les allemands.

    L'égoïsme exprimé ici fera surtout une victime, l'Allemagne elle-même.


     

    “Jusqu’à ce que les allemands craquent…”, Der Spiegel - Juin 2012. Extrait.

     (...) Pour l’Allemagne, faire partie de l’Union Européenne a toujours comporté un élément de chantage. La France a joué cette carte depuis le début mais à l’heure actuelle, les Espagnols et les Grecs ont la maitrise du jeu. Ils tablent sur le fait que Berlin craquera bien un jour. (...)

    "En effet, en dépit de tous ses appels en faveur d’une solidarité européenne, la plupart des propositions de Hollande consistent à faire payer les autres. Quelqu’un devra forcément prendre en charge tous les programmes sociaux que le gouvernement français est en train de concocter. Et pourquoi pas le pays dont les habitants sont considérés comme particulièrement laborieux et fiables par une majorité de personnes récemment interrogées dans le cadre de ce sondage?

    Les politiques de Hollande dépendent de la volonté des créanciers étrangers de lui prêter les fonds nécessaires mais leur lecture des choses diffère de celle de l’électorat local. Puisqu’ils craignent de ne jamais revoir leur argent, ils demandent des primes de risque plus élevées. Une des voies menant vers du capital frais à moindre coût mène à l’épargne des Allemands – ce qui explique pourquoi le gouvernement français a été si insistant au sujet des Euro-bonds et, plus récemment, au sujet de l’union bancaire.

    Et pourtant, il y a une autre option : demander aux Français de travailler plus. Mais Hollande préférerait éviter d’exiger cela de ses concitoyens."

     Blog d'Olivier Berruyer

     

    Un retrait provisoire de la zone euro !, Hans-Werner Sinn - Février 2012. Extrait.

    "(...) Beaucoup de gens estiment que la restructuration et la mutualisation de la dette constitue la seule solution. Mais cela a déjà été fait. Le nouveau plan de sauvetage accorde 237 milliards d’euros à la Grèce, soit 30% de plus que son revenu national net, 180 milliards d’euros. Mais ce  plan conforte les “mauvais” prix – et de ce fait le manque de compétitivité de l’économie grecque. La dette va réapparaître comme une tumeur, grossissant année après année, et minant la solvabilité des pays stables de la zone euro.

    Si ce scénario se réalise, l’euro finira par s’effondrer. Seule une baisse des prix permettra aux pays en difficulté de redresser leur balance des comptes courants et de rembourser leur dette extérieure. Il est temps que l’Europe se confronte à cette cruelle vérité.

    Les pays en crise qui se refusent à baisser d’eux-mêmes leurs prix devraient se voir offrir la possibilité de quitter temporairement la zone euro pour baisser leurs prix et réduire leur dette. Autrement dit, ils devraient prendre une période sabbatique hors de la zone euro – une proposition soutenue maintenant par l’économiste américain Kenneth Rogoff.

    Une fois l’orage de la crise financière passée, le soleil brillera à nouveau très vite. Les pays créanciers devront faire face à des pertes importantes liées à la restructuration de la dette des pays les plus endettés, mais au bout du compte ils perdront moins que si ces derniers restent dans la zone euro. Car c’est en quittant la zone euro qu’ils parviendront à certaine une prospérité – la seule chance pour leurs créanciers de récupérer un tant soit peu leurs actifs."

     


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  • Philippe Murer fait partie de la bande des intellos eurocritiques dont les plus médiatiques sont Emmanuel Todd et Jacques Sapir. Il s'est amusé à exhumer une tribune d'acteurs politiques et économiques - majoritairement de centre gauche - publiée en 1997 annonçant un avenir radieux à la monnaie unique.

    Ce mois de juin 2012 est précisément celui où, dans les colonnes du Monde, s'exprime clairement, même parmi les défenseurs les plus acharnés du projet eurolibéral, des doutes quant à la pérénité de l'euro. Le raccourci temporel saisissant révèlant a postériori la naiveté et la frivolité des élites gouvernantes.

     

    Euro : le centre gauche prend peur...

     

      "L’euro sera l’un des piliers d’une cohésion nouvelle" (1997)

     

      "Si l’union européenne continue pendant quelques mois à se défaire sous nos yeux, en suivant très exactement les scénarios les plus pessimistes, ici exposés depuis des années, elle n’existera bientôt plus" (2012)

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  • "Je pense que l’administration Obama a cédé devant les pressions politiques et les épouvantails agités par les grandes banques, avec pour conséquence de faire une confusion entre le renflouage des banquiers et de leurs actionnaires et le renflouage des banques mêmes"

    "Cette nouvelle forme de capitalisme, où les pertes sont collectivisées et les gains privatisés, est vouée à l’échec"

    "Ce qui nous amène à l’autre problème posé par ces banques trop importantes pour faire faillite, trop grandes pour être restructurées : elles sont trop puissantes au plan politique."

    "En Amérique, la vénalité est d’un autre niveau. Ce ne sont pas certains juges qui sont achetés, mais les lois elles-mêmes, à travers des campagnes de dons et de lobbying, dans un contexte que l’on a fini par appeler une corruption « à l’américaine"

    "Dans l’Amérique d’aujourd’hui, la noble revendication d’une « justice pour tous » est en train de disparaître au profit d’une plus modeste « justice pour ceux qui peuvent se l’offrir ». Et le nombre de gens qui peuvent se le permettre est en chute libre."


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  • Sur le site okeanews, on peut lire ceci :

    "Après avoir jeté le contenu de son verre d’eau sur une député de Syriza,  Rena Dourou, il a attaqué physiquement (et très violemment) la député communiste L. Kanelli (...) Les journalistes et les techniciens de la chaîne de TV ont réussi à enfermer Kasidiaris dans une pièce, mais il a cassé la porte et s’est enfuit. Il a également été violent envers des journalistes et des techniciens hors caméra." : 

     

    Selon, le site tenu par Philippe Murer :  "La Secrétaire Générale du parti communiste (KKE) est allée chez le ministre et a pose un ultimatum : elle lui laisse 48h pour arrêter de faire semblant de ne pas le retrouver. Après quoi, le KKE va bruler tous les bâtiments du parti nazi a Athènes. Son parti en prend la responsabilité. C’est une erreur grave car cela crée un arrière-fond de guerre civile qui pourrait si les évènements s’aggravaient justifier une intervention de l’armée."

    Deux partis extrémistes en Grèce, le parti nazi et le parti communiste, menacent d'allumer l'étincelle de la violence. Fort heureusement, Syrisa, le parti de la gauche radicale en tête dans les sondages, semble se tenir à l'écart de ces dérapages.


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  • “A Bruxelles, certains gardent toujours une valise près de la porte, au cas où. Si la prime* [de risque] augmente trop dans un pays à cause des frictions financières, ils attrapent leurs bagages, sautent dans un avion et viennent à sa rescousse”,  écrit l’éditorialiste Ignacio Camacho dans ABC à propos des fonctionnaires que la Commission Européenne dépêche dans les pays qui, comme l’Irlande, la Grèce ou le Portugal, sont soumis à un plan de sauvetage. Une hypothèse que le gouvernement de Madrid, alors que le pays est en proie à une grave crise bancaire, réfute pour le moment. Pour Camacho, ces mesures sont qualifiées de plan de sauvetage, mais en réalité, elles relèvent plus d’un détournement : la souveraineté du pays en difficulté est prise en otage et la nation subit un traitement de choc jusqu’à ce que ladite prime diminue. Ce sont les hommes en noir, les “Men in Black”, les émissaires de la terrible troïka communautaire, les commissaires qu’Angela Merkel envoie pour imposer ses mesures inflexibles de discipline budgétaire. C’est une brigade sans pitié dont la présence sème la panique au sein des gouvernements lorsque la situation commence à ressembler à celle que traverse actuellement l’Espagne.

    A cause d’eux, l’éventualité d’un sauvetage – il ne s’agit jamais d’une option, même si ça y ressemble officiellement – finit par être complètement contre-indiquée. En théorie, cela pourrait être une solution d’urgence raisonnable en cas de blocage : faire appel à des personnes n’étant pas impliquées dans les conflits d’intérêts nationaux, capables d’appliquer des mesures catégoriques sans prendre de risques politiques ou électoraux. Le genre à ne pas hésiter face à la broutille que sont les communautés autonomes [les Régions espagnoles] et à ne pas se laisser impressionner par la filiation des dirigeants des caisses en difficulté. Des professionnels de la propreté, aussi froids que Winston Wolf dans Pulp Fiction. C’est peut-être ce dont a besoin un pays paralysé par l’échec institutionnel et un enchevêtrement de nœuds indémêlables. Mais le manuel qui dicte leur conduite est implacable et inflexible, réfractaire aux nuances et guidé par une logique purement comptable : tout commence par les retraites et les allocations-chômage, puis c’est au tour des impôts et des salaires des fonctionnaires, pour finir avec la vente de tout le patrimoine susceptible d’être acheté.

    A la fin de leur mission, les hommes en noir laissent l’économie en ruine et le monde politique dévasté, et ils repartent bras dessus, bras dessous avec la prime de risque, en dépoussiérant leurs chaussures. Ils sont peut-être capables de nettoyer un pays qui s’effondre, mais s’il existe une quelconque chance de le récupérer, ils l’enterrent sous les décombres. Si les hommes en noir débarquent à Madrid, l’Espagne perdra toute confiance en elle pendant des années, et tout ce qu’elle a fait jusqu’à présent n’aura servi à rien. La consigne [du Premier ministre] Mariano Rajoy est de résister, de gagner du temps, de s’accrocher au grand mât pour voir si la tempête passe. A deux semaines des élections cruciales qui doivent avoir lieu en Grèce, se rendre n’a aucun sens, même si l’horizon a l’air menaçant. Ce qu’il faut, c’est pouvoir résister à la pression : la donnée inconnue, c’est le temps qu’il reste avant que les "Men in Black" ne débarquent avec leurs sinistres bagages."

    Dans Presseurope


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  • Joseph Stiglitz, le prix Nobel d'économie 2001, revendique l'héritage de Keynes, l'illustre économiste contemporain de la Grande Dépression des années 30.

    Il est un critique de longue date de la mondialisation, considérant qu'elle est la cause de déséquilibres inquiétants - au premier rang desquels l'accroissement inexorable des inégalités de revenus et de patrimoine.

    Dès 2006, préssentant l'essouflement de la mondialisation, il annonce la rupture qu'il voit venir  :

    "Reste à savoir si le changement sera la conséquence inéluctable d’une crise, ou le fruit mûrement réfléchi d’un débat démocratique". 

    "Les économistes, par opposition à ceux qui vivent de la spéculation boursière, ne prétendent pas être capables de prédire quand le jour du Jugement viendra, et encore moins d’identifier l’évènement qui fera tomber le château de cartes. Toutefois, il s’agit de schémas systématiques, dont les conséquences se déroulent graduellement, et douloureusement, avec le temps."

     

    L'année suivante, il assiste au spectacle de l'éclatement de la bulle immobilière : 

    "La consommation débridée nord-américaine et son incapacité à vivre selon ses moyens est la principale cause de ce déséquilibre".

     

    Il espère que la crise sonnera le glas du néolibéralisme : 

    "ce fourre-tout d'idées basées sur la notion fondamentaliste que les marchés seraient auto-correcteurs, qu'ils distribuent efficacement les ressources et servent l'intérêt général (...) une doctrine politique au service d'intérêts privés, qui ne repose pas sur une théorie économique".


    Mais derrière l'aggionamento idéologique nécessaire, c'est "capitalisme occidental" inégalitaire et inefficace qui doit être réformé :

    "Même à son apogée, entre le début des années 1980 et 2007, le capitalisme américain orienté vers la dérégulation n'a permis qu'à une poignée de gens, les plus fortunés du pays le plus riche de la planète, de s'enrichir encore davantage. En réalité, durant les 30 ans de montée en puissance de cette idéologie, année après année, le revenu de la grande majorité des Américains a stagné ou baissé." (2011)


    Voir les articles ci dessous

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    "Le 17 juin pourtant, les Grecs seront confrontés à un véritable choix". A en croire Slavoj Zizek, le célèbre philosophe communiste, l'enjeu du scrutin à venir est de savoir si oui ou non, l'Europe acceptera qu'une "technocratie dépolitisée (de) banquiers et autres experts" puissent "s’affranchir de la démocratie". En somme, la démocratie, la Grèce, berceau de la démocratie, pourrait être son tombeau.

    "Democraty versus the Eurozone", confirme Daniel Gros, économiste orthodoxe allemand, c'est le choix auquel sont confrontés les peuples européens. Et de fait, l'expérience récente montre que ni les Grecs, ni les Espagnols, ni les Français ne sont prêts à aliéner leur souveraineté au profit de Bruxelles.

    On pourrait objecter à ces deux auteurs, comme ne manquerait pas de le faire un eurofédéraliste français, que la démocratie n'est pas abolie, loin de là, puisqu'il s'agit de transférer la souveraineté au niveau européen.

    Au delà des principes institutionnels, ce qui fait problème au sein de la zone monétaire commune, c'est la collusion des intérêts financiers et de la gouvernance européenne. Si l'Europe vacille, c'est qu'elle est identifiée de plus en plus, à raison, au pouvoir tutélaire des créanciers, qui imposent l'austérité aux peuples. L'europhile Daniel Gros constaste que "le message des élections grecques et françaises, c'est que la tentative d'imposer une dictature bienveillante des créanciers doit faire face à la révolte des débiteurs". Pour Zizek, en refusant dans le même geste le diktat de Bruxelles et le pouvoir des banques, "c’est à l’Europe elle-même que nous portons secours."


    "Les plans de sauvetage" sont le pêché originel de l'eurozone, parce qu'ils ont placé les institutions européennes en position de créancières, aux côtés d'intérêts financiers, et vis-à-vis des peuples en difficulté. La confrontation - et le divorce - est inéluctable. D'autres solutions auraient dû être envisagées, comme celle de la hausse de l'inflation (Kenneth Rogoff, Professor of Economics at Harvard University) afin de détruire la dette, ou bien celle de Patrick Artus, qui après deux ans d'erreurs, en vient enfin - mais trop tard - à préconiser une annulation partielle des dettes souveraines, reconnaissant en outre qu'en période de crise, l'euro est très coûteux en termes de chômage.


    Voir les quatres textes ci dessous :

     

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