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Quelles réponses à la crise zone euro ?
La crise de la dette a mis en lumière les fragilités institutionnelles de la zone euro, constituée d'économies hétérogènes. A en croire des économistes de plus en plus nombreux, les dirigeants européens sont confrontés à une crise mettant en jeu la survie même de la monnaie unique. Alors que le débat sur l'avenir de l'euro fait rage, Et Pendant ce temps là se propose de classifier les différentes stratégies élaborées en matière de reconstruction monétaire, financière et économique.
La stratégie austéritaire (1) adoptée depuis 3 ans par le couple Merkozy consiste à combiner mutualisation rampante des dettes et purges budgétaires au prétexte de rassurer ainsi les marchés. Les plans sauvetages, présentés comme des éléments de solidarité arrachés à chancelière allemande reviennent en réalité à sauver le système bancaire européen. Dans cette vision allemande de l'Europe, les appels au "fédéralisme", doivent être compris comme la mise en place de traités cadres contraignants les politiques nationales. Si l'intervention a minima de la BCE permet de maintenir en vie l'eurosystème, en revanche, le constat unanime est que l'économie s'enfonce irrémédiablement dans un cycle vicieux dépressionniste. A gauche comme à droite, beaucoup pressent les pays du nord de changer rapidement de stratégie.
Une première option, défendue par les keynésiens représentés par le gouvernenement socialiste en France, reviendrait à prolonger le compromis néolibéral antérieur, par "une politique de croissance européenne"(2). Une solidarité financière plus forte entre Etats membres, à travers par exemple un rôle accrue de la BCE (ou encore la mise en place d'une union bancaire, l'activation du MES, les eurobonds...) permettrait de dessérer la contrainte financière sur les Etats et de remettre à plus tard la réduction de la dette. Cette stratégie serait le fruit d'un double compromis extrêmement instable : entre pays du nord et pays du Sud à propos du niveau de transfert financier, et entre classes sociales concernant le seuil du chômage socialement acceptable. Cette voie est considérée comme celle menant à terme vers l'Europe fédérale, synonyme d'union de transfert (3). A ce stade, les institutions sont supposées garantir développement économique optimal et plein emploi.
Mais face au refus prévisible des pays du Nord de payer pour ceux du Sud, une seconde option, défendue par une alliance étonnante entre des économistes libéraux et une gauche plus radicale, serait d'enfin affronter le pouvoir de la finance. La dette ayant atteint des niveaux insupportables, il faut sanctionner les prêteurs irresponsables et libérer l'économie européenne de ce fardeau, par l'annulation partielle des dettes souveraines (4).
Enfin, le dernier cas de figure, envisagé par un nombre de plus en plus grand d'économistes, est la désintégration de l'euro (5). Certains la souhaitent et demandent la dissolution ordonnée (6) de la zone, d'autres la redoutent tout en constatant que l'austérité et l'indécision de nos dirigeants quant à l'avenir de la zone, y mènent tout droit.
1. L'europe allemande - l'austérité à perpétuité
Commentaire critique de Ulrich Beck : "Cet avenir, qui germe dans le laboratoire du sauvetage de l'euro, dont il est pour ainsi dire un effet secondaire intentionnel, ressemble effectivement, j'ose à peine le dire, à une variante européenne tardive de l'Union soviétique" Commentaire critique de Georges Soros : "Le pouvoir impérial peut amener de grands bénéfices, mais il doit être mérité en se préoccupant de ceux qui vivent sous son joug" Commentaire critique de Wolfgang Münchau : "Dans la vision allemande de la situation, l’économie est un match de football, et c’est l’Allemagne qui gagne."
2. L'appel à la croissance européenne
Martin Wolf : "Si les pays doivent subir de longues années de dépression et de déflation par la dette, l'euro risque de se transformer en symbole honni de l'appauvrissement" 4. Annuler les dettes pour sauver l'Euro
Christian Saint-Etienne: "La Fin de l'Euro" Kenneth Rogoff : "L’euro pourrait ne pas passer le cap même de cette décennie." Paul Krugman : "l'Europe se porterait sans doute mieux s'il s'écroulait plutôt aujourd'hui que demain." Nouriel Roubini : "Plus de pays de la zone euro seront forcés de restructurer leurs dettes et par la suite certains décideront de sortir l'union monétaire" Joseph Stiglitz : "Si l'euro survit, ce sera au prix d'une vague de chômage et d'énormes souffrances" Bonus : L'orientation néolibérale de la construction européenne